Interview Vrais Savent : Dirty Zoo
InterviewsDes années que leurs fans attendent un premier album, près de cinq ans sans une seule sortie, cette année le Dirty Zoo est enfin de retour. Après trois EPs dont le dernier paru en 2016, ils dévoilent leur premier album Futurs Anciens. Toujours auteurs d'un rap à contre-courant, sur des productions éclectiques allant de Drum'n'bass au Ska/Reggae en passant par du piano des années 30, sur un fond toujours authentique, teinté d'alcool et d'une vie simple de trentenaires. 2ksee, Namko et Biga (trois des cinq membres) ont discuté avec nous de leur rapport à la musique, leur évolution vers ce nouveau disque, leurs références au cinéma, à La Grande Vadrouille, à Jason Chicandier ou encore à Dragon Ball Z.
Votre dernier projet date de 2016, à cette époque-là vous étiez beaucoup plus présents dans le paysage rap, et puis il y a eu cette longue pause de plus ou moins 5 ans sans donner de nouvelles. Quelle est la raison qui fait que vous vous soyez retiré pendant si longtemps et que vous ne soyez revenu que maintenant ?
2ksee : Déjà pour commencer, c’est parce qu’on est d’une productivité hors pair ! J’pense que c’est la première réponse à t’offrir. Et non, on a voulu prendre de temps pour faire l’album. On a quand même des influences musicales diverses et variées et ça doit se ressentir sur l’album. On a voulu prendre le temps pour faire quelque chose de bien qui nous reflétait et qui nous plaisait aussi.
Namko : Et puis on a pas mal fait de concert sur cette période. On n’était pas actif mais on avait un peu privilégié la scène, et voilà mêlé avec une productivité excellente…
Biga : Plus le fait qu’on a chacun un taf à côté, ça aide pas.
2ksee : Forcément on a des plannings différents, mais la passion reste toujours la même. On reste toujours ancré là-dedans, dans cette musique qui est un peu la nôtre.
Dans les années 2010 vous aviez sorti plusieurs EPs. À quel moment vous vous êtes dit, « quand on revient, on revient direct avec un album » ? Plutôt qu’un potentiel petit EP pour préparer le retour avant de sortir la grosse machine.
B : On s’est mis directement après le 3e EP dans cette logique de création d’album. On s’est dit, vu qu’on en avait fait trois, l’étape d’après c’était l’album, plutôt qu’un autre EP. Et c’est ça qui a pris un peu plus de temps que prévu, plus une année covid qu’on s’est pris en bonus. Donc en fait, on était dans la création de l’album dès la sortie du 3e EP en 2016. C’est juste que ça a été plus long à produire, parce qu’on s’est attelé à faire le truc bien.
2 : Dans le schéma artistique tu es content aussi en tant qu’artiste d’écrire un truc en te disant que t’as un produit fini qui va être l’album. Et puis on voulait être dans une recherche de quelque chose qu’on aime. On voulait être content du produit fini, donc forcément ça prend du temps.
Un élément important de votre musique, qui était déjà présent sur les précédents projets, c’est l’éclectisme musical. Ici avec quasiment le double de morceau d’un EP on le ressent d’autant plus, mais vous avez vraiment de tout. Du gros rock, des prods plutôt typées reggae, des sons à la Smokey Joe & The Kid, du piano des années 30, de l’électro qui sonne années 2010 et même de la G-Funk. Pourquoi vous multipliez autant les styles ?
2 : Je pense qu’on s’est pas mis de barrières du tout. On n’avait pas envie de se mettre dans un thème musical qu’aurait pu être le fil conducteur de l’album. On a préféré prendre des prods qu’ont pas spécialement de rapport les unes avec les autres, mais par contre on s’y retrouve au niveau des couleurs et au moins on arrive à écrire sur quelque chose qui nous plaît.
Vous les choisissez comment les prods ? C’est dans cette optique de proposer toujours quelque chose de nouveau ou c’est seulement à la vibe ?
2 : Je crois pas qu’on ait accès spécialement de prods en disant “on veut telle couleur musicale dessus”. C’est plus au coup de cœur. On a écouté pas mal de trucs et tout ce qui nous a paru logique et qui nous intéressait musicalement on s’est dit vas-y on prend.
N : Ce qui est drôle justement là-dessus c’est que même dans le fil de la création de cet album, c’est après coup qu’on s’est rendu compte que c’était à ce point éclectique. Au début c’était un peu une frayeur en se demandant si on allait perdre les gens, et au final on s’est dit non c’est vraiment ce qu’on kiff. Y en a pour tout le monde et ça montre aussi le panel de nos influences. On l’assume, c’est cool et c’est comme ça.
Et de toute façon ça se ressentait déjà un peu avant. Donc c’est juste plus ou moins la suite logique d’avoir autant d’influences sur le disque.
2 : Ouais, là on retrouve un peu tout ce qu’on écoute sur les prods. Et ça se reflète dans les morceaux qu’on a choisis.
Et ça vous inspire les thèmes des morceaux au passage ? Ou ça vient différemment ?
N : Non dans le processus dès qu’on a une base de prod en fait on va vraiment axer la thématique sur la couleur de l’instrumental. Après on parle entre nous; ça se fait naturellement en fait. Il y a pas vraiment de prise de tête.
2 : En écoutant les prods ça nous influence et on part vraiment là-dessus. On sait tout de suite si ça va matcher. Si on est tous d’accord ça se voit dès qu’y a un truc qui sort, on se regarde, on se dit “ça ça va être chanmé” et on le sent quasiment tout de suite.
D’ailleurs comment vous arrivez à concentrer vos idées sur des thèmes précis alors que vous êtes 4 ? Vous faites des concessions dans votre écriture ? Ou vous laissez chacun être libre de son point de vue sur tel ou tel sujet ?
N : C’est ça, c’est des petits débats. On en parle et puis, c’est vrai qu’on n’est pas toujours d’accord mais naturellement on arrive à un accord commun. Et une fois qu’on a trouvé cette base de thématique, chacun va écrire de son côté. Et après on remet tout en commun.
2 : Mais le débat il est surtout sur le thème. Après chacun écrit de son côté et amène la chose de la manière qu’il veut. Comme on a tous une vision un peu différente de voir comment le thème peut être abordé, c’est ça qui est intéressant.
En parlant des thèmes, encore une fois on retrouve un peu ce qu’on retrouvait déjà avant, avec peut-être légèrement plus de revendications. Le sujet de l’alcool est encore bien présent par exemple, et vous avez une façon de rapper qui s’adresse à un certain public, loin du rap qu’on peut entendre partout actuellement. C’est sans doute dans votre ADN et c’est clairement pour ça que ça donne ça, mais comment vous vivez cette place un peu particulière que vous pouvez avoir dans le milieu ?
2 : C’est une force et en même temps c’est un peu une faiblesse parce qu’on est sur un créneau musical qui bien évidemment va pas plaire à tout le monde, on le sait très bien. Mais nous on kiff ce qu’on fait, on continue à avancer là-dessus. C’est vrai que c’est le sujet de fond. On est tous accès là-dessus, la picole ça fait partie aussi de la manière dont on vit, donc forcément on le partage aussi dans l’écriture.
B : C’est vrai que c’est un peu ambigu parce qu’à la fois, nous on aime ce qu’on fait et on se dirige là-dedans, on voit bien qu’on n’est pas dans la pure tendance de ce qui se fait aujourd’hui même si on cherche pas forcément à vouloir l’être, parce qu’on essaye de rester vrai dans ce qu’on fait et dans ce qu’on kiff. On se demande si parfois ça peut un peu plus poper dans les médias. On y croit peu parce que ça devient peut-être un truc de niche et qu’on cultive notre public ou quoi ça je sais pas.
Mais en même temps ce qui est intéressant avec le public de niche, c’est que c’est un public fidèle. Les gens qui vous suivent doivent le faire depuis longtemps. On sent que c’est votre ADN donc le public doit vous suivre d’une manière plus “intense”.
B : Finalement je pense aussi qu’on fait vachement ça pour eux et pour nous. Ceux qui sont là, bah écoute c’est cool et puis tant pis on veut pas être forcément dans un truc mainstream. Je trouve qu’on s’y retrouvera même pas de toute façon.
De toute façon quand tu fais n’importe quel art de manière générale, il faut que ça partes de toi et donc si tu commences à à copier des trucs juste pour ressembler à ce que la masse fait...
2 : Et puis de toute façon ça commence à se ressentir au bout d’un moment. Les gens qui ont un peu de pif le ressentent tout de suite. T’as toujours des trucs qui éclatent où les gens se rendent compte que t’es pas vraiment ce que tu prétends être. Alors que nous rap de trentenaires alcooliques bah c’est ce qu’on est !
Mais d’ailleurs c’est une place qu’on peut aussi attribuer au seul featuring rap du disque, Gérard Baste. Qui en terme de morceaux sur l’alcool, en France… Personne n’a dû en faire autant. Comment s’est faite concrètement la connexion ?
2 : C’était au Pub ADK dans le 77 la première fois qu’on a joué avec lui.
B : Après on l’a écouté étant plus jeune, ça commence par là. Et effectivement on a joué avec lui, ça doit remonter à y a 7 ans à peu près. Après, on l’a recroisé aussi au New Morning. On s’est fait placer dans une soirée hip-hop que lançait en fait la programmatrice. Et on a commencé ces soirées hip-hop avec ce plateau-là de mémoire. “Forcément” on s’est bien entendu, on a des points communs quoi. Après ils nous ont appelés pour faire la première partie de l’Olympia de Svinkels, ça c’était vraiment cool.
N : Mais de base lui il avait déjà entendu parler de nous. Il nous connaissait, il nous aimait bien. Tout au long de ces années on a joué ensemble. On s’est croisé, on est devenus potes. Et à chaque fois on se disait ce serait bien de faire un morceau ensemble. Et voilà, là c’était la bonne occasion pour l’album donc ça s’est fait comme ça, petit à petit.
2 : Et on avait la chance d’écouter les Svinks depuis pas mal de temps. C’est une influence musicale, ça doit se ressentir dans pas mal de trucs. Nous on suivait le groupe, lui je pense que ça lui a plu parce que comme tu disais c’est une niche un peu particulière. C’est vrai que l’alcool… Lui tu lui parles d’alcool il est content aussi donc on a pu le convaincre facilement.
D’autant que les Svinkels sont de retour aussi en ce moment, donc ça va créer une bonne émulation à ce niveau-là aussi.
Autrement l’album doit beaucoup à S.O.A.P. qui est à la prod de beaucoup de titres et aux arrangements et mix de quasiment tous les morceaux. Il a eu quelle importance dans la confection du disque ?
2 : C’est le Directeur Artistique quoi. C’est celui qui fait la réalisation.
B : Et en fait il a apporté une touche. C’est vrai que c’était ce truc cool. On avait sorti des EP où ça rap, ça kick, mais lui il a apporté la touche musicale. Parce qu’il peut composer autour. Au travers d’arrangements quand c’est pas ses propres prod, et sinon composer réellement quand c’est les siennes. Mais voilà, tout ce truc un peu d’aération, des fois de pont, de refrain, de trucs un petit peu plus musical, ça c’est une grosse grosse valeur ajoutée qui est cool. C’est pas juste un assemblage de couplets sur une prod un peu linéaire.
2 : Il rajoute un peu de cuivre ou quoi, t’as toujours la sensation que c’est un peu plus bossé, que c’est beaucoup plus musical, et que ça pourrait presque se faire en live avec des zikos.
On sent que ce sont des morceaux propres et pas juste des freestyles.
2 : En fait nous de notre point de vue on trouve ça plus abouti. Il y a quelque chose d’autre que ce côté rap basique sur une instru.
Et le fait qu’il soit sur tout l’album ça se ressent aussi dans l’ADN. Même si les prods sont parfois un peu opposées, au final il y a une substance qui les rattache.
2 : Il a eu un rôle de ouf. Franchement il a fait un taf de malade, et je pense que ça permet aussi de pousser l’album. La qualité de ce qu’on propose en sortie, qui pour moi est bien plus haute que tout ce qu’on a fait avant. Même si je kiffe toujours ce qu’on a fait avant
B : Mais on est potes aussi. On s’entend bien, on a un humour où on se retrouve vraiment, on peut se taper des barres. Donc je pense que ça a aussi permis de créer des petites émulsions en studio et qu’on aille dans la même direction
2 : Et il est force de proposition. On lui a pas mis de bâtons dans les roues. Il avait le droit de proposer plein de trucs, et majoritairement tout ce qu’il a proposé c’était des trucs qui était chanmés et qui marchent vraiment bien.
Donc vous l’avez laissé assez libre sur le rendu final.
2 : Comme c’est lui qui bossait sur pas mal de prod, même pour lui, pour axer les arrangements musicaux, il a déjà une couleur et une idée de ce qu’il pouvait amener. Donc ça peut être aussi agréable, j’espère, pour lui.
Avant qu’on parle plus amplement des références, revenons sur le premier extrait de l’album, La Moula. Pourquoi avoir choisi ce titre-là en particulier pour votre retour ?
N : Il y a pas de calcul en fait. Nous c’était au ressenti. On trouvait déjà que, dans la couleur de la prod, c’est entre l’ancien et le nouveau, ça tabasse bien. La thématique on la trouvait marrante. Parce qu’en fait dans le rap actuel y a toujours cette glorification permanente de l’argent, ce côté super capitaliste qu’est grave relou. Et c’était un peu prendre la thématique à contre-pied. Parce qu’à première vue, tu vois « Dirty Zoo – La Moula », tu te dis, ils vont encore nous faire le coup du “money money money”. Et en fait non, nous justement ce qu’on essaie de dire, c’est qu’on vit avec presque rien et on le représente franchement quoi.
Ça pose les bases. Même si la majorité du public qui a écouté doit être un public qui vous connaissait déjà, ça permet de restituer directement qui vous êtes et où vous allez.
2 : Exactement, et t’as aussi une couleur sur le clip. Si tu regardes toutes nos vidéos, sans dénigrer ce qu’on a fait avant, là, on est sur un autre niveau. Ces mecs-là ont été force de proposition de ouf.
Justement qui a voulu faire ce « plan séquence » ? Et qui a voulu que ça parte autant dans tous les sens ?
B : C’est vraiment David et Nico qui sont les deux associés de Tease Production, et plutôt Nico qui est la DA, scripte, au niveau des idées. Mais grosso merdo c’est eux deux. Nous on leur a laissé vraiment carte blanche sur le script. Quand on est arrivé vers eux, il y avait un peu cette idée de “on a envie de taper un step en terme de clip” ça allait dans la cohérence avec l’idée de l’album et tout ça. Donc eux étaient un peu chauds. Sur le budget c’est clair que c’était tendu mais ils se sont dit, si on accepte de partir avec eux là-dessus, nous on préfère avoir carte blanche, pour laisser libre choix à notre truc. Sûrement aussi pour pas se retrouver dans un délire ou en fait tu proposes des choses et les mecs en face ils disent « non moi je veux plutôt ça » et en fait c’est relou total. Nous on trouvait ça cool d’être dans un vrai truc de collab. Comme on l’a fait par exemple sur la pochette, on a laissé carte blanche à Yann Lazoo. On se dit qu’à un moment les mecs c’est leurs métiers, ils sont artistes aussi, ils ont leur vision. Donc faites votre truc, amenez votre patte. Et c’est cool en fait parce que justement ils l’ont fait remarquablement bien.
2 : Et à mon avis c’est même plus facile pour eux de se dire « on a carte blanche« . Plutôt que de refaire des retours à chaque fois. D’ailleurs quand ils nous ont envoyé le script on s’est dit « c’est chanmé« .
B : C’était déjà barré au départ, la première version du clip a pas pu se faire, la deuxième version était super bien aussi. Donc c’est cool ils ont bien compris l’essence du truc et c’est vraiment drôle quoi.
Et tu sens qu’il y a une vraie recherche et envie de faire les choses.
B : Ouais, triper sur les écureuils, le délire jeux vidéo et tout. Les mecs se sont un peu triturés, mais de bonne façon. Je pense que c’est venu tout seul.
2 : Et ils avaient pas de carte de visite sur des clips de rap. Ils en avaient jamais fait, ils avaient pas amené ça de cette manière-là. Donc même pour eux, j’espère en tout cas, ça a été épanouissant. Et qu’ils ont pu faire un truc en se disant “on a carte blanche, on est sur du peura, on peut être un peu déluré”. Et ça a super bien collé en tout cas. C’est un peu changeant de ce qui se fait. Il y a beaucoup d’artistes hyper connus qui font des clips qui coûtent une blinde et je trouve pas spécialement, à part que l’image soit très belle, qu’y ai une grosse recherche dans ce qu’il y a derrière. Sans dénigrer leur boulot. Mais là y a tout un concept derrière, c’est un peu barré, enfin y a quelque chose qui me plaît vachement dans ce qu’ils ont fait.
Il y a une recherche qui est autre que simplement mettre en image la musique.
B : Juste pour terminer avec eux. On a refait un clip qui va sortir demain (interview faite lundi 14 mai). Et c’est cool parce que pareil, ils ont été chauds de retravailler avec nous, malgré notre budget. Ils se sont donné autant à fond si ce n’est plus. On est très content du rendu surtout que c’est le morceau avec Gégé, c’est cool de pouvoir clipper ce titre.
Et pour la Moula, il y a donc des bornes d’arcades et beaucoup de rapports aux jeux vidéo dans le clip. Vous, vous faites énormément de références de manière générale, mais au final la seule qui s’apparente aux jeux vidéo (à Pokémon), dans cet album, c’est Namko qui dit “Salamèche crache des fire balls” donc on est loin de l’ambiance Borne d’arcade. Du coup d’où est venu cet aspect-là dans le clip ?
B : Alors tous les membres sont portés jeux vidéo mais Namko non ! Si c’est lui qui fait la seule ref c’est vraiment pas le plus concerné.
2 : Si, il a quand même la Super Nintendo chez lui ! Mais pour le clip, en fait, le lieu qu’on avait c’était un château mais qui se vendait “château geek”. C’est-à-dire que d’extérieur et d’intérieur tu as la beauté d’un château j’ai envie de dire, mais pour pas être emmerdé par la population de châtelains qui louent ce genre de truc et qui sont un peu exigeant, le proprio a foutu plein de bornes d’arcade. Et ça c’était son concept et sa manière à lui de décorer.
B : Et je pense que pour les réalisateurs c’était le lien entre le scénar un peu barré et le côté un peu fiction, jeu vidéo, mine de rien. À mon avis ils ont dû aller chercher un peu là-dedans, entre qu’ils avaient à disposition sur le lieu et pouvoir lier tout ça avec le script.
2 : Et puis ils en ont profité pour mettre un clin d’œil. Sur la borne d’arcade, tu as Monsieur Moula l’écureuil, et t’as la gueule de Gérard.
Surtout qu’à ce moment-là le feat n’étais pas encore annoncé ! Donc ça fait easter eggs.
N : On l’avait pas annoncé mais eux savaient qu’on allait le faire. D’ailleurs au moment du clip le morceau était même pas fait. Mais surtout ils savaient même pas encore qu’on allait faire ce deuxième clip, avec Gégé, avec eux.
2 : Ils ont bien fait de la mettre dedans. C’est comme s’il y avait un suivi entre les deux et qu’on avait déjà prémédité le truc de le mettre dedans. On peut dire qu’on avait anticipé, un boulot de professionnel.
Là vous n’êtes que deux sur les quatre rappeurs, mais est-ce que les références que vous faites dans vos textes sont communes au groupe ? Où tout le monde va comprendre et connaître de quoi vous parlez. Ou au contraire vous faites vos textes et vous voyez comment ça prend ensuite avec les autres membres du groupe ?
N : Généralement en fait, quand on est tous ensemble, on trip sur beaucoup de choses. Ambiance d’un groupe quoi. Donc on a nos privates jokes, nos références, que ce soit dans le cinéma, dans la politique…
2 : Après chacun fait à sa façon. Par exemple pour Namko, il y a des gens qui sont plus cultivés que d’autres. Moi par exemple je suis pas du tout politique, histoire… Et tu as des références que Namko a pu écrire que moi par exemple je capte pas tout de suite mais à force de réécouter tu fais “ah oui d’accord c’était ça”. Mais c’est dans son écriture qui est propre à lui et c’est ses références qui sont propres à lui aussi. C’est pas que des trucs qu’on a tout le temps en commun.
Oui on sent qu’il y a les références qui appartiennent à tous et vos références propres. Mais est-ce que, de manière individuelle, il y a un type de référence qui vous touche plus que les autres ?
2 : Moi j’kiff tout ce qui est jeux vidéo, films, tout ça. Donc ça, ça va me parler de ouf. C’est mon quotidien, j’adore regarder… Même des nanards, je regarde des belles merdes ! Beaucoup de cinéma français aussi. On a appelé un titre La Grande Vadrouille avec Namko parce qu’on s’estime être un peu les De Funès et Bourvil. En tout cas ça fait partie des références qui viennent plus facilement à l’esprit quand j’écris.
N : Moi c’est pas un calcul en fait j’me nourris de tout ce qui est autour de moi et tout ce qui est quotidien. Ça peut être les informations, de la géopolitique, beaucoup d’actualité en fait, je me nourris vachement de ça.
En parlant de La Grande Vadrouille, dans l’album il y a ce titre, et aussi Rock’n Rolla ou 88 Miles. Est ce qu’il y a des œuvres comme ça qui vous touchent tous ? Où vous vous retrouvez vraiment tous autour.
N : Retour vers le futur ! Et tous les films des années 90 cainris qui on fait un peu notre enfance et notre adolescence. Après 2ksee et moi on va être plus dans tout ce qui est film des années 60-70 en comédie française.
D’où le Bourvil de Funès.
2 : Et pour rejoindre ce que disait Namko, c’est des trucs qui sont ancrés dans la vie de tous les jours. Des fois on peut s’envoyer des messages vocaux en disant “mes souliers, mon vélo”. Juste une connerie, une phrase qui arrive, tu sais pas pourquoi, elle déboule, tu la reçois, très bien. C’est du comique de répétition des années des et années qu’on traîne ensemble. On se côtoie depuis le lycée. Des fois on s’envoie des phrases qui reviennent depuis des années. C’est souvent des références sur des films. Ou des petits trucs genre Jason Chicandier, Ragnar Lebreton. En ce moment on est là-dessus. C’est des mecs qui font des petites vidéos à la con, qui buzzent comme ça sur un coup de tête parce que c’est débile et que ça fait marrer les gens. Même si la globalité est pas géniale, t(as toujours une ou deux références qui sont exceptionnelles. On pourrait mettre des références un peu plus intelligentes mais c’est vrai que quand on te parle de Ragnard et Chicandier tu dois te dire qu’on forme quand même une belle équipe.
Il y a une autre référence qui revient chez quasiment chacun d’entre vous, et qui revient en fait chez quasiment tous les rappeurs français, c’est Dragon Ball. 2Ksee tu parles de Gogeta, Saya B parles de Tao Pai Pai, et Barhow parles de Tortue Géniale et du nuage magique de Sangoku.
Ça c’est une référence commune par exemple ?
N : Oui c’est clair
B : C’est des trucs générationnels aussi. On est tous issus de 86-87 donc on a baigné là-dedans en fait. C’était un peu le manga quand on était gamin. Et pas que pour nous d’ailleurs, tu le vois partout.
2 : Mais c’est vrai que t’avais moins de choix aussi à cette époque-là. Maintenant tu vas sur Netflix, sur toutes les plateformes, des séries en animé tu en trouves 150. Avant c’était beaucoup plus limité donc forcément je pense que les gens de cette génération-là ils sont aussi ancrés dans ce qu’il y avait quoi.
Justement ça allait être ma question. Comment vous expliquez que Dragon Ball se retrouve autant dans le rap ? Et aussi chez vous du coup. Mais au final c’est ce truc générationnel qui s’est étendu et qui forcément va parler à toute une tranche de la population parce que tout le monde a regardé la même chose.
B : Y a de ça et je pense que ça a vraiment dû marquer des générations parce que c’était sacrément fort comme manga. Avoir de la fierté, de la baston, à l’époque tu voyais pas forcément trop ça partout dans les dessins animés. En tout cas qui étaient produits en Europe. Donc j’pense que ça a marqué à mort et je pense que c’est pour ça que tu retrouves à ce point dans le rap.
2 : Sur le deuxième album on en parlera pas t’inquiète on mettra autre chose ! Et même dans les dessins t’avais des trucs qui était vraiment grossier. Même dans la manière dont sont fait les mecs. Toujours ces espèces de gros bulldozers baraqués, Krilin dégueulasse chauve avec sa petite tête. Il avait des trucs qu’étaient un peu aux antipodes et qui marchaient super bien je trouve.
Et ça venait complètement casser ce qu’on pouvait voir en France à ce moment-là.
N : Ouais, et c’est normal que dans le rap t’en retrouves autant. Tu retrouves plus de référence à Dragon Ball Z qu’à Bibifoc.
2 : Pourtant on est des grands fans de Bibifoc.
Et parmi tout ce que vous avez pu citer dans cet album, est ce qu’il y a une œuvre ou un personnage qui vous représente le mieux ? Que ce soit individuellement ou en termes de groupe.
2 : Ça c’est une question très pointue, elle est excellente, laisse nous 2-3h on revient vers toi ! En vrai ça va être très bateau de dire ça mais c’est vrai que nous La Grande Vadrouille on a tellement tripé tellement de fois dessus
N : Mais un personnage alors là…
2 : Pas sur l’album, après ça va être des références personnelles. Moi par exemple je suis fan de Bacri, Poelvoorde ces mecs-là. Mais ça va être du cinéma encore.
N : Moi j’suis fan de Roger Alain, mais je l’ai pas cité dans l’album…
2 : Mais c’est moi qui l’ai cité ! Mais tu vois ça c’est la preuve que parfois on peut citer des trucs qui nous viennent de l’extérieur. Parce que je me suis pas tapé tous les épisodes à regarder ça.
N : Bien sûr que si !
2 : Ah c’est vrai… J’vais y aller justement parce que j’ai des épisodes à rattraper.
B : C’est vrai que ça part de plein délire qui amènent des références dans les textes.
Donc il y a peut-être des références que vous n’aviez pas personnellement il y a 5 ou 10 ans, mais à force de trainer ensemble, il y a des refs qui finissent par vous parler à tous.
B : Ouais c’est ça. Vu qu’on traîne ensemble aussi, on se prend des références les uns les autres, et on se fait un univers avec tout ça. Il évolue comme ça.
2 : Même pour les thématiques j’imagine que ça peut venir de ça. Les noms de morceaux ou quoi.
Et est-ce qu’au contraire, il y a des références ou vous vous sentez vraiment éloignés d’eux ?
2 : J’sais pas parce que j’ai l’impression que dans l’écriture t’as la liberté de tout mettre. Donc t’es pas vraiment bloqué. Après y a des trucs sur lesquels tu fais plus gaffe que d’autres forcément. Il y a des noms que tu mettras moins, des trucs qui font polémique, des trucs qui peuvent être moins bien vu. Tu peux avoir l’impression de dire un truc très drôle et en fait tout le monde te dit “mais c’est une chiasse atomique, personne n’a envie d’écouter ça et c’est mal dit”. Donc on essaie de rester sur des références assez larges.
N : Mais tu vois sur un morceau comme Chercheurs d’or, moi dans mon couplet je fais beaucoup de références à des mecs que je porte vraiment pas dans mon cœur. Pasqua, Richard Ferrand, Arnaud, François Pinault…
2 : Mais ça te permet aussi de les mettre en lumière et de montrer plein de trucs aussi quoi.
B : Et d’en parler d’une manière un peu rigolote, et pas comme un groupe style La Rumeur.
Pour aller rapidement sur des références individuelles. 2Ksee : tu fais deux références plus ou moins aux Visiteurs
“hum ça puire messire” et “Ces visiteurs me croient “okay”, comme si j’étais Jackouille”. Justement par rapport à cette question d’ADN et ce que vous représentez. Est- ce que tu penses que ça fait partie des références qui vous ancrent avec un certain public qui va pouvoir les comprendre ? Parce qu’un public plus large ne les comprendra pas forcément.
2 : Le truc c’est que moi j’ai beaucoup de mal à écrire de manière consciente. C’est pas du tout quelque chose dans lequel je prends du plaisir. Moi j’écris pour me divertir. Je prends beaucoup de plaisir à écrire mes conneries et ça me fait du bien, c’est une sorte d’exutoire. Même si y a beaucoup de groupes que j’affectionne parce qu’ils écrivent de manière consciente, je les laisse faire parce qu’ils savent le faire. Mais moi je préfère être dans cet esprit un peu déluré, à contre-pied de ce qui se fait ou qui peut plaire. Je suis absolument pas dans une recherche de truc en me disant “les gens vont adorer ça”. Je suis plus dans quelque chose d’absurde et moi ça me plaît en tout cas. Moi ce que j’ai préféré faire par exemple sur l’album c’est La Grande Vadrouille. Parce que c’est le couplet que j’ai pris le plus de plaisir à écrire.
Mais je trouve ça important, et je trouve que c’est ce qui fait la force du groupe, c’est qu’on a tous une manière différente de parler de la thématique, d’aborder les sujets. Et moi je suis content d’avoir cet axe un peu barré là-dessus, qui des fois est complètement hors sujet. Mais le produit fini en tout cas, pour la grande majorité des morceaux, je suis content quand même de ce que j’écris.
B : Et pour revenir à ce que disait Namko tout à l’heure. Je pense qu’effectivement c’est pas du calcul en amont de se dire “je vais écrire dans ce sens-là, pour essayer de toucher untel ou untel”. Là tu rentres vraiment dans le palais mental de chacun. Bon bah dans celui de 2ks…
2 : Y a de la place ! Tu peux en mettre plusieurs des comme toi là-dedans ! Venez c’est ouvert !
Mais en tout cas voilà c’est ma manière de fonctionner, on a chacun la nôtre. Mis bout à bout sur des textes quand on se retrouve, t’as toujours une diversification dans les couplets qui est assez intéressante.
Oui parce que même s’il y a des trucs qui reviennent comme Dragon Ball, lié à la génération, ou des références à vous. Tu as aussi tes propres références et ta propre façon de l’amener dans le groupe.
2 : Et c’est ce qui fait, je pense, qu’on kiff toujours le groupe. Parce que si on commençait à avoir une censure de la part des autres, en disant “non ça il faut pas que tu partes sur un sujet comme ça”. On peut se dire “ta phase est pas top”, ça nous arrive de le dire. Mais c’est toujours bienveillant. La manière dont écrit Namko moi j’suis pas capable d’écrire comme lui. Donc forcément, il axe de la manière qui lui est propre. Mais je lui mettrais jamais des bâtons dans les roues en lui disant “non tu changes ton couplet, c’est une chiasse atomique”. Et c’est ce qui fait que c’est intéressant aussi c’est qu’on a toujours une liberté individuelle.
B : Ouais c’est assez ouvert. On sent bien plus que Namko justement des fois il va les chercher le plan “politique”, ou des revendications mais toujours avec le ton humoristique. 2ksee est peut-être moins là-dedans. C’est un peu chacun est dans son truc au travers d’un thème qui finalement reste ouvert quoi.
Pour finir, et pour rester sur quelque chose d’un peu plus rap, Namko : tu cites pas mal de rappeurs, américains essentiellement mais surtout d’une vieille école. Snoop Dogg et Dr Dre mais surtout Cypress Hill, Kurupt & Daz Dillinger
Alors ça a tendance à être en rapport avec les thèmes de vos morceaux, mais ils ont quelle influence dans ce que tu fais et dans ce que le groupe fait d’après toi ?
N : Inconsciemment oui parce que tu prends un groupe comme Cypress Hill, c’est commun pour tout le groupe. On s’est buté à ça quand on était jeune. C’était pas trop gangsta en fait. On se retrouvait dans le truc des mecs qui fument de la weed sur des instrus parfois cartoonesques, en tout cas sur leur début. Donc oui, un rappeur comme B-Real de Cypress Hill ça a été une grosse influence. Après tout ce qui était Dogg Pound, Snoop, Dre moi à titre personnel je suis un bousillé de West Coast en fait. Je suis un dictionnaire de West Coast, j’adore ça, même qui se fait actuellement.
2 : Ça se voit dans le look ! T’as pas encore vu sa Cadillac qui est garée de l’autre côté de la rue !
Et est ce qu’il y a des rappeurs plus récents qui peuvent aussi vous influencer ou au contraire à l’heure actuelle vous ne vous retrouvez nulle part ?
N : Moi j’écoute par exemple beaucoup d’Anglais. Des Lethal Bizzle, Skepta, toute cette scène-là. Y a Ocean Wisdom aussi que j’aime bien. Aux États-Unis, un mec comme Kendrick Lamar, ça me plait bien. YG aussi. Y a plein de trucs actuels. Après en rap français j’vais pas te cacher que je m’y retrouve pas du tout. Sur tout ce qui est mainstream. Il y a des mecs qui gèrent de ouf, des Georgio des Limsa, mais je serai plus dans un rap 90. En terme français en tout cas. Et après il y a pas que le rap. Moi j’écoute beaucoup de metal, de punk, beaucoup de hardcore, pas mal d’electro, de l’afro, en fait on écoute de tout. Mais non les pontes du rap français ça m’intéresse pas, après j’sais pas les autres.
2 : Moi en rap français j’me retrouve plus dans les trucs qui sont un peu barré. Par exemple Hippocampe Fou avant qu’on le rencontre j’écoutais déjà. Et je trouve qu’il est aussi dans un créneau musical qui est intéressant. Il a pas une couleur stricte, il se donne pas une espèce d’image de mec de la rue, mais il est hyper fort. Il envoie des trucs qui sont souvent très originaux, il a des bonnes références et moi je kiffe en tout cas. Artistiquement il est vraiment très fort.
Namko c’est intéressant ce que tu disais parce que ça rejoint le tout début de l’interview. Au final le fait que toi par exemple, tu écoutes énormément de choses, et sans doute que chacun écoute aussi énormément de choses, ça va se ressentir aussi dans les prods qui au final peuvent venir d’un peu n’importe où.
N : C’est totalement ça. De toute façon l’album il a été conçu par rapport à nos influences aussi. Il y a pas de barrière. Dans le groupe Dirty Zoo y a une dominance rap, et c’est pour ça que je reviendrais sur ta question de tout à l’heure, sur où on se situe dans le paysage rappologique. Mais si tu veux nous on représente rien du tout quoi. C’est une grosse fusion Dirty Zoo en fait. La dominante elle est rap parce qu’il y a du flow, il y a du texte. Mais sur les couleurs musicales c’est pour ça que tu peux aller sur un morceau comme RocknRolla qui peut être un peu drum and bass. Ou One Shot qui va être Ska/Reggae/Electro, mais voilà ça c’est sur nos influence et c’est ce qu’on écoute aussi. Moi ce matin je me suis levé j’ai écouté Pantera et ce soir en me couchant j’écouterai George Clinton et Funkadelic tu vois. Et tout ça inconsciemment en fait, ça t’amène, à essayer de rapper sur des prods qui limite font même plus rap quoi.
Oui c’est pas forcément académique ou attendu. Et on peut pas vous dire “ah oui eux ils font de la drill” par exemple.
N : C’est un gros risque mais nous on l’assume pleinement quoi. Personnellement ça me casserait les pieds de surfer sur la mouvance et se dire “on va faire 15 titres de drill”. Ouais mais deux mois après on sera passé à autre chose si tu veux.
Toute dernière question, le site s’appelle VraisSavent en référence au titre Les vrais savent de Lunatic. D’après vous c’est quoi LA chose essentielle que les vrais devraient savoir ?
2 : Waouh ! Je dirais que c’est la sortie du clip demain à midi. Il y a pas grand-chose d’autre à savoir que ça. Les vrais sauront.
Comme l’interview va sortir après, ça risque de gâcher la réponse.
2 : Mais au moins tu sais maintenant !
N : Non mais nous, ce qu’ils doivent savoir que le 18 juin, Futur Anciens. Même si l’interview va sortir après. C’est ce qu’il faut savoir en étant de bons rappeurs égoïstes avec un ego surdimensionné. Allez checker l’album. Et sinon après non, on donne pas de leçons aux gens donc ils font ce qu’ils veulent en fait. Les vrais savent ce qu’ils veulent le savoir
B : Mais ce que les vrais doivent savoir c’est vrai que ça peut faire un peu gros comme question. Mais en gros, la musique, on est passé sur des trucs générationnels, sur plusieurs trucs. Ça peut être tout ça en fait. La musique je pense que ça fait référence à plein de choses en nous, ça nous renvoie à des choses. C’est même lié des fois à des souvenirs, à des époques. Et à la limite si je devais dire “le vrai doit savoir ça”. C’est qu’en gros, tu dois te retrouver dans un truc musical ou te mettre à kiffer un truc, et c’est l’important en fait. Même quand on parle de certains rap actuel où nous on se retrouve pas dedans, bah fuck. C’est cool à partir du moment où ça parle à des gens et que ça fonctionne pour eux, en tout cas c’est l’essence de la musique pour moi.
2 : Mais les vrais savent qu’il faut aller voir le Zoo sur scène. Parce qu’on prend beaucoup de plaisir à jouer. Je pense que la joie et l’énergie se ressent plus sur scène que sur les pistes qu’on a en audio sur l’album.