Le top EPs 2021

Vrais Savent

Après vous avoir présenté le top albums de 2021, il est temps de passer aux EPs ayant marqué l'année. Avec des centaines de projets publiés tout au long de ces douze derniers mois, difficile d'y voir clair. Ce top des formats courts est donc l'idéal si vous n'avez pas pu suivre toute l'actualité de l'année.

Il fut un temps, pas si éloigné, où les EPs étaient réservés aux artistes émergents, servant de petite carte de visite pour se faire connaître avant de sortir un album. C’est d’ailleurs toujours le cas pour une grande partie de l’industrie de la musique. Mais le rap lui, ne cesse de s’émanciper des codes classiques. Il a bien compris qu’à l’heure du streaming, il faut être présent toute l’année. Pour ça, le format EP est sans doute le plus approprié. Proposer à son public une capsule de trois à dix morceaux, pour le faire patienter jusqu’à la sortie d’un projet plus long. Cette année, énormément d’artistes y ont eu recours qu’ils soient débutants comme confirmés. Certains gros rappeurs comme Lefa, Koba LaD ou Josman en ont sorti plusieurs dans l’année alors même qu’ils ont des albums certifiés. D’autres loin d’être émergents comme Nemir, Green Montana ou Rim’k en ont publié un, sans doute avant la sortie d’un plus gros projet. Des rappeurs d’anciennes générations comme Aketo, Grödash, Busta Flex ou encore Ol’Kainry ont eux aussi signés leurs retours par le biais du format EP. D’autres publient ces disques au compte goutte, en plusieurs volumes, comme Bakari, Lasco, Ratu$ ou même Lucio Bukowski sur la série qu’il compte publier avec Tcheep. Même du côté des beatmakers, le format semblait idéal puisque des artistes comme Le Blaze, Todiefor, Vladimir Cauchemar ou 99 & Wolfkid en ont révélés dans l’année. Et ce fut aussi le cas pour des médias comme Rap/Club ou encore le vidéaste Raska, qui nous a offert sa Santa Tape pour décembre. En 2021, ce format a donc clairement explosé et s’est retrouvé chez de nombreux rappeurs et beatmakers. Mais bien qu’ils méritaient d’être cités, les artistes précédents ne font pas partie de ce top EPs 2021. Comme l’année dernière, il s’agit uniquement donc de projets courts, ayant moins de dix titres, qu’ils soient considérés comme album ou EP initialement. De la même manière que pour le top album sorti la semaine dernière, il y aura d’abord les 10 premiers projets marquants, par ordre de sortie, puis dix autres , et quelques mentions spéciales.

Tedax MaxForme Olympique (01/01) (et Forme Olympique : Middle Season (18/06) + Forme Olympique : Final Season (29/12))

Si côté album, il fallait tendre l’oreille vers le Québec pour entendre du rap pur et dur le premier janvier 2021, côté EP, il fallait aller à Lyon. Alors que personne ne le connaissait vraiment, Tedax Max est arrivé cette année comme une bombe, en étant exigeant sur la qualité et le type de produit qu’il propose. La pochette d’album annonçait déjà une certaine couleur. Un homme cagoulé au royaume des dieux, comme si Tedax Max avait touché la grâce. Comme si la rue et l’illicite allaient être magnifiés. Et c’est exactement ce que le rappeur lyonnais propose. Sur des sonorités souvent boom-bap, il rappe la rue comme peu d’artistes de sa région ne l’avaient fait avant. D’ailleurs, les références au 69 sont légion. Les références tout court aussi, souvent pointues, qu’il s’agisse de cinéma, de basket ou de rap américain. Tedax Max montre qu’il maîtrise son sujet, et le transpire. Avec trois projets et une apparition dans Colors, cette année aura fait de lui une des nouvelles étoiles à suivre de près pour 2022.

Mac TyerNoir 2 (15/01) (et Noir 3 (01/10))

Dans tous les milieux musicaux, il y a des artistes qui restent ancrés dans leur époque, et d’autres, qui comprennent très bien les mouvements opérés par leur genre. S’il est commun de dire que Booba, Rim’K ou Alonzo ont su comprendre les nouveaux codes du rap, notamment à travers le « mainstream« , un nom est souvent oublié, Mac Tyer. Cette année, il aura pourtant été particulièrement productif, avec deux épisodes de sa trilogie Noir, ainsi qu’un EP en commun avec Remy, 2G et Ikyass. Et force est de constater que plus les années passent, plus Mac Tyer semble à l’aise derrière un micro. Qu’il soit seul ou en featuring avec des rappeurs qui l’écoutaient à ses débuts, il ne cesse d’être pertinent. Sur Noir 2, comme sur les autres volets, il montre encore à quel point le rap n’a plus de secret pour lui, étant capable de se mesurer à n’importe quel type de prod. Plus de vingt ans de carrière, et une discographie respectée mais mésestimée comme il le reconnaît lui-même « j’ai des classiques mais pas de trophée« . Mac Tyer continue de prouver qu’il est l’un des rappeurs les plus importants de l’hexagone.

Jewel UsainMode Difficile (07/05)

Depuis de nombreuses années, Jewel Usain est un rappeur qualifié de rookie, que de nombreux auditeurs et médias aimeraient voir percer. Seulement depuis son premier projet publié en 2015, il n’a sorti que des singles et deux EPs. Aucun format long. Comme s’il avait encore besoin de temps pour se trouver, pour établir son style qui lui serait propre. Après cette longue maturation, il a publié, milieu 2021, Mode Difficile. Bien qu’il ne fasse que dix titres, le disque reste le plus long et le plus abouti qu’il a proposé jusque-là. Notamment avec un gros travail sur les clips. En ce qui concerne les visuels d’ailleurs, ne vous fiez pas à la cover. Jewel est loin d’être un rappeur parodique, et surtout, loin d’être un mauvais rappeur. Bien que quelques passages puissent être drôles, l’artiste sait surtout comprendre et transmettre des sentiments humains. Il a une façon de narrer qui lui est propre et qui se retrouve dans tout ce qu’il fait, qu’il traite de sa vie, de sentiments ou même sur des egotrips. Maintenant que Mode Difficile a atteint son public, il ne manque plus que quelques featurings et un album pour 2022 pour que Jewel devienne définitivement plus que ce « rookie » dont on le qualifie depuis des années.

ChanjeE.M.I (26/02)

E.M.I. Expérience de mort imminente. Un phénomène que les personnes ayant côtoyé la mort connaissent bien et qu’ils ont tendance à qualifier de « sentiment d’amour infini, de paix et de tranquillité« . Une sensation qu’on pourrait presque associer alors au disque de Chanje tant il est agréable de l’écouter. Après un EP sorti en février 2020 qui l’avait présenté au public, il revient plus performant que jamais avec E.M.I.. Et sur ce nouveau disque, il élargit encore sa palette. Il s’aventure sur de nouveaux terrains, en étant moins sombre aussi bien dans ses textes que musicalement. Une tendance plus lumineuse donc, à l’image de l’E.M.I. Il développe aussi de nouvelles compétences, et l’intro du projet, en crescendo, prouve bien son ambition à aller toujours plus loin. D’ailleurs, ces récentes apparitions, celle avec Cinco, et celle sur la compilation de Mani Deiz où il collabore avec Hash24 (titre qui dénote le plus avec le reste de la compilation) pourraient bien lui permettre d’atteindre un nouveau public et devenir un rappeur aussi important que la qualité de ce qu’il propose. Son nouveau disque devrait arriver prochainement et il fait partie des sorties à ne pas louper pour 2022.

ArmTemps Réel (11/06)

En juin dernier, le « duc de Rennes » (comme le dirait zo. sur le podcast de mi-année de l’abcdrduson) annonçait sortir son dernier projet rap. Plus de quinze ans qu’il creuse son sillon avec un style difficilement définissable, où l’écriture peut parfois dérouter, et où la voix et les silences sont des outils puissants. Sur Temps Réel, l’ancien de Psykick Lyrikah transporte dans un monde dystopique sans être pessimiste. Comme souvent dans ses disques, l’auditeur peut se perdre et être ému sans forcément comprendre vraiment le sens des mots. Des mots qui sont d’ailleurs sublimés par les productions minutieuses de Sclé avec qui Arm avait déjà travaillé auparavant. Si sa carrière de rappeur ne s’arrêtera pas vraiment, comme il nous le confiait en interview, car il pourra toujours être invité en featuring, il a tout de même dévoilé son dernier disque purement rap. Une jolie note de fin qui annonce de bons augures pour sa carrière musicale à venir.

L’Don & CarsonNouvelle Ère (23/06)

En 2021, tout l’underground français en parlait. Le producteur émérite Madizm (NTM, Zoxea, Salif, Disiz…) avait décidé de pousser ses artistes à sortir des projets. C’est alors que le public a pu avoir énormément de surprises des excellents rappeurs Djado Mado, Aketo ou encore Yara. Mais en plus de ceux-là, Madizm compte dans son écurie un rappeur de haute volée : Carson. En 2021, en plus de son excellent EP Falconia 2, il s’est accordé une petite pause de cinq titres avec le rappeur L’Don. Les projets communs sont des objets rares et parfois laborieux, mais ici leur connexion paraît complètement évidente. Leurs voix et leurs styles se répondent avec un naturel qui pourrait presque étonner qu’ils ne fassent pas partie du même groupe. La cover pourrait le laisser imaginer, longtemps que les couleurs west coast des années 90 n’avaient pas aussi bien résonnées dans l’hexagone. Et les rappeurs en rajoutent dans le style en citant souvent Nate Dogg ou Notorious B.I.G, pour bien montrer l’affiliation 90’s du projet. Le seul reproche que l’on pourrait faire à Nouvelle Ère, c’est sa longueur, puisque les deux rappeurs n’ont proposé que cinq titres, alors qu’une vibe pareil en aurait mérité au moins le double.

Nusky & Dante SitoAntipop (09/07)

Atypique, c’est un mot qui définit quelque chose ou quelqu’un que l’on peut difficilement classer. Atypique, c’est un mot qui résumerait assez bien la carrière de Dante Sito et surtout celle de Nusky. Tous deux membres du groupe La Race Canine (qui a aussi sorti un projet cette année), les deux acolytes, habitués aux projets solos, se sont réuni le temps d’un 9 titres appelé Antipop. Eux qui ne font que très peu de promos, et sortent pourtant énormément de projets ces derniers temps (Summer 2021 et Nusky le Clown pour l’un, Luz, Johnny le synthé et Petit cœur pour l’autre) ont décidé de pousser leur expérimentation encore plus loin. Antipop porte assez bien son nom. Bien qu’il y ait quelques refrains chantés et des thématiques parfois usées le résultat reste assez déroutant. Les productions maisons sont loin d’être uniformes, et en plus des sons électroniques souvent inattendus dans les productions, il arrive qu’ils placent des interludes au début ou à la fin des morceaux qui n’ont rien à voir avec le reste. Alors que leur carrière était déjà difficilement définissable, ils continuent de montrer qu’ils ne sont pas là où on les attend. La phrase résumant d’ailleurs au mieux le projet vient de Nusky : « Et dire qu’à la base, on rappait sur de la boom-bap« .

TuerieBleu Gospel (09/07)

Ne vous fiez pas à son label, et au plus gros rappeur signé dessus, Tuerie n’est pas dans l’ambiance que l’on imagine de Foufoune Palace. À l’inverse d’un Luidji (dont le second album se fait attendre), qui a pour habitude de parler des relations qu’il a avec les femmes, Tuerie se présente sur Bleu Gospel avec des thèmes bien plus sombres. Alors qu’il n’était connu que pour son titre Golden State avec Luidji, sorti il y a plus de quatre ans, son disque paraissait sortir de nulle part. Une chose est certaine, il a surpris tous les auditeurs qui ont pu écouter le projet. En particulier dès le début avec des titres comme Prêche et Tiroir Bleu. Ce dernier titre pourrait d’ailleurs assez bien résumer le rappeur. D’abord, un don pour l’écriture, une facilité déconcertante à traiter une histoire aussi compliquée que celle d’un enfant qui vit avec un père violent. Aussi, il n’a aucun mal à passer d’un morceau en plusieurs ambiances vocales et musicales, à un titre plus classique ou même un autre où il rappe sur du gospel. Le tout forme un disque cohérent, alors même qu’il pourrait sembler partir dans tous les sens, tant les couleurs musicales sont nombreuses. Mais il est mené par une histoire, celle d’un artiste qui a cette capacité à se livrer et à parler de lui comme peu l’ont fait auparavant.

ZinéeCOBALT (23/07)

L’année dernière, Zinée se dévoilait avec un quatre titres appelé Futée et se trouvait déjà dans notre top EP. Moins d’un an plus tard, la rappeuse de la 75e Session est revenue avec un format plus long, pour bien montrer qu’elle sera bientôt « la reine de ce pays de ploucs« . Cobalt est la suite logique de Futée, comme une version augmentée de ce qu’elle sait faire. Un condensé de titres efficaces de moins de trois minutes. L’EP commence avec Agrafe un egotrip 100% naturel, et alors que le disque continue, le chant, l’autotune et les effets sur sa voix prennent place. Son univers si particulier qu’elle esquissait l’année dernière se trouve être de plus en plus précis. Elle rappe là où on ne l’attend pas forcément, sur des productions difficiles à maîtriser comme Matière Grise ou Zinée club. Se dévoile sur un titre comme Même pas mal. Et sur cet EP elle montre aussi sa première collaboration hors 75e Session avec sean. Cobalt est la confirmation que Zinée est l’une des artistes à suivre ses prochaines années.

Sameer AhmadEffendi (10/12)

Depuis de nombreuses années, Sameer Ahmad passe sous le radar du grand public, mais ne cesse d’être plébiscité par les journalistes rap, étant désigné comme l’un des artistes les plus intéressants du genre. Après les excellents Perdants Magnifiques, Apaches, ou le diptyque Un amour suprême, Effendi vient encore se poser comme l’un des disques incontournables de l’année de sa sortie. Cette propension à être dans les tops de fin d’année ne tient pas qu’à l’incroyable pochette réalisée par Bacim Al Muniem, mais tiens à cette plume et ce flegme si particulier dont le rappeur de Montpellier a le secret. D’ailleurs, si vous vous demandez, Effendi est un album, et non un EP, il est dans ce top uniquement parce qu’il ne contient que dix titres. Mais dans la substance, il aurait pu être dans le top album sans problème. Sur Effendi, on retrouve la recette de ce qui se fait de mieux chez le rappeur, le flow nonchalant, et les références pointues. D’ailleurs, le nombre de références impressionnante aurait mérité une longue interview dans nos colonnes (mais il en est déjà un peu question dans celle de Mehdi Maïzi sur l’abcdrduson). Comme le dirait Médine, l’album n’est pas fait pour être écouté, mais réécouté. Avec Effendi, Sameer Ahmad signe peut-être son meilleur album, et sans aucun doute celui qu’il faut écouter si on ne connait pas son œuvre.

Au bord du top

AplusedimsQuartz (22/01)

Si vous suivez le site depuis longtemps, ou si vous avez fouillé du côté des interviews, vous avez sans doute trouvé en février une interview du duo Aplusetdims. Les gérants du label Les Bains Soifs, qui ont aussi produit le très bon projet de Gen, ont sorti en janvier l’un des EPs les plus exaltants de l’année. Sans révolutionner un genre, c’est par de petits détails qu’ils se démarquent de la production générale actuelle. Exigeants dans ce qu’ils proposent, ils prennent leur temps pour proposer des disques soignés. Même s’ils ont tendance à beaucoup pousser leurs artistes, et moins se consacrer à leurs propres sorties, Quartz était une des belles surprises de début 2021, et prouve qu’ils ne sont pas de simples producteurs, mais aussi d’excellents artistes.
Titre à retenir : Obsédés

DioscuresCiela (25/02)

Après avoir été l’architecte sonore de TRINITY de Laylow, Dioscures annonçait vouloir se retirer de l’industrie musicale. Pour ça il a fait les choses élégamment, en proposant un premier et dernier projet de neuf titres intitulé Ciela. Sur cet EP aux contours électroniques marqués, on retrouve, entre autres, des invités avec qui il a déjà travaillé comme Laylow, Wit. ou Madd. Mais la présence du pianiste Sofiane Pamart sur la moitié des titres apporte une vraie consistance générale au projet. Morceaux instrumentaux, chantés ou rappés, Dioscures rend le tout cohérent d’une main de maître. Lui qui a marqué le rap français sur quelques titres, se retire élégamment avec un projet difficilement classable, mais qui aura marqué le début d’année.
Titre à retenir : RE-45 feat Wit.

Benjamin EppsFantôme avec Chauffeur (23/04)

En 2020, Benjamin Epps faisait sensation en ramenant le boom-bap au goût du jour à travers son EP Le Futur. Bien qu’ayant un style sans doute trop proche de l’Américain Westside Gunn, son apparition dans le rap hexagonal amenait un certain vent de fraîcheur. Quelques mois plus tard le rappeur s’est associé au Chroniqueur Sale pour proposer un projet relativement plus personnel, aussi bien musicalement que lyricalement parlant. Toujours sur du boom-bap, avec des boucles qui n’auraient rien à envier à celles des années 90, Benjamin Epps va au-delà du simple egotrip comme il sait le faire. Cette fois il parle un peu plus de lui, et rentre même dans la pure tradition du rap qu’il aime tant avec le morceau thématique Dieu bénisse les enfants. Avec cet EP et les nombreux featurings qu’il a pu faire dans l’année, 2022 s’annonce être une étape très importante dans sa carrière d’artiste.
Titre à retenir : Dieu bénisse les enfants

So La LuneSatellite Naturel (07/05)

S’il y a quelqu’un qui a su tiré son épingle du (rap) jeu cette année, c’est sans doute So La Lune. Le rappeur à la voix étranglée a été l’un des plus productifs de l’hexagone en 2021. Avec au total sept EPs de cinq titres, publiés entre mars et décembre, il était presque impossible de ne pas en entendre parler. Avec cette énorme présence, il s’est assuré une place de choix dans la nouvelle scène, et a su tenir son rythme sans perdre en qualité. S’il est difficile de retenir un projet en particulier, il faut en revanche constater l’endurance impressionnante du rappeur, qui promet un très bel album pour 2022.
Titre à retenir : Sorcier

GaïdenApophis (04/06)

En 2021, les amateurs de boom-bap des années 2010 peuvent remercier une personne : Goomar. En plus d’être l’un des producteurs les plus intéressants de son mouvement, il a réussi l’exploit de faire sortir un nouvel album à HD, et un EP à Gaïden. Et alors que l’on n’avait pas entendu ce dernier en solo depuis des années, il se trouve être toujours aussi remarquable. Textes personnels et grinçants, sujets qui semblent taillés parfaitement pour lui (Les Gens), Apophis est le disque que ses auditeurs devaient attendre depuis de nombreuses années. D’ailleurs, il y a évidemment deux titres relativement attendus avec son compère de toujours Yoshi Di Original. Mais ce qu’il faut retenir, c’est le travail des productions, qui forment sans doute l’un des disques les plus cohérent de la carrière de Gaïden.
Titre à retenir : Soleil

Eesah YasukeCadavre Exquis (18/06)

Présélectionnée aux Inouïs du Printemps de Bourges 2022, prix national de Buzz Booster en septembre dernier, et l’une des trois gagnantes du tremplin Rappeuses en Liberté, ces derniers mois ont été particulièrement importants dans la jeune carrière d’Eesah Yasuke. Mais tous ces prix ne sont pas arrivés sans raison, la rappeuse lilloise encore inconnue il y a peu s’est montrée être l’une des révélations de l’année. Avec un premier EP sorti au milieu de 2021, elle démontre déjà à quel point rapper semble inné pour elle, en arrivant même à toucher le public par des sujets personnels. La suite sera à ne louper sous aucun prétexte.
Titre à retenir : M2M

Deen BurbigoOG SAN (09/07)

Il l’avait annoncé avec l’excellent Cercle Vertueux sorti en 2020, Deen Burbigo ne compte plus changer l’ADN de sa musique dans le seul but de vendre. Il avait aussi annoncé qu’il se pencherait sur le format EP, plus proche de son état d’esprit du moment. Même si sa cadence est moins importante que prévu, le premier volume d’OG SAN conforte son choix. Revenant à une formule plus brut, et définitivement plus rap, le huit titres qu’il a proposé en septembre est un condensé du meilleur cru qu’il puisse proposer. Si Deen Burbigo se décide de continuer comme ça dans les prochains mois et années, il reste fort à parier qu’on entendra de plus en plus parler de lui.
Titre à retenir : Mansa Moussa

LottiDalva (15/10)

Dans le milieu du rap, la plupart des productions sont faites de boucles trouvées en quelques minutes, et d’une certaine répétition dans les styles. Alors quand une rappeuse propose un EP organique, avec de vrais instruments, et que sa voix sublime le tout, le résultat est particulièrement impactant. Parce qu’outre la facilité déconcertante de Lotti à passer du chant au rap sans perdre en qualité, ce sont les arrangements, les solos et outros des productions de Dalva qui en font un des disques les plus réussis de l’année, à côté duquel il ne faudrait pas passer.
Titre à retenir : Paris

DjangoAthanor (22/10)

Depuis des années, Django est attaqué par de nombreux détracteurs, le qualifiant d’être une simple copie d’autres rappeurs. S’il est vrai que pendant longtemps, il était difficile de le cerner, sur Athanor, Django s’est enfin trouvé. Et ce n’est pas que musicalement, où il est désormais un peu plus resserré, mais aussi dans ses textes. Lui qui n’avait de cesse de faire des morceaux aux 1001 références, a tendance cette fois à plus se dévoiler. Il parvient même à être particulièrement touchant sur le morceau de rupture de l’album, Juin. L’Athanor, c’est le four qui permet aux alchimistes de transformer le plomb en or. Avec ce disque, Django a peut-être enfin trouvé la formule pour transformer sa musique en un métal précieux.
Titre à retenir : Genèse

Double ZuluDBZ 3.0 (08-12)

Les auditeurs aguerris de Just Music Beats le savent depuis maintenant plusieurs années, Double Zulu est un rappeur hors pair. Relativement mis en avant par le duo de producteurs les années précédentes, notamment en 2020 avec le projet Ladder Match, Double Zulu montre depuis longtemps qu’il est un des rappeurs à suivre lorsqu’il s’agit de boom-bap. Mais le résumer à ce style serait impardonnable tant il excelle quelle que soit la production sur laquelle il pose. C’est d’ailleurs ce qu’il prouve dès le début du projet où il rappe sur un beat électroniques aux drums puissants. Lui qui rappe depuis plus de 10 ans prouve avec ce nouveau disque qu’il a une vraie maîtrise de son art.
Titre à retenir : Triple Double feat Beeby

Mentions spéciales

Le nombre d’EP était particulièrement important cette année, difficile alors de pouvoir tout citer. Pourtant, il faudrait encore parler de dizaines de projets. Alors ci dessous, quelques disques qui valent tout autant le détour que ceux du top. Et n’oubliez pas que si vous voulez vous faire une idée, une playlist (Spotify, Deezer ou Youtube) se trouve à la fin de l’article.

LyliceFarouche (12/03), Gizo EvoracciMIRACLE & STACY ADAMS (11/06), Dawg Sinatra & Kon QuesoKon Sinatra (11/06), IshaFAITES PAS CHIER J’PREPARE UN ALBUM (25/06), UnfamouslouieForever unfamous (03/09), Petite Papa‘tites cocottes (05/11), Jungle JackJungle des illusions (19/11), Mano Leyrasix planches de bois (saison 1) (26/11)

  • Tedax Max - J'ai pas rappelé

  • Mac Tyer - Trophée

  • Chanje - Komdab

  • Jewel - NZT48

  • Arm - Ciel rouge

  • L'Don & Carson - Nouvelle Ère

  • Nusky & Dante Sito - Ainsi va le monde

  • Tuerie - Tiroir Bleu

  • Zinée - Agrafe

  • Sameer Ahmad - Siddhartha

  • Aplusetdims - Obsédés

  • Dioscures - RE-45  feat Wit.

  • Benjamin Epps - Dieu bénisse les enfants

  • So La Lune - Sorcier

  • Gaïden - Soleil

  • Eesah Yasuke - M2M

  • Deen Burbigo - Mansa Moussa

  • Lotti - Paris

  • Django - Genèse

  • Double Zulu - Triple Double  feat Beeby

  • Lylice - Terminus

  • Gizo Evoracci - Pam Grier

  • Dawg Sinatra & Kon Queso - Storm  feat Andrew Magenta

  • Isha - Outro

  • Unfamouslouie - Pour de l'oseille  feat Jeune LC

  • Petite Papa - 5g Dans Mon Bag

  • Jungle Jack - Vegapunk

  • Mano Leyra - Une fontaine de prières

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