Le top albums 2021
Vrais SaventL'année 2021 vient juste de finir, et elle était plus que jamais riche en rap français. Quoi de mieux pour résumer, découvrir ou redécouvrir des projets qu'un top ? Premier top du mois, qui concernera donc les formats longs qui ont marqué cette année.
Si l’année 2020 avait été marquée par le COVID et ses restrictions, 2021 a été le retour léger de la liberté, notamment avec les festivals et salles de concerts qui ont pu rouvrir pendant plusieurs mois. L’occasion pour les artistes d’annoncer de nouvelles dates, et par ricochet, de proposer de nouveaux albums. À l’image de ses restrictions sanitaires, le début d’année a été timide, mais s’est conclu par des mois de novembre et décembre extrêmement chargés en projets de têtes d’affiches (Niska, Ninho, Maes, Orelsan…). À côté, certains artistes ont confirmé l’attente qu’il y avait autour d’eux (Ziak, Gazo, Guy2Bezbar, Laylow). C’est aussi le début de la percée pour les artistes inattendus de la nouvelle vague comme La Fève et Khali avec des formats longs. De nombreux projets de beatmakers (Mani Deiz, Lionel Soulchildren, La Miellerie), de médias comme 1863 ou bien de compilations (Kill Me, Le Classico Organisé, Mal Luné). Des rééditions voir double rééditions, pour agrémenter sans cesse les plateformes, ont encore vu le jour. Quoiqu’il en soit, l’année fut riche, et il était essentiel de parler des quelques projets qui l’ont marquée. Comme l’année dernière, ce top albums 2021 sera composé de dix disques, par ordre de sortie, puis dix autres , et quelques mentions spéciales. Ici uniquement des projets contenant plus de dix titres, les projets courts étant destinés à un autre top.
Connaiseur Ticaso – Normal de l’Est (01/01)

L’année 2021 a commencé fort pour le rap, et c’est Outre Atlantique qu’il fallait tendre l’oreille. Dès le premier janvier, Connaisseur Ticaso, vétéran du rap québécois a sorti un disque d’une ampleur sans précédent. Alors que ses premières apparitions discographiques datent de la fin des années 90, l’artiste a publié son premier album seulement en ce début d’année, la faute, entre autres, à une vie rythmée par l’influence de la rue et les trafics illégaux. Cette rue, c’est justement un thème récurent qu’il dépeint comme personne dans l’album. Mais outre son phrasé et sa manière d’amener les sujets, c’est surtout par sa façon de rapper qu’il se fait remarquer. Connaisseur Ticaso fait du rap sans fioritures, sans autotune, sans chant, du rap sans concession. Lorsque qu’il veut faire un morceau plus ouvert, il fait simplement appel à d’autres artistes. Les titres semblent intemporels, même quand ils possèdent des productions avec une ambiance 80’s comme Original Chilleur. Sur quinze titres et pendant près d’une heure, il rappelle à tout le monde qu’il est l’un des rappeurs majeurs de son pays. Après des années d’attente, Normal de l’Est va sans aucun doute devenir l’un des disques les plus importants de la décennie au Québec.
Nahir – Intégral (05/03)
Nahir fait partie de ces nombreux artistes à avoir été repéré par le radar de La Relève de Deezer. Après ce passage dans la compilation, et ses nombreux freestyles Fin de couplets, il commençait à sérieusement faire parler de lui et devenait l’un des kickeurs à suivre de très près. Il a alors pris le temps en sortant plusieurs extraits en 2020, dont le très remarqué Moneygram avec Freeze Corleone, puis a publié Intégral en mars 2021. La mixtape a confirmé les attentes autour de lui. Au-delà de ses talents de rappeur qu’il démontre notamment sur PTM sur un passe-passe à 4, il dévoile de nouvelles cartes. On le découvre alors très bon en storytelling sur un titre comme Le Bus. Il prouve qu’il peut chantonner sur Millions ou Le Plan. Il se dévoile sur Étoile Filante. Intégral est complet. Pour un premier disque, Nahir étonne par la maturité de son écriture, de ses flows et sa musicalité. Avec une première carte de visite aussi réussie, ses prochaines apparitions sont à ne pas rater.

SCH – JVLIVS 2 (19/03)

L’un des plus gros albums de ce début d’année était celui d’SCH. Après le succès de ses premiers disques, son ouverture vers le grand public avec son couplet sur Bande Organisé, le deuxième volet de JVLIVS était attendu au tournant. Le premier épisode avait fait sensation en montrant le quotidien de ce personnage mafieux, entre l’Italie et Marseille. Cette fois, SCH nous plonge dans l’intime, dans les failles. Les ambitions et la violence sont toujours là, mais il paraît désormais plus humain. Il est empli de doutes sur Raisons. L’amour d’une femme lui fait perdre la tête sur Parano. Et il conclut magistralement en résumant le disque par Loup Noir. « Tu veux tuer un homme ? Prends du ‘sky et des faux espoirs », le gangster qui paraissait intouchable n’est plus si sûr de lui. SCH maîtrise son récit et son personnage plus que jamais, en gardant son côté mafieux, mais en le rendant palpable. En s’autorisant de nouvelles ouvertures musicales, il a créé une dissension entre ses fans. Les quelques featurings ont particulièrement divisés, certains trouvant qu’ils nuisaient au récit global, d’autres appréciant ces temps de respirations et de changement de ton. À noter que deux des meilleurs titres étaient, au départ, disponibles uniquement en bonus et sont heureusement désormais sur les plateformes. Avec JVLIVS 2, SCH a conquis le grand public et continue de prouver qu’il est l’un des meilleurs rappeurs de sa génération. S’il a pu diviser, il a tout de même continuer le sillon du premier volet, et promet de finir la trilogie magistralement.
Di-Meh – Mektoub (14/05)
Des années que Di-Meh navigue dans le paysage du rap francophone, en étant devenu, petit à petit, le rappeur le plus célèbre de Suisse. Aiguisant son art avec des projets tous les ans sauf en 2020, il a progressivement trouvé son style, et le maîtrise désormais totalement. Pour son premier véritable album, il s’est entouré quasi uniquement de producteurs avec qui il a l’habitude de travailler. C’est sans doute grâce à ça que le disque possède une certaine cohérence. Sur Mektoub, on retrouve entre autres, ses influences maghrébines. Qu’elles se ressentent au niveau des sonorités des productions ou dans sa manière d’utiliser sa voix. Il a d’ailleurs invité le rappeur marocain Small-X sur la réédition du disque 3ayne & Mektoub. (Disque qui se suffisait amplement à lui-même, mais qui contient donc 8 nouveaux titres). Mais il est aussi à l’aise sur des productions électroniques déroutantes comme sur Planète des Singes. Mektoub a été réalisé en pensant à la scène. C’est donc pour ça qu’il est essentiellement constitué de morceaux conçus comme des « bangers » (4×4 Diplomatique, Let’s go, Daytona) et des « zumbas » faciles à chanter comme Balader ou Gatée. Avec cet album, Di-Meh a enfin trouvé sa recette, les bonnes proportions qui le différencient complètement des autres. Reste maintenant au public de se manger ses morceaux.

Zuukou Mayzie – Segunda Temporada (04/06)

Dans le grand collectif qu’est le 667, Zuukou Mayzie est un membre à part. Si Freeze Corleone peignait une variation de noirs sur LMF, Zuukou explose de couleurs sur ses projets. Ses inspirations diverses et hors rap comme Radiohead ou Sigur Rós se ressentent particulièrement sur Segunda Temporada. Mais contrairement à sa première saison, il contrôle désormais totalement ses compétences. Cette fois, quel que soit le type de production, et surtout quel que soit son invité, qu’il s’agisse du sombre digital Wit. ou du chanteur Timothée Joly, il impose son style. Et c’est justement par l’impressionnant éclectisme du casting que le rappeur se démarque. Zuukou Mayzie arrive à créer un univers qui lui appartient. Ainsi même en passant d’un titre avec le drilleur Ashe 22, à un autre avec le groupe de pop sucrée The Pirouettes il parvient à faire en sorte que la transition ne soit pas brutale. Il est devenu totalement maître de sa musique, qu’importe le beatmaker ou l’artiste avec qui il collabore. Sa voix suave, ses nombreuses références au cinéma, et surtout sa capacité à s’adapter à toute sorte de productions, font de lui le couteau suisse le mieux aiguisé du 667.
Laylow – L’étrange histoire de Mr. Anderson (16/07)
L’année dernière, Laylow surprenait la scène française avec son album concept Trinity. Présent dans presque tous les tops albums (dont le nôtre), il était arrivé comme une bombe tant la maîtrise et cohérence globale du disque étaient impressionnantes. Après un marathon de plusieurs mixtapes où il polissait son style digital, il avait enfin atteint la maturité artistique pour offrir un album qui parle au plus grand nombre tout en gardant sa singularité. L’attente était donc très forte pour le prochain disque. Plutôt que de proposer une nouvelle mixtape pour faire patienter ses fans avant un nouvel album, il a fait le pari particulièrement risqué, de raconter une nouvelle histoire. Cette fois, pas de digital, mais un voyage au centre de son âme. Contrairement à Trinity qui était assez homogène musicalement, sur LHDMA, il se permet de s’essayer à de nombreux styles. Pour ce faire, il s’est très bien entouré. Le casting est de haute volée, aussi bien français qu’anglais. Au-delà de ses compères Wit. et Alpha Wann, on retrouve une brochette gagnante avec Damso pour le banger R9R-LINE, Hamza sur le wavy WINDOW SHOPPER, et Nekfeu & Foushee sur le lancinant SPECIAL. À noter qu’il a fait aussi une collaboration Outre Manche, avec le rappeur Slowthai. Laylow profite de ses collaborations pour étendre encore plus ses pouvoirs. Il joue davantage avec sa voix, multiplie les sonorités. Surtout, il propose des morceaux forts, avec des thèmes lourds comme LOST FOREST ou HELP !!!. Si la plupart des interludes finissent par déranger au bout de plusieurs écoutes, et que l’album se trouve au final moins cohérent que Trinity, notamment par sa multiplicité de genres, Laylow a tout de même réussi son pari en proposant un deuxième album aussi riche si ce n’est plus que le premier.

B.B Jacques – La nuit sera calme (17/09)

Ils sont rares les artistes où, dès les premières secondes, l’auditeur se dit « tiens, je n’avais jamais entendu ça avant« . Sans réinventer complètement le rap, B.B Jacques fait partie de cette catégorie. Il innove par son interprétation, l’univers et l’identité artistique qu’il cultive. Sa marque de fabrique ? Une une quasi absence de rimes, un flow saccadé et une rage dans la voix qui interpellent forcément. Apparu fin 2020 avec quelques singles, l’artiste a eu l’intelligence de rester actif en proposant trois EPs au cours de l’année, qui se sont transformés en un album courant septembre. Hormis une apparition du Chroniqueur Sale, le disque s’est fait avec un entourage proche. En particulier, ce sont les beatmakers Cooking & Pense qui ont réalisé toute la musique. C’est grâce à leur alchimie et la vision de B.B Jacques que le disque se distingue du reste de la production française. D’ailleurs, Cooking coréalise aussi les clips avec B.B Jacques, ce qui leur permet de maîtriser leur univers. Après des années à travailler de son côté, B.B Jacques dévoile les contours d’une musique personnelle et singulière. Au fil des semaines, le bouche à oreille a fait son chemin et l’artiste commence à avoir une vraie communauté. À voir à quoi ressemblera la confirmation avec son nouveau projet prévu pour février.
Sheldon – Spectre (05/11)
Déjà de nombreuses années que Sheldon est le patriarche de la 75e session, en étant aussi bien rappeur que beatmaker et ingénieur du son. Avec les années, il a acquis une certaine réputation et surtout possède une base de fan solide qui le suit sur chaque projet. C’est grâce à cette communauté qu’il a pu financer son nouvel album, en ayant atteint plus de 350% du budget prévu pour son crowdfunding. Alors qu’il a pour habitude de s’occuper de tout dans ses projets, jusque dans le mix, il a pu cette fois laisser ses manettes à d’autres, pour se concentrer totalement sur sa voix et ses textes. Contrairement à Lune Noir, son précédent album, qui racontait l’histoire d’un petit garçon à la manière d’un RPG, ici Sheldon se recentre sur lui. En revanche, il le fait toujours avec une certaine pudeur, notamment en employant le même vocabulaire de la fantaisie et de la science-fiction qui le caractérise. Malgré tout, il réduit les références à la pop culture dont il a le don pour proposer quelque chose de plus terre-à-terre, de plus personnel. Le trait est particulièrement marqué sur des titres comme Caverne, ou Mon amoureuse. Avec Spectre, il n’est plus simplement novateur, et boxant seul dans sa catégorie. Désormais, son art s’est ouvert et il est capable de toucher n’importe qui.

Ziak – Akimbo (12/11)

2021 a été l’année de la confirmation pour Ziak. Après avoir envoyé des tubes drills pendant plus d’un an, qui cumulaient énormément de millions de vues et streams, il a sorti en novembre son tant attendu premier projet. Loin d’être une simple compilation de ses meilleurs morceaux, il a bien compris l’intérêt d’un disque : proposer un tout cohérent mais pas redondant. Sa manière d’interpréter proche de l’exagération ne change pas. Sa voix est toujours reconnaissable, et surtout il garde son vrai sens du rythme. En revanche, en plus de la drill et ses thèmes récurrents, il n’hésite pas à approfondir son personnage avec des titres plus personnels comme Shonen. Au niveau des sonorités, il explore aussi de nouveaux horizons en s’essayant au 2-Step sur Badman Trip ou en revenant à un semblant de boom bap sur Lahuiss. Le seul featuring de l’album est avec Maes et se trouve être particulièrement réussi. Avec Akimbo, il a réussi a transformer l’essai après des singles tranchants qui auraient pu faire de l’ombre au projet global. Si avec les années, Ziak continue de faire évoluer son personnage, tout en contrôlant parfaitement son univers comme maintenant, il deviendra à coup sûr l’un des plus grands, si ce n’est le plus grand représentant de la drill en France.
BEN plg – Parcours accidenté (26/11)
BEN plg était déjà dans notre top album l’année dernière. Il s’était fait remarqué ici et auprès du public par son interprétation et sa capacité à raconter le quotidien comme personne. Après un premier disque de haute volée, il est donc revenu un peu plus d’un an avec Parcours Accidenté. (et une interview à lire juste ici). Alors qu’il aurait pu avoir déjà tout dit, il semble avoir encore de nombreuses histoires personnelles dans son sac. Sa propension à décrire la pauvreté quotidienne dans laquelle il a vécu est toujours présente. Même dans des morceaux plus festifs comme Les préférés de la cantinière, il a quelques lignes qui nous ramènent à sa réalité « Des nouvellеs maladies, un nouvel iPhone« , « Autant d’mariages que d’funérailles« . Mais le disque va plus loin que le premier. BEN joue encore plus avec sa voix, son interprétation, avec l’émotion. Son écriture est toujours aussi incisive, mais ses flows se multiplient encore. La plupart des titres ne sont d’ailleurs pas linéaires, sans doute parce qu’il fait en sorte d’être là de A à Z lors de l’élaboration de ses morceaux. Plus le temps passe, plus le rappeur lillois montre qu’il sera présent, qu’il a de nouvelles capacités à développer et à dévoiler, et surtout et qu’il continuera de creuser son sillon en proposant des œuvres toujours plus riches.

Au bord du top
Frenetik – Jeu de couleurs / Couleurs du jeu (22/01 – 25/06)
En 2020, Frenetik avait fait sensation à travers quelques clips léchés et une manière de kicker qui se faisait rare dans le rap belge. Début 2021, il est revenu avec une carte de visite de 14 titres qui montre toute l’étendue de ses capacités. Comme de nombreux artistes, il a proposé une réédition quelques mois plus tard. Mais si la plupart des rééditions ajoutent simplement quelques morceaux, ici Frenetik a légèrement poussé le concept pour emmener son disque a un autre niveau. Alors que Jeu de couleurs ne contenait que des solos, Couleurs du jeu complète le disque de douze titres, dont dix en featuring. L’occasion pour lui de montrer qu’il n’a pas à rougir à côté de rappeurs comme Josman, ZKR ou encore Leto. À l’image de son compère Nahir avec qui il a déjà featé plusieurs fois, il remet le kickage au centre du rap.
Titre à retenir : Lumière
Sako – Meta (02/04)
Auteur du classique du rap français Maudits soient les yeux fermés, Sako du groupe Chiens de Paille, n’avait rien publié depuis longtemps, en groupe comme en solo. Après des années de maturation, il a enfin pu sortir le disque qu’il souhaitait réalisé, Meta. Un album aux mélodies et arrangements simples, où tout est clair. Un album où il laisse place aux silences, et où sa parole a donc beaucoup plus d’impact. Comme il nous le racontait dans notre interview, il voulait que le projet soit intemporel. Les années se chargeront de la réponse, mais force est de constater que le pari a l’air réussi.
Titre à retenir : Prophétie
Kekra – Kekra (02/04)
Depuis plus de cinq ans, Kekra assoit son style en proposant au minimum un projet par année. Le nom du disque pouvait le laisser présager, avec Kekra, il signe peut-être son meilleur album. Tout est maîtrisé, il dévoile toutes ses facettes, des morceaux dansants comme Jeune Voyou, aux ambiançants comme Numéro 9 ou Dans l’dos. Avec une discographie de plus de dix projets, et tout autant d’expérimentations, il est sans doute l’un des artistes qui a permis à la nouvelle vague de s’émanciper. Si la réédition sortie en juin n’a que peu d’intérêt, le disque reste malgré tout une pierre angulaire à sa carrière.
Titre à retenir : Hokuto
Khali – Leila (21/05)
Tête de proue de la new wave avec La Fève, Khali a fait paraître en milieu d’année son premier album : LAÏLA. Difficile à appréhender au premier abord, une fois surmonté, le style si unique de l’artiste emmène l’auditeur. Il a gardé sa voix et son interprétation si particulières qui le différencient immédiatement du reste de la scène française. Mais si l’album est une véritable réussite, c’est aussi et surtout grâce à ses productions variées, très électroniques et souvent évolutives. Véritable pavé dans la marre, LAÏLA est la première pierre à l’édifice du prochain règne de la new wave.
Titre à retenir : LAÏLA BAÏDA
Lpee – Monochrome Vol.2 (21/05)
Il y a quelques années, Lpee s’était émancipé de son groupe LTF et propose depuis des projets solos. Alors que son premier disque s’appelait Monochrome, il a décidé, comme un retour aux sources, de faire un deuxième volet à ce projet. Avec une grande inspiration de Pierre Soulages comme il nous le disait en interview, l’album explore de manière directe ou indirecte les liens entre lumière et noirceur. Aussi à l’aise sur des prods sombres que sur une simple guitare, Lpee se dévoile encore de la plus belle des manières.
Titre à retenir : Bonhomme
Eddy Woogy – Tutti Cuanti (28/05)
Cela fait maintenant plusieurs années que le membre de Bavoog Avers et l’Animalerie s’est émancipé en solo. Il a cultivé sa singularité en silence, en proposant assez régulièrement des EPs plus ou moins surprise, ou en tout cas peu voir pas médiatisés. Même chose pour ce nouvel album, qui aurait pourtant mérité une bien plus grande audience. Eddy Woogy flirt de plus en plus avec le chant et continue les expérimentations avec sa voix et avec le son. Il est aussi à l’origine de toutes les productions de l’album (hormis Quand je dors en co-prod avec Oster Lapwass), et (CA SE SENT) tant l’album est unique et ressemble à son auteur.
Titre à retenir : Cul de sac
Doria – Depuis le départ (25/06)
Après un premier EP en 2019, et quelques inédits en 2020, l’attente autour de Doria s’amplifiait. Sans forcément surprendre, la rappeuse de Nanterre offre avec Depuis le départ, un album qui a toutes les propositions possibles pour être en tête du top stream. Chant, rap, tout est maîtrisé et colle parfaitement aux codes actuels. Le seul manque possible serait peut-être quelques featurings pour que son nom soit plus reconnu. Pour un premier projet long, il est parfaitement réussi et Doria n’a pas à rougir devant les grosses productions actuelles, bien au contraire.
Titre à retenir : 96
Sarahmée – Poupée Russe (03/09)
Le Québec a proposé de nombreux disques cette année, avec entre autres le retour du groupe 5sang14 et Manu Militari, les EPs de Larry Kidd… Au centre de ces disques, la rappeuse Sarahmée a tiré son épingle du jeu. Après un gros featuring accompagné de deux des plus gros noms du pays, Koriass et Souldia, elle a publié en septembre l’un des albums les plus intéressant du Québec. Sur ce troisième projet, elle démontre une fois de plus qu’elle maîtrise le rap et sait se raconter. Qu’elle que soit les prods, trap, piano ou guitare-voix, influences africaines ou actuelles, elle reste pertinente et sait se placer pour rendre les titres captivants.
Titre à retenir : Sourde
Sam’s – Inspiré d’histoire(s) vraie(s) (05/11)
Après son succès avec Validé, et plus de six ans après son premier album, l’attente autour de Sam’s était conséquente. Il aurait pu jouer la facilité en ne proposant que des morceaux taillés pour la radio. Il a plutôt pris l’exercice de ce nouvel album à cœur en travaillant bien chaque titre, aux ambiances parfois bien différentes. Hormis un featuring attendu avec Hatik, il a pris des risques envers son public avec des collaborations étonnantes avec Aloise Sauvage ou Grand Corps Malade. Confier le premier couplet de son album à Niro était aussi particulièrement osé. Mais au-delà de ses qualités de rappeur qui sont indéniables, c’est encore sa manière de raconter qui fait voyager l’auditeur dans ses titres inspirés d’histoires vraies.
Titre à retenir : Le fond de la classe
Guizmo – 10 ans (17/12)
10 ans, c’est le nom du dernier album de Guizmo, mais c’est aussi le temps qui nous sépare de son premier disque. Durant toutes ses années, il a été extrêmement productif et a publié de nombreux projets aux résultats inégaux. Si de manière générale ses thèmes de prédilection n’ont jamais changé, sa manière de les traiter a toujours été percutante. Revenu avec un morceau fleuve comme à son habitude, appelé Seyar en référence aux productions souvent tirés des Chevaliers du Zodiaque pour ses titres forts, il annonçait clairement un album avec un retour aux sources. Et comme il le dit sur le disque « J’aime trop le pera, moi j’peux pas vous faire de la zumba« . La preuve, beaucoup de morceaux font plus de cinq minutes, et la plupart possèdent des couplets uniques, comme pour montrer qu’il a encore de quoi raconter malgré ses 10 ans de discographie.
Titre à retenir : Seyar
Mentions Spéciales
Il est toujours très compliqué d’établir des classements tant de magnifiques disques sont sortis et mériteraient que l’on parle d’eux. Alors, sans vous les présenter, n’hésitez surtout pas à écouter les projets suivants. À noter qu’une playlist (Spotify, Deezer ou Youtube) se trouve à la fin de l’article.
Ashkidd – L’amour et la violence (29/01), Youssoupha – Neptune Terminus (19/03), Fadah – Chaudar (02-04), Jazzy Bazz, Edge & Esso Luxueux – Private Club (23/04), Butter Bullets – Sans Titre (04/06) Moussa – Premier (04-06), LK de l’Hôtel Moscou – San Fransisco (2021) (19/09), Nedelko – Urizen (21/09)
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Connaisseur Ticaso - Trauma
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Nahir - PTM feat C.O.R, Nini Mess & Rvzmo
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SCH - Crack
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Di-Meh - Gatée
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Zuukou Mayzie - Spike
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Laylow - VOIR LE MONDE BRULER
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B.B Jacques - En Écoutant Du Brahms
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Sheldon - Caverne
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Ziak - Shonen
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BEN plg - En-dessous des nuages
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Frenetik - Lumière
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Sako - Prophétie
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Kekra - Hokuto
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Khali - LAÏLA BAÏDA
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Lpee - Bonhomme
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Eddy Woogy - Cul de sac
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Doria - 96
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Sarahmée - Sourde
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Sam's - Le fond de la classe
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Guizmo - Seyar
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Ashkidd - Misérable
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Youssoupha - Mon roi
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Fadah - Autre chose
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Jazzy Bazz, Edge & Esso Luxueux - Hier encore
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Butter Bullets - Sans titre
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Moussa - Loues
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LK de l’Hôtel Moscou - Contradictoire
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Nedelko - Troisième impact