Resident Evil, des zombies et du rap

Au milieu des années 90, la Playstation règne sur le marché vidéoludique, notamment grâce à la démocratisation du CD. Avec une capacité technique énorme, les premiers vrais émois de la 3D, et surtout de nombreux développeurs qui proposeront des séries devenues cultes, la console avait tout pour surpasser ses concurrentes de chez Sega et Nintendo. Parmi ses développeurs attitrés, Capcom est déjà reconnu, entre autre, pour Megaman ou Street Fighter. Alors que le studio a déjà joué ses cartes dans de nombreux genres différents, il publiera le survival horror devenu le plus réputé de l’histoire des jeux vidéo : Resident Evil. Poussé par une musique angoissante, des plans de caméras incommodant et une peur constante de l’inconnu, cet épisode est devenu une base pour les volets suivants et pour de nombreux autres jeux. À partir de Resident Evil, le zombie est complètement démocratisé dans le jeu vidéo. Une franchise si importante dans son genre allait forcément se retrouver dans les lignes du rap français.

Pour créer l’angoisse, les concepteurs ont dû imaginer de nombreux éléments essentiels. Parmi eux, pour installer la peur, il fallait réfléchir au lieu de l’intrigue. Bien que le premier jeu débute dans un manoir, la série se déroule de manière générale dans une ville. Entre le côté dangereux et les zombies, plusieurs rappeurs sentent un rapprochement certain entre le jeu et là où ils résident.

La façon dont les rappeurs en parlent en dit long sur le ressenti qu’ils peuvent avoir quand ils parcourent leurs villes. Leurs quartiers, leurs rues, ne sont pas sûres. Ce ne sont d’ailleurs pas les seuls artistes à faire cette comparaison. Pour de nombreux membres de la Sexion d’Assaut, la capitale a des allures de Resident Evil.

Mais contrairement à ce que les rappeurs pourraient laisser entendre, la ville de la série ne s’appelle pas Resident Evil. Certains artistes, plus précis, ont donc cité directement le nom de la ville en question, Raccoon City. Parmi eux d’ailleurs, l’habitué des références pour connaisseurs : Sheldon.

Mais pourquoi parler de Raccoon City ou comparer directement sa propre ville à un jeu pareil ? Le membre le moins présent de la Sexion d’Assaut le résume assez bien dans son titre Rap de sauvage.

L.I.O. l’explique simplement, et ce n’est pas le seul rappeur à l’évoquer : certaines drogues dures transforment les consommateurs en zombies. Que l’on parle de shlags, de gueushs, ou directement des lieux où le crack est abondant, le rap cite le jeu pour symboliser le côté horrifique de ces personnes droguées.

Même sans la connaître, en citant directement la « rue Myrtha« , Mokless laisse sous-entendre l’abondance de crack à cet endroit. Vient alors une évidence. Tous ces lieux infestés de zombies sont dangereux. Il vaut mieux ne pas s’y rendre, ou bien se protéger. Nakk par exemple préconise clairement de rester à l’intérieur de sa voiture, en laissant les vitres fermées.

C’est bien connu, la meilleure défense, c’est l’attaque. Le milieu du rap est habitué à parler d’armes blanches et d’armes à feu de toutes les façons possibles et imaginables. Il était donc possible de l’imaginer, les références aux armes et au jeu ont été multiples.

On peut noter une certaine affection pour Capcom du côté de chez Katana et Kaaris qui sont aussi des joueurs de Street Fighter. D’ailleurs, comme toujours, il faut garder en tête que Resident Evil est un jeu. Rares sont les rappeurs à le rappeler, heureusement Gerard Baste nous indique qu’il doit finir le dernier épisode.

Quelques autres métaphores et références ont pu être glissées ici et là, en utilisant des thèmes moins récurrents que les villes ou la drogue. Rêves et cauchemars s’entremêlent dans les nuits de Vald. Il songe alors avec des visions proches du jeu d’horreur.

Ce genre de rêve amène sans doute des problèmes de sommeil, et une envie de dormir moins présente. Malgré tout, il faut savoir tout de même se reposer pour éviter que sa propre vie devienne Resident Evil.

Et comme le souligne L’Indis, à l’image de la phase de Shawn-H dans Toujours à propos de son manque de sommeil, le public lui-même peut parfois tirer une « tronche d’enterrement ».

Enfin, bien qu’ils ne soient pas forcément charismatiques, et donc régulièrement cités, les personnages de Resident Evil ont des noms. Sheldon cite Léon dans Rang S, mais il n’est pas le seul à connaître la série sur le bout des doigts. Chacun a son épisode fétiche, mais Vald et Cendar se souviennent très bien des antagonistes.

Qu’il s’agisse d’un des films, ou bien d’une sortie événement d’un nouvel épisode, la grande majorité des rappeurs a dû vivre en côtoyant Resident Evil. En tant que franchise dominant son genre, elle est devenue incontournable. Elle est encore active avec de nouveaux jeux sur les consoles actuelles. Ainsi, quelle que soit la génération, les rappeurs ont fini par au moins en entendre parler, voire être incollable sur le sujet. En tant que série principale traitant des zombies, l’évocation de Resident Evil risque d’être encore abondante dans les prochaines années.

Si vous avez pensé à d’autres références, qui ne sont pas encore citées dans l’article, mais qui vous ont marqué, n’hésitez pas à nous le dire sur les réseaux sociaux !