Les Affranchis
TextesClassique du cinéma et incontournable du film de gangster, Les Affranchis sortait en France, il y a très exactement 30 ans. Une référence obligatoire pour tout rappeur souhaitant faire des allusions à la vie de gangster.
Réalisateur de génie avec un nombre effarant de films considérés comme classiques, Martin Scorsese est sans aucun doute un des cinéastes qui a su le mieux cristalliser l’ambiance sombre du milieu mafieux. À la fin des années 80, il a déjà une reconnaissance internationale grâce à Taxi Driver, Mean Streets ou encore La Valse Des Pantins. Pour jouer dans son prochain film, il décide alors de refaire appel à son acteur fétiche Robert De Niro et son compère Joe Pesci déjà présent dans une de ses précédentes réussites : Raging Bull. Pour compléter le duo, c’est Ray Liotta, pourtant encore à ses débuts dans le cinéma, qui est choisi pour incarner le rôle principal du film. Sort alors, en 1990, Les Affranchis, le film qui assoira définitivement Scorsese au sommet du cinéma. Les trois acteurs incarneront respectivement James Conway, Tommy DeVito et Henry Hill, trois gangsters dont on verra l’ascension et la chute. Plus de 2 h de film virtuose où le réalisateur retranscrit à merveille le quotidien qu’ont pu vivre réellement les mafieux de cette époque. Impossible de passer à côté de chef d’oeuvre quand on s’intéresse un minimum à ce milieu, et même au cinéma en général. Pas étonnant que les rappeurs s’en soient inspiré pour leurs morceaux.
À vrai dire, le début du film lui même, et sa phrase culte “Autant qu’j’me souvienne, j’ai toujours rêvé d’être gangster” a été samplée pour le morceau Gangster de Lino. Une réplique qui a aussi servi d’accroche et de titre à Phases Cachées pour J’ai toujours rêvé d’être un gangster. C’est avec cette référence que les trois rappeurs, accompagnés d’Hippocampe Fou imaginent pourquoi ils ne pourraient, finalement, pas faire parti de ce milieu. Un milieu qui ne fait pas non plus rêver Salif. Il utilise alors cette citation à l’inverse dans le morceau CV, pour bien appuyer que, de son côté, il n’a jamais voulu s’essayer à cette vie.
Le rap, c’est un milieu parfois violent, et les artistes n’hésitent clairement pas à le revendiquer. Dans Les Affranchis, il y a un acteur qui représente à merveille cette agressivité : Joe Pesci. Il joue le rôle d’un personnage extrêmement susceptible, impulsif, capable de s’énerver et retourner une scène en un quart de seconde. C’est donc souvent cet aspect-là que les rappeurs vont chercher à montrer quand ils le citeront dans leurs textes :
Mac Tyer – Clac Clac« Affranchi d’une zone à ne pas franchir, violent à la Joe Pesci »
Fayçal – Mes 25 Printemps“Souvent à cran, énervé comme Joe Pesci”
Hornet La Frappe – 93 Coast« J’ai un pote, d’humeur Joe Pesci, d’humeur Joe Pesci »
Qu’ils parlent d’eux même ou de connaissances, lorsqu’il est cité, il est clairement là pour montrer l’inverse de la tendresse. Avec un personnage si violent, Joe Pesci a eu son lot de scènes cultes, en particulier celle où, dans un bar, il décide de tuer de façon très violente un autre membre de la mafia qui lui a manqué de respect.
Loin de passer inaperçue, la scène aura forcément inspiré les rappeurs. Déjà en 1997 Stomy Bugsy en parlait dans le remix de Tel Une Bombe de Neg Marrons : “J’te piétine à coups d’talon façon Joe Pesci”.
Mais ce n’est pas le seul à avoir un mauvais souvenir du passage (parce que c’est Robert De Niro qui met des coups de talons). Loveni, quelques années plus tard, la représente aussi dans son morceau Joe Pesci : “Je les termine, je les piétine à la Joe Pesci« . Autant dire qu’il les termine de manière violente.
Plus scrupuleux et faisant appel à deux scènes des Affranchis, le rappeur qui a donné le nom du film à un de ses albums, Sofiane, a lui aussi évoqué cette scène. Il rappe alors dans le morceau Perfekt “J’suis comme Soolking et tous les Affranchis qui creusent des tombes // J’sais pas si t’es au courant : ça fait longtemps, j’cire plus les pompes”. Inutile de citer Joe Pesci pour comprendre de qui il parle en évoquant le cirage de pompe.
Tunisiano – Mes Mots« J’suis pas Joe Pesci, plutôt Ray Liotta »
Seulement Tommy DeVito n’est pas le seul personnage du film a avoir droit à ses références. Impossible de ne pas penser à Henry Hill, le personnage principal, incarné par Ray Liotta et dont on suit le parcours depuis l’enfance quand on pense aux Affranchis. Son nom fini forcément par être cité, et c’est le cas aussi dans le rap. Les artistes vont principalement s’intéresser à son statut. Déjà simplement Jok’Air sur Anniversaire : “ Des mafieux comme Ray Liotta”. Mais aussi en réutilisant l’action de s’affranchir. Par exemple Furax sur On va dans l’mur : “Et tant pis, le monde s’est affranchi comme Ray Liotta” et dans le morceau Get Back du groupe belge Exodrap : “On vent de la weed en vrac pour s’affranchir comme Ray Liotta”.

ALERTE SPOILER : Dans la dernière partie du film, le personnage de Ray Liotta fini par tomber en pleine dépendance de la cocaïne et devient paranoïaque. Passage remarquablement bien filmé et monté par Scorsese, où on voit le personnage Henry Hill, au volant de sa voiture, scruter le ciel à la recherche d’un hélicoptère. On peut alors imaginer que quand Booba rappe « 700 chevaux sur Rivoli, parano comme Ray Liotta” dans un extrait de morceau posté il y a peu sur Facebook, il s’imagine avec un sac de cocaïne dans le coffre. Seulement Henry Hill n’est pas parano pour rien, et il finit par se faire coffrer. Pour s’en sortir, seule solution, dénoncer tous ses collègues. Une pratique pas très loyale, forcément mal vue.
Eff Gee – Non Merci“Une fois coupable deviennent poukaves comme Pouki ou Henry Hill”
Samat – Trahison“J’te conseille de réfléchir, pour s’en sortir, un mec balancera comme dans les Affranchis”
Despo Rutti – 360 Degrés Angle Mort“Henry Hill dans Les Affranchis a balance pour sauver sa femme et ses gosses // Est ce qu’il a eu raison de le faire? »
En dehors de Joe Pesci cité pour sa violence, ou Ray Liotta, notamment pour sa trahison, on retrouve parfois De Niro pour des références assez simples. Que ce soit Rohff avec T.D.S.I. : “Sauf que je ne suis pas Robert De Niro, je t’affranchis, ça monte au cerveau” ou le couplet de Laylow sur le titre Pour Moi de TLZ Clan : “T’inquiètes, mes gars vont pas flancher, De Niro dans les Affranchis”.
Malgré son importance dans l’histoire, son personnage se trouve au final assez peu cité. Il l’est même moins qu’un personnage tout à fait anecdotique dans le film : Jimmy Deux Fois. Surnom donné à un rôle secondaire qui répète toujours tout deux fois. Il semble étrange qu’il se soit retrouvé sur plusieurs morceaux. Pourtant, le nombre d’occurrences vient peut-être du fait que le Duc s’en soit inspiré pour un morceau entier, Jimmy Deux Fois. Il réitérera d’ailleurs la référence plus tard sur le morceau Gotham : « J’te présente Jimmy deux fois, Ray Liotta ». Seulement il n’est pas le seul et sera suivi par plusieurs rappeurs, et même rappeuse. Soit le personnage les aura marqué, soit le Duc aura réussi à les inspirer. Ce qui semble être le cas notamment de Sianna qui reprendra la même structure de vers pour faire la référence.

Sianna – Hunger Games« J’vais les fumer, les fumer, Jimmy Deux Fois »
Leck – Genesis« Demande à Jimmy Deux Fois c’qu’on trouve à Baden Baden »
GLK – Wesh« Jimmy Deux Fois, deux verres de champagne, double kichtas cachées dans la campagne »
Pour qu’un personnage aussi dérisoire que lui soit cité tant de fois, c’est que le film est devenu une référence obligatoire dans le rap, et même dans les quartiers en général. Nombreux sont ceux qui l’ont vu ou qui le conseille autour d’eux. Les rappeurs n’hésitent pas eux même à citer les Affranchis en tant que film vu ou à voir.
Lanimal – Facile à Fumer« Mais c’est lui qui l’a choisi, il a regardé les affranchi et veut pousser d’la fonte »
Neka – C’est Parti De Rien« J’écrivais en admirant Malcolm et Massoud // On regardait Les Affranchis, Usual et Boyz N the Hood »
Diam’s – Jeune Demoiselle« Mon mec regarde Scarface, Les Affranchis et Casino // Mais aussi Friends, Lost et Les Sopranos »
Le film devient même un critère de choix pour Diam’s quand elle cherche son “mec mortel”. Si elle-même le considère essentiel, on peut donc assurément dire que personne ne doit passer à côté du chef d’œuvre de Scorsese. À vrai dire, rares sont les rappeurs à n’avoir jamais cité Les Affranchis. De Disiz à Laylow, en passant par Swift Guad et Sinik, on aurait pu encore pu trouver de nombreuses références. Loin d’être le seul long métrage inspirant en ce qui concerne la mafia, Les Affranchis reste quand même un classique parmi les classiques.
Si vous avez kiffé une référence aux Affranchis ou que vous en avez d’autres dans vos playlists, hésitez pas à les balancer sur nos réseaux ! Si vous aimez les Affranchis, vous aimez sans doute aussi Snatch dont un article est disponible juste ici !
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Lino - Gangster
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Phases Cachées - J'ai Toujours Rêvé D'être Un Gangster feat Hippocampe Fou
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Salif - CV
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Mac Tyer - Clac Clac
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Fayçal - Mes 25 Printemps
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Hornet La Frappe - 93 Coast
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Neg Marrons - Tel Une Bombe feat Secteur Ä
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Loveni - Joe Pesci
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AriBeatz - Perfekt feat RAF Camora & Sofiane
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Tunisiano - Mes Mots
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Jok'Air - Anniversaire
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Furax - On Va Dans L'mur
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Exodarap - Get Back
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Eff Gee - Non Merci
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Samat - Trahison
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Despo Rutti - 360 Degrés Angle Mort
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Rohff - T.D.S.I.
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TLZ Clan - Pour Moi feat Laylow
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Booba - Jimmy Deux Fois
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Booba - Gotham
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Sianna - Hunger Games
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Leck - Genesis
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GLK - Wesh
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Lanimal - Facile à Fumer
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Neka - C'est Parti De Rien
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Diam's - Jeune Demoiselle