Rapide comme Sonic

Dans les années 80 à 90, deux entreprises de jeux vidéo font rage dans l’industrie mondiale : Nintendo, et Sega. Alors que la première est clairement leader du marché, avec des séries très rapidement devenues cultes comme Super Mario ou The Legend of Zelda, Sega traîne du pied, n’ayant comme seul « héros« , Alex Kidd, un personnage qui ne s’impose pas assez. Un concours se déroule alors en interne pour trouver une nouvelle mascotte, et c’est Sonic qui remporte la course. L’objectif du créateur, faire un jeu simple et rapide, qui puisse impressionner à l’écran et manette en main. À sa sortie, Sonic est un véritable carton, propulsant Sega à un niveau encore jamais atteint, et permettant à la firme d’être au coude-à-coude avec Nintendo. La suite est connue de nombreux enfants ayant connu cette « guerre des consoles« , Sega finira par perdre la guerre. La Megadrive a eu son heure de gloire, a gagné des batailles, mais les consoles suivantes n’ont pas rivalisé avec Nintendo et le nouveau géant, Sony. Malgré tout, Sonic, lui, a réussi à traverser les époques et à multiplier le nombre de volets où il est la vedette. Les différents jeux ont opéré quelques changements, mais le hérisson bleu a gardé son attribut essentiel, la vitesse. Et c’est justement ce qui a retenu l’attention chez la plupart des rappeurs français.

Pour souligner sa rapidité, il y évidemment de nombreuses méthodes possibles. La première qui vient à priori le plus en tête lorsque les rappeurs veulent (se) comparer à la mascotte de Sega, c’est l’action en question que le hérisson fait pour aller vite, courir.

Ce n’est pas la seule façon possible, car il y a de nombreux synonymes au verbe courir. Timal par exemple, toujours pour garder cette idée de vitesse, préfèrera utiliser le terme « cavaler« .

Même si ce n’était pas le propre du jeu au départ, très rapidement, la notion de vitesse dans Sonic a engendré une question de compétition. Si le hérisson a eu droit, entre autres, à des épisodes « Kart » comme son concurrent Mario, les rappeurs eux-mêmes veulent faire chauffer leurs meilleures baskets pour se mesurer à lui.

Et puis il y a aussi d’autres rappeurs, qui, sans même parler de courir, évoquent la vitesse du hérisson bleu, pour dire qu’eux aussi sont rapides. C’est le cas par exemple de l’homme aux 1001 comparaisons, Freeze Corleone.

Ou encore Luv Resval qui s’est à priori pris d’affection pour le personnage de SEGA et qui répète sur de nombreux morceaux à quel point leur allure est similaire.

Seulement, qui connaît bien Sonic sait qu’il existe une version plus forte, plus stylée et plus rapide : Super Sonic. Après avoir réuni les sept « Emeraude du Chaos« , il a une transformation qui ressemble fortement aux transformations des Saïyens dans Dragon Ball Z. Le hérisson devient alors blond, les cheveux (les pics) redressés. Il est capable de voler et possède une vitesse inégalée. Quel rappeur autre qu’Hayce Lemsi, qui n’a cessé durant sa carrière de prouver à quel point il était capable de débiter des mots rapidement, aurait été meilleur au casting pour se comparer à Super Sonic ?

Comme dans la plupart des jeux, le personnage principal ne déjoue pas le plan des méchants tout seul. Bien qu’ils soient peu cités, ses comparses, animaux eux aussi, ont eu leur petite heure de gloire dans le rap français. Le renard à deux queues, Tails, présent dès le second épisode de la série, est connu d’Alpha Wann, mais surtout du Renard du rap français, Guizmo.

Sonic a des objectifs, et naturellement, a aussi des ennemis. Le plus ténébreux, obscur, sombre et proche du héros, par le simple fait que c’est aussi un hérisson, c’est Shadow. Il est arrivé tard dans l’évolution de la série, mais a rapidement fait sensation, ayant même eu droit à son propre jeu -où il avait des pistolets, une idée douteuse-. Difficile de savoir si c’est bien à lui que Damso fait référence, mais le seul « sombre hérisson » connu dans le monde est Shadow.

Seulement, si Shadow est arrivé tard dans la série, Sonic a un adversaire depuis toujours. Comme dans toutes les séries de ce genre, il y a un opposant malfaisant et récurent. Megaman a le Dr Willy, Mario a Bowser, Sonic lui, a Dr Robotnik.

Le personnage a une telle popularité qu’un des premiers producteurs de Hyacinthe s’appelait Robotnik.
Comme d’autres séries de jeux vidéo, les références sont aussi nombreuses que différentes dans le rap. Si le personnage principal, ses amis et ennemis sont régulièrement cités, certains rappeurs s’attardent à des détails. C’est le cas d’un des champions de la référence, Deadi, qui a préféré parler de la vie et monnaie du jeu : les rings.

Si Deadi parle de rings et incorpore le son du jeu pour appuyer sa rime, Liqid, grand passionné de jeux vidéo, a poussé le clin d’œil encore plus loin. À l’aide du producteur Bonetrips, ils ont fait un projet entier où la musique est faite à base de samples et remix de musiques de jeux vidéo. En tant qu’enfant de la Megadrive, Liqid n’a donc pas pu s’empêcher de rapper sur la célèbre mélodie de la Green Hill Zone, sur Un jour de plus.

Série de jeu ayant sauvé une firme, allant même jusqu’à la propulser au sommet, Sonic fait sans aucun doute parti des légendes du jeu vidéo. Même si les choix opérés par ses créateurs et ses évolutions ont pu parfois poser certains doutes notamment chez les fans de la première heure, le hérisson bleu a traversé les époques. SEGA n’a pas réussi à passer le cap des consoles en 3D (la Saturn et Dreamcast ayant été des échecs commercialement) mais n’a jamais lâché sa mascotte et a réussi à la faire vivre pendant toutes ces années. Désormais, Sonic a une aura comparable à aucun autre personnage, résonnant d’une façon particulière, souvent nostalgique, dans le cœur des joueurs, et des rappeurs.

Si vous avez pensé à d’autres références à Sonic en lisant l’article, mais qui ne sont pas citées en son sein, n’hésitez pas à nous le dire sur les réseaux sociaux !