Interview Vrais Savent : Lpee

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Membre du groupe LTF, et sortant des projets en solo depuis 2018 Lpee a publié le 21 mai la suite spirituelle de son premier projet, Monochrome. Pour ce disque il a voulu proposer la même énergie créatrice et degrés d'intimité que sur le premier volume. Avec lui, on a parlé de cette innocence dans la création, de ses auto références et de la place importante du plasticien Pierre Soulages.

Lpee - Monochrome Vol.2
LpeeMonochrome Vol.2

En dehors des projets avec LTF, ton premier disque solo c’était Monochrome. Ce premier Monochrome, il ne s’appelait pas Vol.1, et personne ne s’attendait vraiment à un Vol.2. Est-ce que cette suite c’était quelque chose de prévu depuis le début ou est-ce que c’est venu avec le temps ? Comment t’en es venu à te dire “je vais faire un Vol. 2

C’est vrai qu’au début, c’était pas du tout prévu. J’ai sorti Monochrome parce que j’avais envie de le sortir. Mais il était pas censé y avoir de suite. C’est pas du tout quelque chose que j’ai prévu à l’avance. Et en fait après les trois projets que j’ai faits à la suite de Monochrome, j’avais envie de revenir un peu à cette essence-là, à l’énergie d’un premier projet. En tout cas, j’avais envie de me recentrer sur ce que je pouvais produire et c’est vrai que j’avais envie de retrouver « l’innocence » et la spontanéité qu’on peut retrouver dans un premier projet. Et donc m’est venue l’idée de faire ce Volume 2. Et j’ai essayé de travailler un peu comme je l’avais fait pour le Volume 1. C’est-à-dire qu’il a été fait dans un laps de temps assez court, mais après il a fallu évidemment beaucoup de temps pour le mettre en musique, travailler sur le mix, etc. Mais en terme d’écriture, c’est quelque chose que j’ai pondu assez rapidement et voilà c’était vraiment me recentrer sur ce que j’ai commencé à faire quand j’me suis présenté au public.

Tu es quelqu’un qui s’émancipe beaucoup des formats classiques. 3ème Round et Triptyque par exemple c’est limite ce qu’on appelait à l’époque des maxis, avec seulement 4 et 3 titres. Comment ça s’est passé au niveau du format de MVII ? Et comment tu maîtrises la durée des projets et leur nombre de titres en général ?

J’ai vraiment pas de format prédéfini quand j’me lance sur un album. C’est vraiment au feeling. Pour Monochrome Vol.2 on a dû faire une vingtaine de titres. Y a des choses qu’ont sauté, certains morceaux qu’on a reposés sur des instrus différentes. Ensuite, j’ai décidé d’envoyer trois inédits. Avec ces titres ça présentait un petit peu le projet et ses invités donc à la fin on a fait 14 titres, et je me suis dit que c’était peut-être un peu trop chargé. Donc j’ai préféré les mettre avant, puis on a sorti Monochrome avec 11 titres. Pour 3e Round ou Triptyque c’est vraiment c’est l’apéro. À chaque fois que j’ai voulu sortir un projet et qu’on était pris par le temps et que je sentais qu’on allait devoir décaler la sortie de plusieurs mois, bah j’avais faim et j’avais envie de sortir de la musique quand même donc j’me suis arrangé pour sortir d’abord un 4 titres avec 3e Round donc juste avant Amin, et ensuite Triptyque, avant de sortir Monochrome. Là évidemment y a eu vachement plus de temps entre ces deux projets, mais voilà c’était annonciateur de ce qui allait arriver.
Donc vraiment y a pas de schéma, c’est que du feeling. Si j’ai 12 titres et que je trouve qu’ils sont tous vraiment bons, je les mets dans l’album, si j’en ai que 8 je fais un 8 titres. Et j’me contente pas de “ok 15 titres, ça va faire format album, il faut que j’en fasse un petit peu moins”. Je pense qu’il faut juste travailler et sortir le format qui te convient au moment où tu le sors. Mais moi j’ai vraiment pas de format prédéfini quand je travaille sur un album.

Tu fais les titres et ensuite tu vois à quoi ça va ressembler.

Exactement. Et puis après évidemment quand tu travailles un projet tu vois une espèce de fil rouge qui commence à se dessiner et puis ça te donne un projet. J’essaye quand même de faire en sorte que les morceaux soient un peu cohérents les uns avec les autres. C’est pas des compiles tu vois, ça reste des projets que je trouve vraiment aboutis et cohérents. Mais effectivement c’est quand même vachement du feeling à la base.

Tu parlais des inédits. Au début ils étaient donc prévus dans l’album ? Parce que par exemple Lumière c’est un morceau qui avait totalement sa place dans le disque, ne serait ce que par les thématiques qu’on trouve dessus. Comment ça se fait que lui et les deux autres se soient retrouvés en tant que simples inédits ?

Pas mal de brainstorming on va dire ça comme ça. Après, on a quand même essayé de les mettre en avant. On a clippé les trois morceaux. C’est des morceaux que je trouve quand même forts et j’avais pas du tout envie de les négliger en les sortant. Je voulais vraiment que des gens les écoutent. En fait, tu retrouves un morceau solo, un avec Chatnoir et un avec Moken qui sont les deux invités de l’album. Et on avait plein de morceaux qu’on avait fait ensemble, parce qu’on est tout le temps ensemble au studio. Ils assistent à mes séances de studio, j’assiste aux leurs. On sert un petit peu de DA les uns pour les autres. Et en réfléchissant bien, entre Paris-Nord et Sur la côte avec Moken, je trouvais que Paris-Nord s’intégrait mieux au projet. Et Lumière pour te dire la vérité, à la base c’est un morceau que j’avais presque pas envie de mettre dedans. Je sais pas j’étais assez mitigé sur ce morceau et puis on a fini par en discuter pas mal avec mon équipe. Aussi avec Chatnoir et Moken d’ailleurs qui m’ont été d’une aide précieuse pour toute la conception de l’album. Et en fait on s’est dit que ce serait vraiment dommage de carrément jeter le morceau et donc on a décidé de le sortir en inédit. Et finalement j’ai été agréablement surpris des retours que j’ai pu avoir dessus. Et pour Chatnoir pareil, on avait fait deux morceaux qu’on avait vraiment envie de garder. Et il a fallu faire un choix entre celui qu’on met en inédit et celui de l’album et ça s’est fait comme ça.

Justement il y a ces deux featurings sur le projet, Moken et Chatnoir, des rappeurs avec qui tu as l’habitude de collaborer. Est-ce que c’est une volonté pour toi de rester en famille ? Ou est-ce que t’aurais aimé avoir d’autres featurings mais ça a pas pu se faire pour différentes raisons ?

Y a une volonté de rester en famille parce que c’est des gens avec qui je prends vraiment beaucoup de plaisir à faire de la musique. Je préfère faire du son avec des potes à moi avec qui je suis quasiment tous les jours, avec qui je fais pas que du son. Et être sûr que les séances vont bien se passer et qu’on va se comprendre musicalement. Plutôt que de forcer une collab et de me retrouver avec quelqu’un avec qui je m’entends pas humainement ou peut-être lui ne s’y retrouve pas non plus humainement avec moi. Après, je suis pas du tout fermé aux featuringsextérieurs”, mais c’est pas un truc qu’on a cherché à faire pour ce projet-là. Il pourra y en avoir par la suite évidemment, mais là ça faisait quelques mois que j’était beaucoup avec ces deux gars-là, donc ça m’a paru hyper logique de les inviter sur mon projet. Au final on a sorti au total 4 morceaux, deux avec chacun d’eux, donc c’était hyper naturel pour moi et ça me tenait à cœur de le faire. 

En même temps le disque est assez personnel, peut être que ça aurait pu être compliqué d’intégrer quelqu’un qui n’est pas proche de ton entourage.

Y a aussi de ça. C’est pas forcément un truc auquel j’ai réfléchi, mais ça me paraît assez évident. C’est vrai que c’est un projet qui est assez intime, et les personnes qui gravitent autour de moi et qui font partie de cette intimité-là, c’est évidemment des personnes de mon entourage, mais surtout musicalement un mec comme Chatnoir ou Moken avec qui je suis vraiment tout le temps. Ils connaissent l’album avant même que j’enregistre parce qu’ils connaissent ma vie et ils savent ce que je vis au quotidien. Donc oui évidemment, je suis vraiment d’accord avec ça.

Sur le disque tu t’essayes à de nouvelles choses, surtout Égarés dont on a dû beaucoup te parler parce que c’est assez “risqué” de proposer un guitare voix à moitié chanté comme ça. J’imagine que tu voulais surtout t’essayer à de nouvelles choses, mais comment t’as appréhendé ces choses-là et comment elles sont venues ? 

Écoute c’est assez simple, c’est vrai qu’au départ y a une vraie envie de m’essayer à de nouvelles choses, sur lesquelles on n’a pas forcément l’habitude de m’entendre, des terrains sur lesquels on m’attend pas. Et en fait y a eu aussi beaucoup de doutes et de remises en question. Un morceau comme Égarés, c’est un morceau que j’ai adoré faire mais qu’a été très compliqué en studio parce que j’essaye un peu de chantonner, y a une « prise de risque », en tout cas c’est pas quelque chose que j’ai l’habitude de faire. À un moment j’étais prêt à l’enlever. Ensuite, j’ai voulu supprimer tout le reste et ne faire un album qu’acoustique avec des guitares. Enfin y a eu beaucoup beaucoup de remises en question avec cet album-là. Tout à l’heure je te parlais de spontanéité et d’innocence qu’il y a dans un premier album comme Monochrome Vol.1. J’ai voulu aussi pour celui-ci faire le moins de concessions possibles, essayer plein de choses, travailler sur des storytellings comme Égarés. Un morceau comme Bonhomme aussi qui m’a fait du bien. J’avais envie de proposer ça à mon public. C’est ce qui rend l’album aussi personnel peut-être plus que les autres. Mais voilà y a eu quelques prises de risques, beaucoup d’envie d’aller essayer de nouvelles choses et évidemment, ne pas me cantonner à suivre une tendance. J’avais vraiment envie d’essayer des choses qui me trottaient dans la tête depuis un petit bout de temps. Et j’suis content parce que j’ai vraiment de bons retours sur ces morceaux-là donc le pari est réussi.

Ça tombe bien que tu parles de Bonhomme. À ton avis, pourquoi tu fais autant de références à tes propres sons. Dans ce morceau, tu fais référence à un titre du premier Monochrome avec le “ferme les yeux et imagine toi”. Dans l’intro tu dis “On a les plugs, on a les prises depuis étoile, démons court toujours après moi” en référence à Étoile, lui aussi tiré du premier Monochrome. À un autre moment, tu fais référence au morceau 3ème Round de l’EP du même nom. C’est simplement des clins d’œil ou il y a un aspect nostalgique dans ta musique qui fait que tu reparles de ces choses-là ?

Y a un peu de tout ça à vrai dire. Déjà en écrivant ce projet j’me suis un peu retourné et j’ai essayé de faire une synthèse de ce qu’il s’était passé depuis trois ans. Parce que j’ai une attache vraiment particulière au projet Monochrome, et quand j’ai commencé à écrire dessus y a beaucoup de rappels qui me sont venu. Quand je cite le morceau Étoiles, en gros je dis dans le refrain que j’ai gaspillé du temps à vaincre des démons qui n’existaient même pas, et j’me rends compte que trois ans après j’en suis un peu toujours au même point. Donc y a beaucoup d’auto-références aussi pour ça, parce que j’ai voulu me replonger dans ces premiers projets, et me rendre compte aujourd’hui après trois ans de vie, et même à faire de la musique non-stop, qu’est ce qu’il s’est passé, qu’est ce qui a changé, qu’est ce qui est resté. Et donc forcément y a un truc qui revient beaucoup c’est l’auto-référence. Après c’est un truc qui moi m’a beaucoup inspiré en écoutant SCH, parce qu’il a toujours rappé avec énormément d’auto-références, et je trouvais ça vraiment très fort. Et ça m’a vachement marqué parce que quand tu suis un artiste depuis longtemps c’est toujours hyper intéressant de voir les parallèles qu’il peut faire avec un morceau qui vient de sortir, en citant des morceaux qui sont sortis y a peut-être deux ou trois ans. Je trouve ça cool et ça renforce l’univers de l’artiste, et pour un mec comme SCH c’est souvent très pertinent. Et voilà c’est un truc qui m’est venu aussi de cette façon-là. En gros, c’est beaucoup de regards en arrière à se demander ce qui avait changé ou pas pendant ces trois ans d’évolution dans la musique et dans la vie de tous les jours.

SCH dans sa musique, c’est quelqu’un, comme toi, qui dans sa musique parle beaucoup de lui. Pour quelqu’un qui l’écoute depuis longtemps, et qui sait qu’il parle de sa propre vie, au final il comprend d’autant mieux les auto-références et il les prend d’autant plus.

C’est ça ! Parce qu’en fait ça devient plus, juste des références ponctuelles qui lui sont venues sur le moment. Tu sens que ça traîne depuis longtemps. Donc il peut en reparler assez facilement. Et quand tu captes la cohérence qu’il a d’un projet à l’autre, moi je trouve ça vraiment très fort. Ça renforce vraiment son univers. SCH c’est un mec qui m’a énormément touché parce que mine de rien, au-delà de l’aspect hyper théâtral qu’il amène, c’est hyper personnel, et c’est ça qui m’a touché chez lui.

Et ces démons qui courent toujours après toi, c’est les mêmes que ceux de Monochrome Vol.1 ?

Non pas vraiment. Mais ils sont quand même bel et bien là. Ou en tout cas, c’est peut-être les mêmes mais ils courent pas après moi pour les mêmes raisons. Mais j’ai toujours des démons à combattre, et l’année 2020 a pas vraiment été facile. Donc ouais c’est pas les mêmes problèmes, les mêmes névroses, mais les démons sont toujours-là. Après est-ce que je ferais le même constat d’ici un an que pour Monochrome Vol.1. Finalement est-ce que je finirais par me rendre compte que j’ai gaspillé mon énergie à les combattre, je sais pas. Mais en tout cas ils courent toujours après moi ça c’est une certitude.

Il y a une autre sorte d’auto référence, qui va beaucoup plus loin, c’est celle de Mahalia. Tu en parlais sur une rime sur 40degrés. Là, elle a droit à son morceau en entier. Est-ce que ça partait du clin d’œil, ou est-ce que tu as une vraie obsession pour elle et donc c’est venu naturellement sans même repenser à l’ancien morceau ?

C’est vraiment la deuxième option. On peut parler d’obsession. Ça peut paraître un peu flippant, mais c’est juste que c’est une artiste que j’aime énormément. C’est déjà pour ça que j’en avais parlé. C’est une artiste que je suis beaucoup, que j’ai vu énormément en concert. Je sais pas pourquoi je lui voue une espèce de fascination un peu sans faille comme ça, mais des fois y a des choses qu’on n’explique pas vraiment. Donc là ouais, en fait j’ai écrit ce morceau et je l’ai trouvé hyper touchant. Je crois que c’est le premier morceau que j’ai écrit de Monochrome, sans savoir qu’il allait se retrouver dedans. Quand j’ai vraiment commencé à bosser c’est Kanye que j’ai écrit en me disant “ok là on part sur Monochrome”. Mais avant ça j’avais déjà écrit ce morceau-là, que j’ai réécouté et j’me suis dit qu’il avait parfaitement sa place. Parce qu’en fait pareil, en faisant le bilan c’est une artiste que j’ai énormément suivie, qui m’a énormément touché, et que j’aime d’un amour inconditionnel. Donc voilà, j’me devais de lui dédier un morceau sur cet album-là.

Mais c’est intéressant parce que c’est grâce à ce genre de morceaux que certaines personnes découvrent aussi d’autres artistes. 

Ça peut servir à ça aussi. Si ça peut permettre à des auditeurs de découvrir son travail, c’est doublement bénef pour moi. Si en plus on se sent touché par la musique et derrière on va écouter son travail. Moi j’adore ce qu’elle fait, donc évidemment c’est encore mieux.

Et dans ce titre tu te places en tant qu’auditeur et spectateur de concerts. Dans la vie tu dirais que t’es plutôt auditeur ou créateur de musique ?

J’ai été vachement plus auditeur et spectateur que créateur pendant très longtemps. Et j’ai adoré aller à plein de concerts partout. ‘Fin vraiment, c’est un truc qui m’a stimulé aussi dans mes créations artistiques. Donc.. oui j’ai été plus spectateur qu’auditeur si on doit retracer depuis le début de ma vie, ou le début de mes sorties. Aujourd’hui je suis vachement plus créateur qu’auditeur. Non pas parce qu’il y a plus de concerts, bon ça déjà c’est un fait. Mais même, surtout quand je créé un album j’essaye de me concentrer sur moi, j’essaye d’écouter un peu moins de musique, et vraiment me concentrer sur mes créations. Mais ouais, je suis un bousillé de musique, j’en écoute vraiment beaucoup. Surtout un bousillé de rap, on va pas se mentir, mais j’écoute vraiment beaucoup de choses.

Ça se ressent beaucoup que tu es un auditeur à la base, parce que tu cites énormément d’artistes en général dans ta musique et même beaucoup de rappeurs. Tu parles de l’album Ouest Side de Booba, de Joey Bada$$, de Kanye…

Ouais carrément, et j’ai aucune réticence ou honte à citer des artistes même modernes. En vrai je suis un bousillé de rap, j’aime trop le rap donc j’peux pas mentir. Si je suis en ride nocturne et que j’écoute Joey Basa$$, j’écoute Joey Bada$$. Si j’dois te citer un rappeur français hyper actuel, que certains pourraient voir peut être comme une concurrence, moi c’est des mecs que j’écoute je les cite parce que j’aime vraiment leur travail. Donc ouais par rapport à ça j’ai vraiment aucune gêne. Ça me fait même plaisir de pouvoir citer ces références-là et d’en “parler” à ma communauté.

Et c’est ce qui est intéressant de manière générale dans le rap. Ces références-là vont intéresser des gens, qui vont aller écouter, se renseigner, et finir par découvrir ces choses-là.

Bien sûr, carrément ! C’est hyper important pour moi, parce que j’pense qu’à un moment, il faut savoir se donner de l’amour et arrêter de tous se regarder comme si on était des rivaux. Donc ouais c’est important. Et puis si ça peut permettre de faire découvrir des artistes. Souvent, quand c’est des artistes qu’on écoute à longueur de journée, ça nous paraît évident que tout le monde connaît, parce que nous on vit avec eux pratiquement et on connaît leur discographie sur le bout des doigts. Mais c’est vrai que des fois, même un mec comme SCH, bon maintenant c’est un peu plus compliqué, mais je pouvais le citer avant, tout le monde ne connaissait pas, alors que t’as l’impression que c’est évident que tout le monde connaisse cet artiste-là. Donc ouais c’est toujours cool de pouvoir faire découvrir cette musique à ces gens-là.

Toujours en auto référence, mais ça paraît logique, la pochette du Vol.2 fait référence à la première. Avant même de parler des deux, comment tu expliques que sur toutes les pochettes où tu apparais, tu es assis ? Et c’est toujours sur des projets longs.

C’est intéressant, j’ai pas vraiment d’éléments de réponse. J’en discutais avec un ami à moi qui me disait “Sur le Volume 1 t’étais assis par terre, sur le 2 t’es assis sur un fauteuil, et si t’en fais un troisième, il faut que ce soit le dernier et que tu sois debout, parce que comme ça on capte l’élévation.” J’ai trouvé ça assez intéressant, mais à vrai dire moi c’est un truc que j’avais pas vraiment réfléchi, après la pose que j’ai et ce truc un peu blasé, pour le coup c’est volontaire et il fallait aussi montrer que l’année qu’on vient de vivre, je pense que c’est un peu pareil pour tout le monde, après moi y a d’autres choses qui se sont passées mais elle a pas été si rose que ça. Enfin évidemment, c’est pour ça que le monochrome est noir de toute façon. Mais voilà, après j’ai pas vraiment de réponse, mais j’ai trouvé que l’interprétation de l’ami avec qui j’en ai discuté était intéressante, donc peut-être qu’il finira par m’avoir et que si on fait un volume 3 je finirais bel et bien debout sur la pochette. Affaire à suivre !

Le premier volume était un monochrome blanc, celui-ci est noir. Autant ça se ressent au niveau des références à la noirceur et la lumière dont on va beaucoup parler après, autant au niveau de la musique je trouve ça moins perceptible. Toi justement, est-ce qu’à ce niveau-là tu trouves que les deux sont vraiment opposés ?

Pas tellement. Comme je te disais tout à l’heure, j’ai voulu un peu retrouver l’essence du Volume 1, et donc pour se faire évidemment on y retrouve quand même vachement de similarités. Les projets sont vraiment pas opposés. Et puis ensuite parce qu’on en parlera j’imagine après, mais le monochrome noir que je présente aujourd’hui, y a un message d’espoir là-dedans. On n’est pas sur un projet ultra négatif, on essaye d’aller y chercher de la lumière. C’est pour ça que je cite beaucoup Pierre Soulages. Et pour le Volume. 1 c’est juste que le blanc symbolisait juste l’espèce d’innocence et de pureté qu’on peut trouver dans un premier projet, et c’était ce que j’avais envie d’exprimer. Et là, pour le deuxième, il est noir, on aurait pu travailler sur la texture, j’ai préféré trancher et le garder noir, mais après en écoutant le projet on se rend compte qu’ils sont pas opposés et qu’ils se ressemblent même beaucoup plus qu’on ne pourrait le penser.

Pour rester dans cette dualité autour du noir et du blanc, de la nuit et de la lumière, de la joie et de la tristesse, c’est intéressant parce que pas mal de tes références dans les textes viennent alimenter ce côté-là :
“J’ai la haine comme Vin’s Hubert & Saïd”
“J’me sens comme Oxmo boy j’ai mal au Mic’”
“Parti à la recherche du bonheur comme dans Happiness”.
C’est conscientisé de choisir des références qui parlent de joie et de tristesse, et qui du coup viennent appuyer cette dualité
?

En fait non. C’est quelque chose que je fais hyper naturellement parce que c’est mes propres références. Mais je pense qu’elles se retrouvent pas là par hasard. J’essaye quand même d’avoir une écriture assez spontanée, même si j’me prends vachement la tête sur les textes et tout, mais c’est pas des choses que je vais réfléchir. J’me fais pas une espèce de cahier des charges en me disant “Il faut qu’on prenne ça parce que ça va être pile-poil ce qu’il nous faut”. C’est des trucs qui me viennent naturellement quand j’écris mais je pense que si elles arrivent à un moment dans mon cerveau et que je les fous sur papier, c’est pour une raison bien précise. C’est pas des choses que je vais réfléchir au préalable, mais je pense que ces références sont belles et bien là pour une raison.

C’est intéressant que tu parles de spontanéité parce qu’on va parler de l’art pictural et plastique. Avant de parler de Soulages, on va parler de Jackson Pollock. Vu que c’est à priori le moins important des deux que tu cites dans le disque. Lui son truc c’est le dripping, une technique picturale qui consiste pour lui à lancer de la peinture et la laisser s’écouler, c’est pour ça que tu dis “Gros ma feuille c’est ma toile et j’me déchaîne comme Pollock”.
Un peu comme lui dans ton processus d’écriture tu lâches des phrases, comme ça, et à la fin tu vois ce que ça donne ?

Ça peut m’arriver d’écrire comme ça. Mais c’est surtout pour ce morceau-là, Kanye. J’avais vraiment envie d’arriver avec quelque chose d’assez… Pas dur, mais vraiment affirmé. J’avais envie de casser la prod. Y avait un truc un peu revanchard quand j’ai fait ce morceau-là. Et du coup, forcément j’ai fait référence à Pollock parce que c’est un artiste que j’aime énormément, j’ai beaucoup étudié son processus de création. ‘Fin c‘est un mec qu’était vachement plus torturé que moi, on n’est pas du tout là pour se comparer ou quoi que ce soit. C’est un mec qu’a beaucoup souffert d’alcoolisme, qui a pris des médicaments, et qui peignait par terre déjà. Et c’est assez fou de voir comment il travaillait ses toiles et ce qu’il en ressortait. Je pense que c’est des trucs qui devaient le ronger de l’intérieur, et qu’il arrivait à sortir sous cette forme-là, sur toile. Et moi c’est un truc qui m’a vraiment bouleversé. C’est aussi pour ça que j’ai voulu citer ce mec-là, parce que quand on parle de spontanéité, c’est peut-être, en tout cas dans les références que j’ai, le paroxysme de ce qu’on peut obtenir quand on créé. Donc voilà, pour moi c’était logique que ce nom-là ressorte dans l’album. Après, en terme d’écriture ça va vraiment dépendre. Un morceau comme Mahalia, j’m’applique, je suis bon élève. Je fais vraiment attention à ce que je raconte parce que je « m’adresse à quelqu’un » et y a un côté un peu plus lisse déjà dans un morceau comme celui-là. Mais qu’est volontaire, je fais vraiment attention à ce que je dis, comment je le dis etc. Pour un morceau comme Kanye ou Dernière Note, qui sont des morceaux que je trouve écrits, c’est pas que tout d’un coup je mets plus l’accent sur l’écriture, mais y a quelque chose de peut-être un peu plus dur moi dans ma façon d’écrire. Plus acharné. Un truc qui vient un peu plus des tripes. Et donc voilà, c’est pour ça que je cite Pollock. Ça fait partie de mes façons d’écrire en tout cas. 

Pollock il fait partie, comme Pierre Soulages l’inspiration principale de l’album, d’artistes qui font de l’art abstrait ou en tout cas de l’art non-figuratif. Alors que toi, au final, c’est assez limpide ce que tu peux raconter. C’est pas pour cet aspect-là que tu parles d’eux, mais est ce qu’il y aurait un autre artiste peintre qui pourrait s’apparenter à ton écriture d’après toi ? Ou un artiste qui justement t’inspire dans l’écriture.

Un artiste qu’on pourrait presque considérer comme à l’extrême opposé de Soulages ou Pollock c’est un mec comme Gustave Courbet. Qui moi m’a beaucoup parlé, qui fait partie du mouvement réaliste. Et évidemment, en fait moi j’ai commencé à étudier l’art, en partant de ce mouvement-là. Et j’ai trouvé ça vraiment exceptionnel, parce que c’est un peintre qu’a dit fuck à l’académie et il s’est dit “Moi j’en ai rien à foutre de faire de la peinture d’histoire, je vais peindre les villageois de mon village, et on est pas du tout là pour représenter les choses qui nous ressemblent pas”. Donc si on devait, toute proportion gardée encore une fois, faire un parallèle avec un artiste plastique qui m’a vraiment influencé, et que j’ai beaucoup aimé étudier, c’est Gustave Courbet. Qui lui pour le coup est un artiste très réaliste et très rationnel dans sa façon de peindre et de discourir autour de sa peinture. 

C’est intéressant parce que Courbet c’est aussi une influence, dans une certaine mesure, de Soulages. C’est un artiste qu’il aime beaucoup, et notamment autour de la question de la lumière et des noirs et c’est encore quelque chose qui vient dans le disque.

Ah oui bien sûr ! Si on parle de technique pure et dure, c’est vrai que c’est hyper intéressant chez Courbet. C’est un mec qui travaillait énormément sur les lignes dans ses tableaux, sur les lignes d’horizon, celles que pouvaient former les personnages, et y a une technique remarquable. Il s’est pas contenté de travailler bêtement en disant “Non moi je veux représenter des gens qui me ressemblent”. Y a un aspect technique absolument remarquable. 

Pollock et Soulages ils sont intéressés par l’art préhistorique, celui des grottes. Et du coup ça amène surtout à l’art de Pierre Soulages, donc l’inspiration principale de l’album, et la question de la lumière et du noir. Dans le disque tu fais vraiment énormément de références à la lumière et à la nuit. Au noir et au blanc, à des opposés comme ça. Y en a dans quasiment tous les titres. Ça tu l’as fais exprès justement, de laisser des références en filigrane ou la plupart tu les a découvert après avoir écrit ?

Non pour le coup c’est quelque chose qu’est plus volontaire. J’avais vraiment envie que tout ce champ lexical soit omniprésent dans l’album. C’est quelque chose qui revenait très très souvent quand j’écrivais. Après ce que je t’ai dit aussi tout à l’heure, on a créé quasiment une vingtaine de titres. Des morceaux dans lesquels y avait aussi ce type de références. Mais je savais que même en faisant sauter des morceaux, en réécrivant derrière, ou en repassant sur certains des titres qui sont aujourd’hui dans l’album, j’allais quand même garder cette omniprésence et donc toutes ces références au noir, à la lumière, ça c’était quelque chose qu’était vraiment voulu. J’avais presque peur que ça paraisse un peu forcé. Mais je trouve que ça reste assez équilibré, mais c’était carrément volontaire.

Ce côté “découvrir des choses après les avoir écrites” c’est intéressant et ça revient à pas mal de choses que t’as pu me dire avant, notamment le fait que t’as voulu revenir sur quelque chose de très naturel. Soulages, il dit quelque chose d’un peu similaire : “C’est ce que je fais qui m’apprend ce que je cherche”. Et toi tu sors une phrase qui peut s’en rapprocher “Tant mieux si mes peines peuvent soulager les tiennes” Est-ce que toi c’est en écrivant que tu comprends ce que tu vis et ce que tu ressens ?

Ouais quand même pas mal. Parce que c’est toujours difficile de prendre du recul sur ce qu’on fait. Moi quand je créé l’album j’ai vraiment la tête dans le guidon et je sors la tête de l’eau après des mois de charbon à écrire, enregistrer, à réécrire, raturer. Et y a un moment où tu prends le recul sur ton album et tu l’écoutes peut-être un peu différemment aussi. T’essaies peut-être d’être un peu plus objectif. Et c’est là que tu te rends vraiment compte de ce que tu viens de poser sur ta feuille et après en musique. Y a des choses qui sont peut-être plus volontaires, et ça pour le coup c’est juste un truc qui selon moi en tout cas est difficile de se rendre compte avant d’avoir vraiment pris du recul sur ce que tu viens de proposer. Réécouter ton projet d’une traite. Et des fois tu peux te prendre des petites claques. Enfin tu peux être assez surpris en fait. Alors que c’est toi qu’a créé le projet mais c’est vrai qu’en le réécoutant tu le redécouvres aussi.

Tu te rends comptes de trucs presque sur ta propre vie, ça va au-delà de la musique.

C’est ça carrément, puisque je te disais j’ai essayé de faire une synthèse de tout ce qu’il s’est passé dans ma vie. Donc écouter cette espèce de condensé sur 30 minutes, de ce qu’il s’est passé ces trois dernières années, ouais ça fait toujours bizarre quand tu le réécoutes d’une traite. C’est très différent de quand t’es en train de créer et que tu relis ton texte pour essayer de l’apprendre. Y a vraiment un rapport à ta propre musique à ce moment-là qui est très différent.

Du coup tu dis “Tant mieux si mes peines peuvent soulager les tiennes”. Est-ce qu’au final, écrire tes peines te permet pas de les soulager ?

Déjà ça m’aide moi ça c’est vrai. Après, quand je dis cette phrase c’est peut-être aussi un moyen de me protéger un peu. Et de « garder la face ». Parce que c’est vrai que j’me rends quand même assez vulnérable sur ce projet-là. Je sais que ça peut potentiellement faire du bien aux autres. Pour les messages que j’ai pu recevoir sur les réseaux, de gens de ma communauté, qui me disent vraiment à quel point ça a pu les aider eux au quotidien. Des gens qui se reconnaissent vraiment à travers ma musique, à travers ce que je raconte. Et vu que moi c’est quand même des albums qui sont très écrits, très denses, ça me fait toujours énormément de bien de me rendre compte que les gens ont pris la peine d’écouter, d’analyser, ce sont vraiment reconnus dans ce que j’écrivais. Mais après moi évidemment y a plein de choses que j’écris avant tout pour me soulager moi. Ça c’est évident.

Pour revenir à ce côté naturel. Pierre Soulages dit aussi qu’il “lutte contre ce qu’il a appris”. Et quand il conseille de jeunes artistes, il leur suggère d’oublier ce qu’ils ont appris pour revenir à leurs émotions propres.
Est ce que c’est pas un peu quelque chose que t’as essayé de faire avec ce disque-là ?

Si carrément. Et c’est ce que je disais tout à l’heure quand je te dis que dès que je me mets en « album mode » j’essaye d’écouter un peu moins de musique et de me concentrer vraiment sur moi. Parce que c’est facile après de fonctionner vachement par mimétisme. Et de peut-être dériver un petit peu et finalement raconter des choses qui te ressemblent pas vraiment. Choses que j’ai pu faire moi aussi, en commençant à écrire. Ça fait 10 ans maintenant que j’écris, et au début je racontais tout sauf ma vie. Déjà parce que j’avais le sentiment que j’avais rien à dire, et puis au-delà de ça parce que tu calques tes modèles, et du coup t’essayes de faire un peu comme eux parce que tu considères que c’est ça être un bon rappeur, en tout cas en ce qui me concerne. Et j’me souviens d’une phrase, je sais plus exactement qui disait ça mais il parlait d’art plastique, c’était un plasticien très connu qui disait : “Créer c’est d’abord copier les grands-maîtres, jusqu’à arriver quasiment à leur niveau, et une fois que t’en es là et que t’as toutes les clés pour pouvoir créer ce que t’as envie de faire, à ce moment-là tu te détaches complètement, t’essayes “d’oublier” tout ce que t’as appris et c’est là que tu vas pouvoir créer ton propre univers et présenter une œuvre qui t’es propre”. Et je trouve que c’est assez intéressant, parce que nous dans le rap on a quand même une écriture qu’est très codifiée. Avec les placements de rimes, les multi syllabiques… En tout cas moi c’est des codes qui me sont chers et que j’ai pas du tout perdus. Mais après l’important c’est quand même d’essayer de proposer quelque chose qui te ressemble vraiment et qui sera en plus, plus facile à défendre. Parce que la musique elle est avant tout très personnelle donc ouais c’est hyper important pour moi de me détacher de tout ce que j’ai pu apprendre et venir proposer quelque chose qui me ressemble vraiment.

C’est ça, la plupart des grands peintres, comme Picasso, en fait ils savaient peindre souvent de manière réaliste mais ils ont créé leur propre façon de faire de l’art.

Carrément, même dans un autre registre, tu prends Marcel Duchamp. C’est un mec qui a 15 ans pouvait te faire des toiles de paysage en format vraiment spectaculaire. Et c’était maîtrisé à la perfection. Il pouvait te peindre des drapés avec une qualité technique impressionnante, et à un moment donné, il a vraiment réfléchi, il s’est posé la question et il a proposé des ready made. Et quand tu connais pas vraiment le travail de l’artiste, tu peux avoir le sentiment que c’est un truc qu’est hyper bâclé, que c’est juste du snobisme intellectuel et qu’en fait ça veut rien dire. Mais c’est ça en fait. Le mec il a complètement déconstruit son art et il en est arrivé à là. Mais y a une vraie réflexion derrière. Il s’agit pas juste de retourner un urinoir et dire “regardez je suis un génie”. 

Au final dans le rap on peut trouver les mêmes exemples. Un artiste comme Heuss L’enfoiré il est capable de rapper et découper une prod, mais à un moment il s’est dit “en fait nique les multi syllabiques et les placements techniques, je vais faire ma propre sauce”. Alors c’est une autre démarche mais il s’est détaché de ça.

Ouais et j’pense que c’est aussi sa maîtrise qui lui permet de faire des morceaux, dansants, qui plaisent à tout le monde. Parce que le mec sait faire les deux. En fait, le mec il a tellement un bagage solide en terme de rap, que derrière lui il peut vraiment s’amuser. Et je trouve ça cool de déconstruire son art de cette façon-là et de proposer quelque chose de différent. Mais si demain tu te retrouves avec Heuss L’enfoiré en freestyle, il peut te bousiller. C’est vraiment pas son problème.
Moi de toute façon je suis pas du tout un cas isolé. Tu prends le cas de Georgio qu’est un mec qui vient quand même des scènes très kickées, freestyle, aujourd’hui il peut te sortir un album de quasi pop, ça marche très bien.

Même des énormes rappeurs comme Booba. Au final il a une énorme évolution, et c’est pas pour rien. Il a plus besoin de faire ses preuves, de faire ce qu’il faisait sur Mauvais Œil.

Exactement ! C’est ça qu’est assez remarquable. Même en citant les morceaux assez récents, il peut te faire un Validé. Trois semaines après, sortir Kayna en single et c’est une leçon de rap. C’est ça qu’est trop bien, c’est des artistes qui sont vraiment complets. Donc ouais j’suis vraiment pas un cas isolé et j’pense que j’ai clairement pas encore cette maîtrise-là, mais en tout cas c’est ce vers quoi on tend tous. Je trouve ça remarquable en vrai.

Dernière question sur Soulages. Dans son travail il cherche le reflet de la lumière sur le noir. Tu dirais que c’est quoi la chose la plus sombre que tu connaisses mais qui au fond est teintée de lumière ?

Je sais pas… Peut-être la mort qu’on veut célébrer. Ce serait la perte de quelqu’un, et plutôt que passer le restant de ses jours à pleurer cette perte-là, peut-être que c’est plus important de le célébrer et faut toujours essayer d’y trouver de la lumière. Aussi difficile soit-il. Arriver à aller trouver cette lueur-là dans des événements aussi dramatiques. 

Ça peut faire penser à des paroles d’Oxmo Puccino, dans Le Vide En Soi, où il dit “Vaut mieux chanter ensemble qu’y penser tout seul”. C’est ce truc-là, de célébrer ensemble la mort plutôt qu’y penser soi-même.

C’est exactement ça, elle est vraiment incroyable cette phrase. Ça décrit bien ce que j’ai essayé d’étayer comme propos.

Toute dernière question, le site s’appelle VraisSavent en référence au titre Les vrais savent de Lunatic. D’après toi c’est quoi LA chose essentielle que les vrais devraient savoir ?

C’est peut-être un peu bateau mais c’est un truc que je ressors pas mal en ce moment. Je pense que c’est un message qu’il faut faire passer à tout le monde, même pas qu’aux vrais. Surtout aux cons d’ailleurs. C’est vraiment “Essayez de tous vous aimer les uns les autres”, parce qu’on vit des temps vraiment vraiment difficiles et moi j’peux plus allumer la télé, être sur Internet sans avoir le cafard 15min après. Voilà je pense que c’est important, en tout cas de donner vraiment beaucoup d’amour aux gens qu’on estime, qui nous entourent. On n’a pas le temps ni assez de place dans nos cœurs pour toute cette haine. Donc s’il vous plaît, aimez-vous les uns les autres, le monde ne s’en portera que mieux.

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