L’invasion planétaire Pokémon, part 2

À la fin du mois de février, Pokémon ses 25 ans d’existence. À cette occasion, nous avions publié un premier article sur les références à la série dans le rap français. Mais en dehors du mot « Pokémon », et des monstres dont il est question, le jeu possède toute une grammaire, des codes, des objets, des lieux, bref des références utilisables pour les rappeurs. Le précédent article finissait en rappelant qu’un Pokémon, il faut avant tout le capturer, comme le souligne Makala.

Seulement, comment fait-on pour capturer un Pokémon ? La question paraît simple pour tous les connaisseurs de la série. Pour les autres, le rap permet de vous renseigner. Le monde de Pokémon est doté d’une technologie révolutionnaire qui permet de « capturer » les monstres, à l’instar de la SPA ou des animaleries dans la vraie vie. Pour cela, les humains peuplant la franchise utilisent des « Pokéballs », un objet qui a donc la capacité, en étant bien utilisé, de capturer les Pokémons.

C’est assez simple, qu’ils parlent de femmes, d’eux-mêmes ou de n’importe qui, l’utilisation de la Pokéball est dans son sens premier, la capture. Évidemment, en tant qu’objet très représenté dans la pop culture, et surtout dans la franchise, les rappeurs ont pu aussi en parler autrement. Comme pour la GameBoy, il faut imaginer que dans l’esprit des rappeurs, ces références ne sont pas forcément enfantines. Certains en ont donc parlé de manière graveleuse, à travers une comparaison qui vient assez rapidement en pensant au mot « balls » de « Pokéballs ».

Sans doute que Rizla et Orelsan veulent sous-entendre qu’ils renferment des monstres en eux. Si la comparaison peut faire sourire, il faut se souvenir que la Pokéball, à l’origine permet tout de même une sorte de braconnage. Il n’y a donc pas que des références se voulant drôles ou positives. La Pokéball, toujours avec cet aspect d’enfermement, réserve quelques punchlines plus dramatiques.

Les ingénieurs du monde Pokémon auront créé une technologie aux pouvoirs relativement effrayants. Mais dans leur monde, ils y ont vu les mêmes failles marketings possibles que nous, proposer différentes catégories de Pokéballs. Il y a évidemment les Pokéballs classiques, qui ont une chance de capture assez faible. Mieux, il y a les Superballs, un peu plus efficace. Il y a aussi tout un tas de Pokéballs destinées à des environnements particuliers. Il y a l’Hyperball, destinée aux Pokémons rares, et enfin la Masterball. Dans les jeux elle n’est toujours disponible qu’en un exemplaire, et pour cause elle permet de capturer n’importe quel Pokémon du premier coup. Certains rappeurs préfèrent donc multiplier leurs chances de capture en utilisant le nec plus ultra de la technologie.

Une question pourrait se poser en tant que personne totalement extérieure à la franchise, pourquoi capturer les Pokémons ? Il existe essentiellement deux raisons à ces captures. La première, c’est évidemment se défendre et combattre, peut-être pour devenir « le meilleur dresseur ». La seconde, plus « scientifique », a pour but de connaître le monde qui nous entoure, en remplissant notre Pokédex. Cet objet, comme son nom l’indique assez bien, est une sorte de bestiaire où, en les capturant, on apprend des informations sur la race des Pokémons en question.

L’objectif de Biffty et An’Om semble donc purement scientifique. Mais le monde de Pokémon possède tout un tas d’objets importants relatifs aux monstres. En dehors de collectionner les Pokémons, il est possible de les élever, en les faisant combattre. L’objectif est de leur faire « monter de niveau » pour qu’ils deviennent plus forts. Mais là aussi, les marketeux de cet univers ont pensé à tout, créer des objets très rares permettant de monter d’un niveau directement : les super bonbons.

Lasco décide de faire une référence de connaisseur, mais ce n’est pas le seul. En tant que grand fan de Pokémon, Sopico est capable d’en disséminer à de nombreuses reprises. D’ailleurs, pour bien comprendre son titre CS04, il est important de bien connaître la franchise. Il y fait par exemple référence subtilement au Pokémon Ronflex, et surtout, à la Pokéflûte permettant de réveiller les Pokémons.

Comme vous le savez, les Pokémons peuvent combattre. Pour ça, ils montent de niveaux, et apprennent de nouvelles attaques. Généralement, elles s’apprennent avec l’expérience, mais il existe encore une technologie qui permet d’en connaître sans le moindre effort. Les CT, pour Capacité Technique et CS pour Capacité Secrète. Les différences entre les deux sont relativement minimes, mais n’ont surtout aucune incidence sur les punchlines des rappeurs.

Pour ceux qui n’ont pas assez joué au jeu, Sopico image donc les forceurs avec la CS04 Force. À en lire l’article, vous pensez peut-être que la série n’est composée que d’objets destinés aux Pokémons. Mais non, le monde est vaste et, comme nous, les humains souhaitant se déplacer plus vite, en restant écologique, utilisent des vélos, ou plutôt des bicyclettes.

D’ailleurs, contrairement à la plupart des jeux actuels où il est possible de modifier les traits de son personnage, Pokémon est sorti à une époque où la majorité des jeux de rôle avaient un personnage défini. Il diffère selon les versions, mais le plus connu d’entre tous, entre autre grâce à la série, est sans aucun doute Sacha : 

Pour se former, Sacha n’est pas seul, et peut compter sur l’aide d’un scientifique de son village, le Professeur Chen.

Pour ceux qui ne le connaîtraient pas encore, le Professeur Chen est connu aussi sous le nom de Freeze Corleone.

En dehors de Freeze, sur sa route, Sacha croisera de nombreuses personnes, qui deviendront soit ses amis, soit ses ennemis. Parmi eux, il y aura souvent des organisations criminelles, dont la plus célèbre : la Team Rocket.

Dans la série animée, la Team Rocket a tendance à faire une fixette sur Sacha et sa clique, et à leur barrer leur chemin. Heureusement, les Pokémons du héros sont souvent plus forts que cette organisation criminelle. Le final est alors régulièrement le même, Pikachu les attaque et les envoie s’envoler vers d’autres contrées.

Enfin comme pour n’importe quelle œuvre de fiction, il faut définir des contours géographiques. Sacha ne se déplace pas dans le vide. Contrairement aux idées reçues il ne s’agit pas seulement du “Monde des Pokémon” mais de régions pensées et calquées, la plupart du temps, sur des régions japonaises existantes, comme la région de Kanto.

Vous avez pu le lire un peu plus tôt, Sacha vient d’un village appelé le Bourg-Palette. Pour l’anecdote, il porte ce nom car dans la région imaginaire de Kanto, toutes les villes sont des noms dérivés de couleurs. Le Bourg-Palette étant le village de départ, c’est celui qui mènera vers toutes les couleurs.

Pour les rappeurs leur ville d’origine est facilement assimilable au Bourg-Palette. Dans le jeu, Sacha passera donc par de nombreuses villes ayant chacune leur couleur. La première qu’il rencontrera, décisive dans l’histoire, est Jadielle.

Il fera un tour dans de nombreuses autres villes et villages ayant encore des noms de couleurs : Azuria, Argenta, Carmin-sur-Mer… Au cours de son périple, il passera notamment par une ville devenue légendaire. Sa forme est assez simple, mais elle possède une musique particulière ayant fasciné le monde.

Si cette musique est si particulière, c’est qu’elle se trouve dans la ville de la Tour Pokémon, aka le cimetière des Pokémons. Comme tout cimetière qui se respecte, il est souvent peuplé de fantômes, et globalement inspire la peur.

À partir de cet instant les références sont clairement destinées aux joueurs de Pokémon. Sans connaître le background de la ville, impossible de comprendre pourquoi les rappeurs font référence à Lavanville. Mais ce n’est pas les seuls lieux distinctifs du jeu présents dans le rap français. Sopico, toujours dans CS04 évoque par exemple le Parc Safari, qui est un parc où il est possible de capturer des Pokémons exotiques.

Vient alors peut-être la question, pourquoi Sacha se déplace-t-il autant ? En dehors du fait qu’il faut forcément parcourir le monde pour découvrir et capturer de nouveaux Pokémons, il a pour objectif de devenir le meilleur dresseur. Pour ça, il y a une marche à suivre. D’abord, il faut triompher des huit arènes de sa région. Ensuite, une étape cruciale, traverser la terrible Route Victoire.

La Route Victoire est une épreuve difficile, et les rappeurs semblent y avoir passé du temps. D’ailleurs, il faut emprunter cette route pour aller au Plateau Indigo, où se trouve la ligue Pokémon. Toutes ces étapes, Croma de La Cour de Récré semble prêt à les franchir pour devenir le meilleur rappeur.

Au bout de la ligue se trouve le champion. Et quand il s’agit de références à Pokémon, le maître incontesté reste Sheldon. Il fait d’ailleurs probablement un double clin d’œil Pokémon/Harry Potter en parlant du conseil des quatre, et des quatre maisons de la série du sorcier.

Si les rois de la référence à Pokémon sont clairement des artistes issus de la 75e Session (Sheldon, Sopico, Népal…), des rappeurs de toute la France et de toutes les générations auront aussi agrémenté leurs textes de clins d’œil à la franchise. De la sortie de la série chez nous, jusqu’à maintenant, Pokémon n’a pas perdu d’aura, et continuera certainement encore longtemps à se retrouver dans des textes de rap.

Si vous trouvez qu’il manque des références, ou qu’il faudrait faire un article sur votre Pokémon préféré, n’hésitez pas à nous le dire sur les réseaux sociaux !