GameBoy, doyenne des jeux vidéo

Vendue à près de 120 millions d’exemplaires à travers le monde, la console portable 8-bit de Nintendo a roulé sur la concurrence dans les années 90. Pourtant moins puissante que la Gamegear de Sega ou la Lynx d’Atari, la GameBoy a su se démarquer de ses adversaires de l’époque. Plus petite, demandant moins de piles et surtout possédant un catalogue de jeux bien plus intéressant que ses consœurs, elle est rapidement devenue LE symbole de sa génération. Un symbole d’une époque révolue, mais encore bien placée dans l’imaginaire des rappeurs. Objet classique de l’enfance, c’est un souvenir intemporel, une madeleine de Proust.

Dans l’imaginaire collectif, la GameBoy était dans les mains de tous, notamment grâce à son prix attractif. Mais toutes les familles n’avaient pas forcément les moyens d’en offrir à leurs enfants. Certains rappeurs se remémorent la galère et cet objet de convoitise. « Mais qu’est-ce qu’ils peuvent bien avoir de plus que moi // Une GameBoy, de l’argent d’poche au début du mois » raconte Sir Doum’s sur Mon Histoire. La même chose chez Bazoo et Disiz : « Mon père a refusé la GameBoy donc j’ai appris les échecs », « Jvoulais une console, j’voulais la Néo-Géo, ou bien une GameBoy pour jouer sous le préau ». Plus ambitieux, Jok’Air compte bien changer la donne pour sa descendance : « Enfant j’rêvais d’avoir une GameBoy, mon gosse aura un cross ».

Au-delà des propres souvenirs des rappeurs, la GameBoy est aussi un marqueur temporel. Commercialisée durant toutes les années 90, elle a forcément touchée de nombreuses enfances. Sa simple évocation permet immédiatement de se représenter l’époque dans laquelle se situent les textes des artistes.

Si bien que pour la jeune génération de rappeurs, la console est désuète et représente clairement un temps révolu. Comme le dit Captaine Roshi dans Larosh : “Toi t’es ancien comme GameBoy”

Avant d’être un marqueur de temps, la GameBoy, c’est avant tout une console de jeu. Si les rappeurs la voulait ou l’avait, c’était pour y jouer. Une enfance que Loveni regrette sur le morceau Racks de Myth Syzer “J’peux rien y faire, j’préférais quand j’jouais à la GameBoy”. Une console pour laquelle Croma de La Cour de Récré a lui aussi des préférences : “J’préfère jouer a la GameBoy, plutôt qu’aller à l’école”. Un amour des jeux vidéo clairement décrit par le groupe par ses références dans le texte, mais surtout sur la prod qui sample Zelda Ocarina Of Time.

La GameBoy, elle a pu développer l’imaginaire de nombreux enfants. Facile de se voir dans les donjons de Zelda, se prendre pour Mario combattant Bowser, ou bien être à la recherche de Pokemon dans les hautes herbes du jeu.

À cette époque, certains imaginaient que la console allait enfermer les enfants chez eux. Les jeux vidéo étaient vus comme un ennemi des cours, empêchant d’apprendre les leçons et ne développant aucune capacité. N’en déplaise à ses détracteurs, si certains ne lisaient pas de livre, comme Lorenzo, ils s’instruisaient autrement.

Un monde qu’on croit alors réservé aux petits. Un monde qu’on croit innocent. Eloigné des préoccupations des grands, éloigné des violences, éloigné du sexe…
C’est mal connaître le monde que de le croire si pur.

« Du porn sur la GameBoy« , « Sur son clit’ joue d’la GameBoy« , « Manipuler comme un GameBoy« . Pas besoin d’en dire plus, on voit où les rappeurs veulent en venir. À noter tout de même qu’en tant que belge, Hamza n’a pas féminisé le GameBoy (parce qu’en fait, on devrait dire “Le GameBoy” normalement, mais personne ne respecte cette règle).
Une console donc, qu’on pensait réservée à la génération des enfants ayant grandi dans les années 90. Sauf que la reine des consoles portables a touché le monde entier, et même des rappeurs qui semblaient loin de la génération visée.

On sent quand même que les anciens sont moins à l’aise avec les références à la console. Le seul qui peut se targuer de savoir vraiment parler de jeux vidéo étant Gérard Baste, ayant été carrément animateur pour l’émission Level One, sur Game One. Donc quand il rappe “Va t’acheter une DS Lite car tu n’as pas d’game, boy” sur Ça Je L’ai, il semble tout de suite plus crédible.

La GameBoy est donc devenue une référence utilisable pour n’importe qui, dans n’importe quelle situation. Certains s’en servent d’ailleurs pour rappeler que la vie, la vraie, est ailleurs. Que ce soit SCH sur X2 ou Coelho sur Longue Vie.

Nombreux sont ceux ayant encore cité la doyenne des consoles portables dans leurs textes, de 13 Block à James Deano en passant par Jul ou Meloman & Mani. On note cependant qu’une des utilisations la plus simple et la plus répandue, reste le jeu de mot du « game » (sous entendu le rap jeu), en employant le mot boy juste après, pour faire un clin d’oeil simple et efficace à la console.

De son apparition en France jusqu’à aujourd’hui, la GameBoy est source de fascination. Sans aucun doute que son nom sera encore cité dans de nombreux textes.

Si vous avez kiffé une référence parmi celles-ci, ou que vous en avez d’autres dans vos playlists, hésitez pas à les balancer sur nos réseaux !