Le top pochettes et clips 2020

Faire de la bonne musique, c’est important, l’accompagner de visuels cohérents et percutants, c’est devenu presque fondamental, à l’heure où l’image est omniprésente dans nos vies. Il faut alors que les artistes réfléchissent leurs projets bien au-delà du simple aspect sonore, soit pour proposer une œuvre artistique totale, soit simplement pour pouvoir mieux vendre leurs disques. Tout est important. Une simple pochette peut intriguer et pousser un auditeur à tendre une oreille vers un album. Un clip quant à lui, s’il est marquant, pourra pousser le spectateur à faire des recherches sur l’artiste qu’il a vu. À une époque où il est de plus en plus simple de tourner des vidéos ou même de trouver des graphistes sur internet, comme a pu le faire JuL à deux reprises en 2020, accompagner sa musique est devenu systématique. Il était donc important de parler de ces pochettes et ces clips qui ont accompagné la musique des rappeurs tout au long de l’année, et surtout de mettre en lumière ces artistes qui sont rarement mis en avant.

Alors qu’il navigue dans le milieu underground depuis des années, Swift Guad a été particulièrement productif en 2020. Album avec Paco, rétrospective de leurs collaborations, bests of, EPs, et même un disque avec Al’Tarba, l’un de ses producteurs fétiche. Cet album, Musique classique, prouve que leur alchimie est encore intacte, comme au premier jour, et ils ont demandé à Cédric Tanguy de retranscrire l’univers riche mais funeste qu’ils peuvent répandre. Les détails sont vraiment nombreux, et s’il fallait retenir une vanité de toutes les pochettes du rap français, Musique classique serait sans doute une de celles qui viendrait en premier.

Deux disques différents de rappeurs aux univers bien distincts, tout deux présents dans notre top EP. Le sens n’est pas le même, et les intentions bien différentes, il n’empêche que les pochettes d’eden dillinger et Sonbest ont une base commune. SCUBA sera plus proche de l’asphyxie, qui illustre assez bien le passage au « rap-métal » parfois sussuré que le rappeur développe depuis près d’un an. Lotus, lui, joue avec un côté luxe, mais colle parfaitement au titre Agonie.

Il y aurait de nombreuses raisons de parler de Beeby. Par exemple se questionner sur la raison de son succès assez confidentiel, non-proportionnel à son talent. Multipliant les EPs depuis des années, il a peut-être sorti en avril celui qui a la pochette la plus réussie de sa carrière. En soit, elle n’a rien de révolutionnaire, mais elle tranche totalement avec le style qu’on peut voir sur les disques de rap en général et a un côté mystique presque envoûtant.

Présent dans notre top album, ATLAS est sans aucun doute le meilleur disque réalisé par un producteur cette année. Twinsmatic a porté à bout de bras son projet pour en faire un album hétéroclite mais homogène. C’est sans doute pour ça que sa cover représente un homme qui porte la Terre, comme le titan Atlas de la mythologie grecque. Comme si, difficilement, il avait essayé d’élever le monde et sa musique le plus haut possible.

Cette année, Francis a changé de nom d’artiste, pour le simplifier et qu’il soit plus proche de lui. La mixtape publiée en juin confirmait les attentes que le public pouvait avoir sur lui et il a voulu gâter ses auditeurs en leur proposant une réédition du disque seulement deux mois après sa sortie. Sur le principe, la pochette de Lima Hôtel Vol.2 est assez simple. Une bonne composition avec des références voulues accrochées au mur et sur la table basse, et le fameux hôtel en arrière plan. Rien de transcendant donc, mais la version deluxe, contrairement à la quasi totalité des rééditions du genre, fait l’effort de modifier la cover de manière originale, en changeant la couleur générale, reflétée par l’hôtel de l’arrière-plan qui s’est transformé en cinq étoiles.

Lille, et le nord en général, ont décidément de nombreux talents. Ben plg et Bekar étaient dans notre top album, Michel dans notre top EP, ZKR a récemment sorti un excellent album, les bons rappeurs ne manquent clairement pas dans cette nouvelle scène. Alvin Chris se trouve au milieu de tous ces excellents artistes, un peu à part, mais aussi singulier que les autres. Il a sorti fin août son premier EP. Six titres qui montrent déjà tout son potentiel, accompagné d’une cover toute en nonchalance. Avec son costume ouvert, ses baskets blanches et sa rose à la main, Alvin Chris est la définition même du romantisme décontracté.

L’année 2020 était peut-être l’année réelle de la consécration de Leto avec ce disque, 100 visages. Il est devenu, à l’instar de son ami Ninho, celui que les rappeurs invitent sur leurs titres pour avoir un refrain accrocheur. À la fin de l’été, il a sorti son premier véritable album, à l’image de ce qu’il avait déjà proposé auparavant, en polissant au mieux sa formule. Pour la cover, il a fait appel à l’artiste le plus en vogue du rap français, Fifou, déjà derrière des dizaines de pochettes de rappeurs, rien qu’en 2020, et qui contribue au mouvement depuis des années. Le résultat est unique, presque angoissant et morbide, mais surtout extrêmement bien réalisé.

L’une des révélations de l’année pour de nombreux médias, KOLAF a surpris tout le milieu indépendant en septembre par la qualité globale du disque. Qu’il s’agisse du rappeur La Fève ou du producteur Kosei, leur envolée a été totale, grâce à leur fusion qui fonctionne totalement. Ils ont demandé à Pablo Prada de réaliser leur cover, en préservant totalement son style. Comme sur l’ensemble de ses œuvres, il a représenté des personnages sombres, maléfiques, au regard perçant, qui collent parfaitement à l’ambiance de l’EP.

Alors que beaucoup pensaient qu’il avait définitivement arrêté le rap, Furax Barbarossa est revenu totalement déterminé pendant le confinement. D’abord un premier EP issu des freestyles qu’il avait pu proposer chez lui, puis un second, cette fois-ci avec une direction artistique plus prononcée. Accompagné du clip dans la même veine tribale, la cover de CHA O HA représente une forêt et un personnage brumeux, avec un vrai sens des ombres et lumières.

Consécration totale pour Kalash Criminel cette année, qui s’est permis de recevoir énormément de têtes d’affiches pour son album. Déjà présent dans notre top album, inutile de vous rappeler que le disque est à écouter, mais surtout à voir. Le rappeur de Sevran a connu nombre de déboires avec ses pochettes d’album, en particulier sur le précédent, La fosse aux lions, sans aucun doute l’un des artworks les plus critiqués des dernières années. Fifou était alors l’artiste idéal à contacter, lui permettant de retourner la situation à son avantage en proposant une photo lourde de sens et qui correspond totalement aux propos du disque.

Difficile de juger la qualité de toutes les pochettes du rap français, les goûts et les couleurs étant propres à chacun. S’il fallait néanmoins rajouter quelques covers à la liste, ces albums seraient sans doute cités :

DA Uzi – Architecte ou Jok’Air – Jok’Chirac (Fifou)
Mac Tyer – Noir
MadeInParis – Quel beau jour pour mourir
Nelick – PiuPiu (Emma Birski)
Wit. – NO FUTURE (Olohgram & Aykut aydogdu)

Peu de rappeurs auront tiré leur épingle du jeu comme Achim en 2020. Pas moins de cinq EPs en l’espace de huit mois, depuis le début du confinement, il n’a cessé d’être actif. Pour mettre en images sa musique, il a, là aussi toute l’année, fait appel à la même personne, Alexandre Lhote. Si d’autres clips méritent d’être vus, c’est son tout premier single qui impressionne par son image. Alors qu’Achim n’est lui-même pas protagoniste du clip, on suit un groupe de jeunes inspirés d’Orange Mécanique, avec des plans impactant et un vrai travail sur les jeux de lumières et les tenues.

Sheldon, l’homme derrière le meilleur concept album de 2019, Lune Noire, avait décidé de ne pas se cantonner à la musique pour son projet. Il avait alors accompagné son disque d’une BD, et même d’un jeu vidéo, autour de la même histoire. Bien qu’il aurait été impossible de proposer des clips pour chaque morceau, il a tout de même permis au dessinateur ManX de s’exprimer sur deux morceaux. D’abord l’excellent Carnaval fin 2019, puis Lune en février, qui continue d’illustrer cette histoire contée par un Sheldon au top de sa forme. Le clip ne reprend que la première partie du morceau, l’histoire du « gamin » et son ascension sur la Lune.

Alors qu’il s’apprête à sortir un EP le 29 janvier, Josman a surtout marqué l’année 2020 avec un long album nommé Split. S’il a pu diviser le public, notamment à cause de sa longueur, le disque aura quand même rappelé à tout le monde à quel point le rappeur manie bien ses flows et ses mélodies. Pour mettre en images sa musique, il a fait appel à un réalisateur qui le suit depuis des années, Marius Gonzalez. Sur J’allume, ils ont alors imaginé un monde où les humains s’extériorisent de la réalité avec une nouvelle drogue, qu’on s’injecte avec un simple flash lumineux sous la gorge. Toutes les couches de la population sont imprégnées. On ne suit pas Josman, mais un phénomène à travers des plans qui traversent la ville, et des passages subjectifs particulièrement réussis des personnes sous emprise de cette drogue.

Ce n’est un secret pour aucun auditeur de rap suisse, Varnish La Piscine est un des créateurs les plus inspirés de son pays. Alors qu’il rappe et produit sa musique et celle de son entourage, il a aussi, au mois de mars, proposé un court-métrage accompagné d’une BO de 11 titres. Entre fiction et clip, le film de plus de 40 minutes emmène dans un monde kitch mais assumé. Les protagonistes principaux sont les artistes présents sur le disque et ils réalisent une prestation aussi particulière que le film. Le film peut s’avérer peu accessible, notamment à cause de sa réalisation tranchée, mais c’est un ovni à visionner obligatoirement si on s’intéresse à la scène suisse.

Depuis longtemps dans sa carrière, Kekra voue une vraie histoire d’amour aux bons clips. Avec Freebase Vol.4 il a pu illustrer quelques morceaux, dont le tube Putain de salaire, dans lequel il a dû injecter un très gros billet. Le clip dépeint un monde dystopique, ou de nombreuses personnes sont exploitées, et où Kekra fera office de révolutionnaire. Il est réalisé par Romain Chassaing, plutôt habitué à imager Dizzee Rascal ou le groupe de pop Naive New Beaters. Sur ce titre, il offre une image vraiment léchée, proche d’une production de film, où le spectateur peut même se perdre à trop suivre l’histoire plutôt que la musique.

Quand il faut présenter le rappeur A2H, généralement deux aspects reviennent, sa capacité à kicker, et celle à chanter les plaisirs charnels. Seulement, il est capable de délivrer d’autres émotions, n’est pas qu’un homme comblé, et possède ses failles, ses douleurs. Il l’a conté à merveille dans son album Rédemption sorti en octobre, et dont est issu le titre Angoisse. Pour ce clip, dont il a imaginé lui-même le scénario, on le voit au plus bas dans sa vie. Les images fixes sont lourdes de sens. Bouteilles vides, médicaments, et même A2H lui-même en boule contre le sol. L’idée simple de personnifier ses angoisses créée une vraie empathie voir même une peur qu’elles le submergent.

Parler d’une rupture, c’est un sujet qui ne cessera sûrement jamais d’être exploité. Sans révolutionner le genre, Doni M a parfois des moments de grâce, parfois au contraire il est dans l’excès, lorsqu’il invite à son ex à mourir avec un gratuit « crève sale pute« . En revanche à la réalisation, le résultat n’est pas le même. Benoit Marzouvanlian, réalisateur entre autres cette année, de Dystopia de S.Pri Noir ou Babi de 13Block, a innové en lui apportant un clip regorgeant de bonnes idées. Les premiers plans sont longs, instables, à l’image de l’état émotionnel du rappeur. La mise en scène fourmille de détails intensifiant ce sentiment de rupture. Le rythme et les plans changent alors au moment clé du clip, la simulation virtuelle qui permet à Doni M de passer du temps avec la femme qui le hante.

S’il fallait citer un rappeur ayant fait une percée fulgurante en 2020, le nom de Frenetik viendrait immédiatement. Alors qu’il était encore inconnu en début d’année, il a profité du premier confinement pour sortir un premier EP, Brouillon, accompagné de clips très impressionnants compte tenu de son audience. Pour Traffic, il fait appel à ARGO, déjà derrière les clips 7 sur 7 de Koba LaD et Freeze Corleone, ou Vroum Vroum des Alchimistes et Laylow. Pendant deux minutes, on suit le rappeur qui se déplace au milieu d’une route, inspecte le contenu des voitures, souvent en lien avec ses paroles, le tout à travers un faux plan séquence figé, qui se réanime une fois que Frenetik a fini son couplet.

Maîtres incontestés du rythme dans les clips de rap français (Siliconé de Niska, Rêves Bizarres d’Orelsan et Damso, et de nombreux titres de Kekra ou Lomepal) Adrien Lagier & Ousmane Ly ont cette année monté leur boîte de production pour laisser une chance à de nouveaux réalisateurs. Dernièrement, ils ont par exemple produit les clips de Ninho (Problèmes du matin), Lefa & Leto (Incassable) et même 911 de Damso. Pour le premier single de leur album Blo 2, 13 Block leur a alors fait confiance en laissant la caméra au mains d’Ilya Chemetoff et Romain Lagier. Le résultat est ahurissant, les idées fusent à la seconde et ne s’arrêtent jamais, dans un rythme effréné, mais surtout, qui colle parfaitement au banger des rappeurs de Sevran et de Niska.

Auteur d’un disque qui aurait mérité d’être placé au minimum dans les mentions de notre top album, feu Népal avait surtout réfléchi à de nombreux aspects de son projet avant sa mort. En plus de son disque et des quelques inédits sortis en septembre, il avait alors imaginé le clip de son titre Sundance. En référence au type de films que l’on peut voir dans le festival du même nom, il a envisagé de suivre la vie de Nekfeu s’il n’avait pas connu le succès et qu’il n’était finalement qu’un « garagiste lambda ». Pour symboliser l’aspect commun et répétitif des journées, les images ont un filtre proche du sépia, sont lentes, comme la vie du protagoniste.

Superstar en France depuis des années, suite à sa carrière solo succédant l’énorme succès de Sexion D’assaut, Gims n’a plus rien à prouver à personne tant ses disques sont des cartons. Pourtant, en 2020, il a voulu revenir à son premier amour, en annonçant un album 100% rap. Si le résultat est relativement mitigé et loin de ce que ses fans de longue date pouvaient imaginer, il a en revanche mis un certain budget dans le clip du titre IMMORTEL. Derrière la caméra, c’est Jérémie Levypon, qui a entre autres cette année mis excellemment en images le titre de Caballero & JeanJass et Bigflo & Oli. Pendu par des membres du Ku Klux Klan, étouffé par des bavures policières, guillotiné, Gims subit toutes les violences racistes que ses ancêtres et son entourage ont pu vivre.

Loin de la capitale, au milieu des contrées du st nectaire et du cantal se trouve Illustre. La rappeuse clermontoise a publié en septembre le projet Ille, suivant le très bon EP Les mains bleues. Sorti le même jour que le clip de Gims, Type Chelou n’a pas bénéficié du même budget, mais a eu droit en revanche à une autre dose d’inventivité. Pour illustrer le titre qui traite d’identité de genre, la caméra présente différentes personnes étant toutes loin des codes stéréotypés de la société, et parmi eux, Illustre elle-même, est en costume au milieu de jouets « destinés aux filles ».

Le rap féminin a eu un nouveau souffle cette année à travers plusieurs artistes. Parmi elles, Le Juiice et Meryl auront clairement fait figure de proue dans le paysage francophone. Pour leur premier featuring ensemble, elles ont envoyé un clip relativement simple dans le fond et dans la forme, mais qui se démarque par un aspect, l’attitude et les tenues des artistes. Complètement à l’opposé dans le style, les deux rappeuses crèvent l’écran avec une prestance folle. Meryl signe d’ailleurs sans doute les mouvements les plus réussis de l’année, impossible de ne pas se prendre son flow à chaque plan.

Présent dans les mentions spéciales de notre top album, Deen Burbigo sera revenu cette année plus en forme que jamais, avec comme seul état d’esprit, faire ce qu’il fait de mieux, et le polir au maximum. À la réalisation de ses clips, Yagooz , avec qui il a mis en images la plupart de ces titres. Le plus impressionnant d’entre eux, cette année, est sans aucun doute Cercle Vertueux. L’idée est simple, l’exécution plus compliquée. Le clip est un long plan séquence vu de dessus, où on suit Deen dans un mouvement circulaire. À travers plusieurs environnements, tous travaillés avec précision, aussi bien dans la mise en scène que les couleurs et la lumière, il représente comment changer le cercle vicieux en vertueux.

Putain d’époque, une expression qui pourrait fonctionner quelle que soit la période, mais qui a pris particulièrement son sens en 2020. Le virus n’a pas vraiment bridé Lujipeka, il a sorti l’EP Luji, prévu en mars, repoussé en mai, et Peka, pendant le confinement pour faire patienter ses fans. Sa créativité ne s’est pas arrêtée ensuite, en postant Putain d’époque en octobre pour annoncer un futur disque. Le clip se passe au « superkebab », dans un monde post apocalyptique où les zombies infestent le lieu, et Lujipeka reste de marbre face à l’invasion, comme si plus rien ne pouvait l’étonner.

Pumpkin & Vin’S da Cuero avaient accepté d’être les premiers interviewés de notre site en octobre, à l’occasion de la sortie du meilleur album qu’ils aient produit jusqu’à présent, Abysses Repetita. Pour promouvoir le disque, ils ont publié plusieurs clips, mais surtout celui de Méchante Petite Femme, qui se veut être un portrait amplifié de Pumpkin. Pour ce long plan séquence, le travail a dû être conséquent surtout dans la chorégraphie. La caméra se déplace d’un lent traveling avant le temps du premier couplet puis fait le chemin inverse pour le second. Alors qu’au départ, les figurants vivent chacun de manière relativement clichée, dans la deuxième partie la « méchanceté » de la rappeuse les a tous rendus inanimés.

Après deux EPs en 2020 qui succédaient à une pause d’un peu plus d’un an en terme de projets, Youv Dee a annoncé il y a peu un nouvel album à paraître le 5 février prochain. Maintenant qu’il a trouvé son style, toujours proche des américains mais amené à sa façon, il a pu, pour ce futur disque, dévoiler un premier clip, dont il est lui-même co-réalisateur. Les passages alternent entre rêve et réalité, entre un théâtre et un monde onirique et menaçant. Les effets sont parfois un peu trop forcés, mais ils transpirent quand même l’authenticité et surtout possèdent un grain qui rend le clip assez unique.

Depuis son retour en 2015, Lefa est en grande forme. Chaque année, ses disques rappellent au public rap qu’il était le plus technique de la Sexion D’assaut. En 2020 il a sorti Famous, réédition de l’album Fame sorti l’année précédente, et pour mettre en avant ses morceaux, il met un point d’honneur à avoir les meilleurs clips possibles. Quels que soient les réalisateurs à qui il fait appel, les visuels sont toujours travaillés et loin de ce que le public peut avoir l’habitude de voir. Pour Top Boy, le sujet est classique, mais la réalisation est au top, mouvements de caméra, lumière, et surtout rythme qui colle parfaitement avec le titre.

En 2020, les producteurs se sont mis d’accord pour enfin sortir des disques sous leur propre nom. En plus des différentes collaborations tout au long de l’année, des artistes comme Twinsmatic, Freakey ou encore Matou auront alors proposé des projets fournis en invitant un maximum de rappeurs. Pour Elixir, Matou a réuni un casting impressionnant avec notamment un featuring auquel personne ne s’attendait, Jazzy Bazz & Mister V. Contre toute attente, l’alchimie entre les deux est totale et ils ont même eu droit à leur clip. Pour le faire, Oumar et Amall ont été piocher des références dans les grands films de gangster. Impossible de ne pas voir les plans clins d’œil à Sorcese avec les Affranchis, Tarantino avec Reservoir Dogs ou encore Guy Ritchie avec Snatch ou Arnaques, crimes et botaniques. L’univers mafieux est bien respecté, le seul point noir du clip reste la pause au milieu du clip pour faire avancer l’histoire, qui casse le rythme de la musique.

Toute l’année, Ziak s’est révélé être l’un des grands noms de la drill en France. La recette de sa musique est toujours la même, une grosse prod, un flow percutant, des punchlines et de la violence. Il s’est fait connaître avec des clips au budget le plus bas possible : pièces vides ou devant un bloc avec une seule caméra. L’imagerie est évidemment dans la mouvance du courant musical, autour du banditisme et de la vente de drogue. Après de nombreux succès, il a voulu upgrader ses rendus visuels en proposant à Bleu désert de s’occuper du titre 123 Soleils. Habitué des clips de 7 Jaws, et aussi derrière Macintosh de Gambi, le réalisateur a eu une idée simple : retracer le quotidien d’un dealer, à travers des gros plans des différentes étapes du commerce illicite.

Sur les centaines de clips sortis cette année, il y en a plus de 20 qui méritent d’être mis à l’honneur. Auraient pu alors se retrouver dans ce classement :

Ben plg – Mon frerot (Réal : Quentin Tavernier)
313 – Romance
Dinos – Arobase (Réal : Matthias Delabarre)
Ichon – 911 (Réal : Global (Julien Malegue & Antoine Mayet))
KT Gorique – Air force et ses suites (Réal : MM Motion Pictures)
Noir Lotus – Rêverie : Phase 1 (Réal : Yannis LCR)
sean – À Moitié Loup (Réal : Lokmane)
Swing – Gris (Réal : Maky Margaridis & Louis Lekien)
Tsew the Kid – Plus d’amour à te donner (Réal : ELI)
Wit. – Canyon Diablo (Réal : YKREKA)