Le top pochettes et clips 2021

Vrais Savent

Des albums, des EPs, des morceaux. Après trois tops sur la musique, retour sur un dénominateur important mais dont ses acteurs sont rarement mis en avant : le visuel. Alors voyons les pochettes et les clips marquants de 2021.

On vit dans un monde d’image. Même dans le milieu de la musique, chanter bien, avoir des producteurs talentueux ne suffit pas forcément. Il faut communiquer, jouer sur son style, sur sa présence médiatique, sur sa manière de se présenter au public. Hormis quelques artistes masqués (mais qui fabriquent aussi une marque), la plupart des acteurs du milieu de la musique sont obligés de se montrer pour qu’on les reconnaisse. Tout est donc important, réseaux sociaux, clips et pochettes d’albums. À l’heure où tout est monnayable, où le moindre dessin peut-être vendu en NFT, où la spéculation n’en finit plus, où le chiffre est plus important que l’artistique, se trouvent quand même des idées, des innovations, des renversements. On peut voir alors des pochettes d’albums, qui représentent toute une identité, un ressenti, parfois même un concept entier résumant l’album. Mais une cover c’est aussi et surtout, souvent, un artiste dont on ne connaît pas le nom, ou le travail. Hormis les quelques légendes du genre comme Koria ou Fifou, qui photographient la quasi-totalité des rappeurs français, nombreux sont les photographes ou graphistes inconnus. Pourtant ce sont eux qui permettent de créer une certaine cohésion dans l’œuvre globale d’un artiste. Il en va d’ailleurs de même pour les clips. Alors qu’MTV fête cette année ses 40 ans, et donc par la même occasion, autant d’années que les clips sont devenus un moyen de promotion essentiel pour la musique, les réalisateurs se retrouvent très rarement mis en avant. Tout le monde se souvient du clip de Thriller, pourtant peu savent qui était derrière la caméra lors du tournage. Alors en hommage à ces hommes et femmes de l’ombre, qui mettent de la lumière sur nos rappeurs préférés, retour sur l’année 2021 avec un top pochettes et clips.

Top pochettes

Liqid – Patient Zéro (25/02) // krisandniko

Liqid en a fait du chemin depuis le début de sa carrière avec le groupe Les Gourmets au milieu des années 2000. Il a partagé le micro, en solo, avec bon nombre de têtes d’affiche actuelles (Nekfeu, Vald, Josman…). Il a monté son propre label, dans lequel il produit ses disques mais aussi ceux de Tcheep, Bonetrips, Arom… C’est aussi ce même label qui a supervisé la musique de Streets of Rage 4 et qui va faire de même pour le prochain jeu Tortue Ninja. Un destin finalement assez logique pour une structure nommée Mutant Ninja Records. Mais en dehors des prouesses vidéoludiques d’un label de rap, Liqid a aussi sorti un EP en début d’année. Pour la pochette, rien n’était vraiment prévu. Comme il nous le disait, en interview « J’ai ramené plein de bordel de chez moi, dont ma Gamegear avec Shinobi 2. Au moment de faire la compo sur la table, on s’est dit “Mortel y a un Shinobi, y a un morceau qui s’appelle Shinobipolaire, aller c’est parti”. Et c’est donc seulement avec une idée et des objets, que krisandniko ont signés une des plus belles pochettes d’EP de 2021.

Liqid Patient Zero

Ol’KainryNouvelle Ère (25/03) // Rezistan (03/12) // Ridou.San

Ça fait maintenant plusieurs années qu’Ol’ Kainry privilégie les EP plutôt que les albums. Depuis 2018, c’est le format qu’il a préconisé, sans doute afin d’être un peu plus actif. Il faut dire que son activité parallèle sur le Nekketsu show doit lui prendre un certain temps. Et justement, à l’image de cette émission, lui qui fait énormément de références à l’univers des mangas dans sa musique, a décidé d’illustrer tous ces EPs en rapport avec sa passion. Les années précédentes, les dessins où il était représenté en GolD Roger de One Piece ou Jiraya de Naruto étaient déjà impressionnants. En 2021, ses métamorphoses en Gon de Hunter x Hunter, et plus étonnant, Wiper de One Piece sont somptueuses. Et si vous êtes fans de ces œuvres, vous noterez à quel point tous les détails aussi bien sur les positions que les tenues ou les marques physiques ont été respectées.

Ol'Kainry Nouvelle Ère Rezistan

DeadiTout va (26/03) // Slob

2020, Deadi se fait connaître à travers quelques freestyles, notamment postés pendant le confinement. 2021, c’est la confirmation : un album, puis un EP de haute volée, où le rappeur étale une technique infaillible, une voix nasillarde et un sourire au coin. Cet album, Tout va, sorti en mars indique déjà son style dès la cover. Elle est inspirée des affiches « des Tromas, des Mad Movies ou des Giallos » et elle résume parfaitement l’album. Des explosions, du n’importe quoi, des références à n’en plus finir, le tout avec ce sourire aux lèvres toujours présent. Un patchwork aussi bouillant que le contenu du disque. L’album a d’ailleurs été accompagné d’un clip du morceau Banzai, qui s’est retrouvé au bord du top clips, et dont le réalisateur, Hugo König, mériterait plus de lumière.

Deadi Tout va Slob

Djadja & DinazSpleen (26/03) // Koria

C’est curieux. Il y a certains rappeurs qui vendent énormément et dont les médias ne parlent que très peu. Les raisons sont sans doute diverses, et chacun pourra émettre son avis sur le sujet, qu’il s’agisse simplement de goûts, de ligne éditoriale, ou bien d’un complot mondial. Si la scène AMV (des clips composés uniquement d’extraits d’animés japonais), avec des artistes comme Sokuu ou Klem, manque sans doute de street crédibilité pour la plupart des gros médias rap, l’absence d’intérêt d’un groupe comme Djadja & Dinaz parait plus mystérieuse. Pourtant, ils ont fait partie des plus grosses ventes de 2021, et ont délivré un album à la hauteur, loin de l’absence de qualité que leurs détracteurs revendiquent. La pochette, réalisée par Koria, représente d’ailleurs peut-être cette absence dans les médias. Ils sont prisonniers dans leur cage « dorée« , qui commence à se briser, pour se montrer à un monde bien terne.

Djadja & Dinaz Spleen Koria

Maj TrafykAdvienne que pera (09/04) // Jilva the maker

Depuis plus de 20 ans, Maj Trafyk (anciennement Trafyk Jam) officie dans le rap sans que son nom ne soit véritablement reconnu. Pourtant il a collaboré avec bon nombre de rappeurs importants de l’hexagone (Rockin’ Squat, Hill G…) et participé à de nombreuses compilations à la fin des années 90/2000. La faute peut-être à une productivité assez faible si on compare avec le reste du rap français (4 albums solos en 20 ans). Mais pour son retour, il a décidé de revenir plus fort que jamais. D’abord, il propose sur son disque de grosses collaborations : Seth Gueko, Rocca, Eben, Evidence… Mais aussi, dès la pochette d’album, il se place en tant que dieu des dieux grecs, maîtrisant la foudre et restant debout malgré les nombreuses attaques extérieures. Cette pochette incroyable est signée Jilva the maker, graphiste avec un univers très riche, qui a déjà travaillé notamment avec Kyo Itachi, ici producteur de l’album. D’ailleurs, si vous cherchez l’arrière de la cover, vous verrez Kyo Itachi, représenté en Kratos. Comme quoi la représentation n’est peut-être pas que d’inspiration mythologique, mais aussi vidéoludique.

Maj Trafyk Advienne que pera

Sauveur EloheemJabba Wears Adidas (20/04) // Duncan Mattocks & Bob Snob

Vous en connaissez peut-être, des artistes, talentueux, productifs, qui, pour de nombreuses raisons, restent dans l’obscurité. Sauveur Eloheem fait partie de cette catégorie. Sombre, proche de Rochdi et VII aussi bien réellement que dans la manière d’aborder les textes et les thèmes. Il représente l’underground pure et dure, celle qui ne fait aucune concession, et rap pour le plaisir de rapper. En 2021, il a encore proposé plusieurs EP, comme quoi sa productivité semble sans limite. Au milieu de l’année, sortait donc Jabba Wears Adidas, un disque de dix titres, dont la plupart en featuring avec son compère anglophone Opm6. Et la pochette du projet, en plus de bien porter son nom, représente assez bien la musique du Sauveur, difficile d’accès au premier abord, à contre-courant, avec un montage clairement inattendu.

Sauveur Eloheem Jabba Wears Adidas Duncan Mattocks & Bob Snob

OnzeTout est gris (11/06) // Remyeast

Onze, c’est la réunion de deux profils bien distincts. D’un côté, Yaya, terre-à-terre, qui raconte la rue comme s’il tenait une caméra. De l’autre Cendar, un homme baigné à la pop culture, entre jeux vidéo, cinéma, mangas et littérature. Deux univers qu’à priori rien ne réunit. Et pourtant, une fois lâchés sur une instrumentale, leur connexion semble tout à coup évidente. Pour illustrer cette dichotomie, Remyeast aurait presque pu faire deux pochettes distinctes, en représentant chaque rappeur avec son style et ses références. Et finalement, c’est presque de cette façon qu’il a réalisée la cover de Tout est gris. Hormis le logo et le gouffre en bas, seul ce yin/yang montre bien la dualité des deux rappeurs, qui forment un tout. Le style graphique de Remyeast est assez marqué, en particulier pour cette pochette, mais les illustrations qu’il poste occasionnellement sur Instagram, sont somptueuses et méritent vraiment plus d’attention.

Onze Tout Est Gris Onze Remyeast

NKPRahel (21/06) // Cutie Sosa

Il vous est peut-être déjà arrivé d’écouter un disque, regarder un film, ou jouer à un jeu, uniquement parce que le visuel de présentation était incroyable. Parfois la surprise est bonne, parfois le résultat est malheureusement catastrophique. Ne vous y trompez pas, chez NKP il n’y a pas que la pochette qui est somptueuse, le projet l’est tout autant. Et pour son EP Rahel, son graphiste, Cutie Sosa, s’est librement inspiré d’une œuvre déjà exceptionnelle. Si vous regardez le tableau The general zapped an angel, de Karel Thole, vous vous rendrez compte que l’idée ne vient pas de nulle part. Mais comme d’autres artistes avant lui, (le visuel a été repris pour Neon Genesis Evangelion par exemple), s’inspirer apporte parfois du bon, et permet un résultat exceptionnel. Loin des codes visuels classiques d’une pochette de rap.

NKP Rahel Cutie Sosa Karel Thole

DinosStamina, Memento (02/07) // Fifou

Impossible de parler de pochettes du rap français sans parler de Fifou. Présent sur la plupart des grosses sorties des artistes de l’hexagone, le photographe se reconnaît surtout par son univers léché, et ses sorties de route sont rares. Mais cette année, il a fait quelque chose d’important. Alors qu’une grande partie des rééditions de disques, sont, la plupart du temps, une simple refonte couleur de l’originale, il a cette fois proposé autre chose. Que ce soit pour Frenetik avec Jeu de couleurs / Couleurs du jeu, ou pour Dinos, il a redéfini le principe. En particulier pour ce dernier, où le visuel de la réédition donne un nouveau sens à l’œuvre. Sur Stamina, Dinos (représenté par l’enfant qu’il conseillait) préparait son combat, maintenant, il a les trophées, et regarde vers l’avenir.

Dinos Stamina, Memento Fifou

TripleGoTWAREG 2.1 (23/07) // carladasommiera

Ironiquement rebaptisé TWAREG 2.1 (au lieu de 2.0) pour un problème de mise en ligne sur les plateformes, le dernier album de TripleGo n’a pas fait autant de bruit que ses précédents projets. Pourtant, le duo a encore une fois proposé un disque à son image, creusant toujours plus le style lancinant si marqué qu’il propose depuis ses débuts. Pour la suite de TWAREG, ils ont fait appel à une graphiste de talent, qui a proposé un dessin extrêmement lumineux et solaire, contrairement au côté sombre qu’on peut parfois accorder au groupe. Mais l’homme au bout de la falaise représente finalement assez bien ce qu’ils sont, des musiciens au sommet de leur art.

Triplego TWAREG 2.1 carladasommiera

Mentions spéciales (pochettes)

Pour faire ce top, l’idée était d’éliminer les disques qui ont déjà été chroniques dans les tops albums et EP. Pourtant, de nombreuses covers devraient figurer plus haut. Alors pour vous rappeler à quel point les graphistes et photographes ont des ressources, petite sélection supplémentaire de disques aux visuels époustouflants.

Benjamin Epps & Le Chroniqueur SaleFantôme avec chauffeur (Fifou)
Butter BulletsSans titre (leisure93)
Deen BurbigoOG SAN, Vol.1 (Milo Nloh & lebuisson)
KhaliLAÏLA – (Antonio Ainscough)
Laylow L’étrange histoire de Mr. Anderson (Mathieu Maury, Manon Sim, Eliott Grunewald & Dexter Maurer)
Luv ResvalÉtoile Noire (Fifou)
Sam’s Inspiré d’histoire(s) vraie(s) (Fifou)
Sameer AhmadEffendi (jsuisotieks)
Tedax MaxForme Olympique (Middle Season) (Danshi Zen)
Zinée Cobalt (bouherrour)

Top clips

SlimkaHeadshot (28/01) // Réal : Exit Void

La Suisse a accueilli de beaux disques en cette année 2021. Et si c’est Di-Meh qui a fait partie du top albums du site, son compère Slimka, était sur de nombreuses autres listes d’acteurs et médias du rap français. Mais aussi qualitatif soit l’album, ce sont surtout ses clips qui ont retourné tout le monde en 2021. Le premier d’entre eux était Headshot. Un récit entre ambiance cyberpunk et références au japon féodal. Les costumes, les couleurs et les fonds ont été particulièrement travaillés pour donner un cachet à chaque plan. Le réalisateur, Exit Void, a d’ailleurs proposé un autre bijou avec le clip Rainbow, de Slimka aussi, en collaboration avec Varnish La Piscine et qui fait suite à Headshot. Mais il a aussi participé au double clip de Makala AL DENTE / BELLY. C’est donc certain, qu’il s’agisse de leurs musiques ou de leurs visuels, les Suisses ont encore de nombreuses choses à proposer à la francophonie.

MichelNekete (29/01) // Réal : Jeunes Joueurs

Il y a des villes et des régions, comme Paris et Marseille qui ont été sur-représentées dans tous les arts possibles, et sont surtout énormément présentes dans le rap français. Mais avec la démocratisation d’artistes dits « de province« , d’autres paysages se découvrent. Pas évident en principe de trouver une représentation fidèle des villages des hauts de France. Pourtant il suffit de regarder le clip de Nekete, réalisé par Jeunes Joueurs, qui transpire l’ambiance que l’on pourrait prêter à une telle région. Les choix vestimentaires, la voiture, la PSP, les rollers, les BMX, les plans sur le village, autant de détails qui permettent à Michel de faire honneur à son origine géographique à travers l’image. Avec ceci que les figurants non plus n’ont pas été choisis au hasard et participent grandement à l’ambiance générale du clip. Notez que c’est La sucrerie qui s’est occupé de la production, qui était aussi derrière plusieurs jolis clips d’Hatik en 2021.

Hamza Réel feat Zed (03/02) // Réal : Hugo Bembi & Sacha Naceri

Le noir et blanc, c’est un peu un couteau à double tranchant. Soit, le public voit très vite que c’est une manière de cacher des défauts, ou donner un genre faussement artistique. Soit, au contraire, le monochrome est justement une composante essentielle de la réussite d’un clip. Par exemple, pour contraster avec les ambiances plus chaudes qu’Hamza a l’habitude de proposer dans sa musique, le côté sombre du noir et blanc pour son projet Drill paraissait finalement assez évident. Et pour le clip de Réel, il a fait appel à des petites pointures. Hugo Bembi a par exemple réalisé le clip de Dinos et Damso, Du mal à te dire. Sacha Naceri, lui, a été au steadycam de l’excellent Slide de Sopico (qui, spoiler, se trouve plus bas). Et à la production, c’est Romain Habousha, réalisateur du très bon Out de Peet, aussi sorti en 2021. Une équipe de talent donc, qui s’est permit des clins d’œil cinématographiques par le choix des véhicules, et même par les combats chorégraphiés pendant le passage de Zed. Mais surtout, de faire une transition, dès le début du clip, entre le Hamza lover et le Hamza driller par ce changement de veste

CalamineMona Lise (16/02) // Réal : Audrey Nantel-Gagnon

Alors qu’elle vient juste d’être sélectionnée pour les Inouïs du Printemps de Bourges, il serait temps que la France s’intéresse de plus prêt à la rappeuse québécoise Calamine. Après un très bon projet, Boulette Proof, sorti en 2020, et l’EP en commun avec Sam Faye qui formaient Petite Papa (dans les mentions due top EP du site), elle s’est montrée comme étant une des principales rappeuses à suivre dans son pays. Et justement, pour vous en rendre compte, il suffit de regarder l’excellent clip Mona Lise. La description sur Youtube dit déjà tout, Calamine fait partie de ses rares artistes à pointer du doigt les problèmes de binarité, de misogynie, et de la sexualité systémique et vue par les hommes, du milieu rap. Le tout sans le montrer explicitement, mais en détournant habilement les codes presque immuables, dans une bonne humeur assez déconcertante. Ce qui est certain, c’est que visuellement ou musicalement, vous n’avez jamais vu une création pareille.

JeanJassQu’est ce qui m’arrive (26/02) // Réal : Dario Fau

Après des années de collaboration, Caballero & JeanJass se sont « séparés » cette année, pour publier des albums solos. Leur promo reste néanmoins souvent mutuelle (et on pouvait les retrouver ensemble notamment sur la compilation de Mani Deiz). Alors pour annoncer la venue de leurs disques ils ont chacun sortis un clip le 26 février. Caballero sortait Polaire, et JeanJass le clip de Qu’est ce qui m’arrive. À la réalisation de ce dernier, Dario Fau, déjà derrière de nombreux gros clips de Lomepal. Afin de représenter cette peur du succès que le rappeur belge aux cheveux bouclés peut vivre, il a joué sur de nombreux codes. D’abord la foule joyeuse au début puis oppressante. Mais aussi le cadre, étouffant pour JeanJass, qui en vient à devoir sortir de sa limousine pour respirer, et s’éloigner de la foule… Pour finalement y revenir, comme si quoi qu’il arrive, il était attiré par le succès. Et si vous voulez en savoir plus sur le clip et le réalisateur, (ou sur d’autres), il faut absolument allez regarder le travail colossal du média APM FILMS.

SadekAller-Retour (11/03) // Réal : Agaprod

Faire un clip avec des zombies, c’est plutôt rare, même en période de pandémie mondiale. Mais surtout, c’est très rarement réussi. Pour cause la plupart du temps, maquillage, chorégraphie, jeu des acteurs… Mais tout fonctionne parfaitement pour Aller-Retour de Sadek. Notamment grâce à la sympathie du bonhomme, alliée à une histoire d’une simple course pour un ourson en peluche, et surtout un humour assumé. Agaprod a réussi à faire en sorte que le rôle de Sadek déambulant dans la ville en se défendant des morts-vivants soit réaliste. Le réalisateur a d’ailleurs dû s’inspirer de nombreux films du genre en réinterprétant des plans classiques (la trace de main, les zombies à la porte…). Un clip à regarder jusqu’à la fin pour bien voir l’absence de sérieux de Sadek.

SCHMannschaft feat Freeze Corleone (31/03) // Réal : Gregory Ohrel

Après plusieurs années de marathon, à travers des projets et de nombreux featurings, SCH a publié le deuxième volet de JVLIVS. Chroniqué dans le top album du site, il faut surtout revenir ici sur l’imagerie qu’il a décidé d’employer. Outre l’aspect cinématographique qu’il tente d’instaurer dans ses textes, c’est ce même aspect dans ses clips qui est particulièrement bien abordé. Pour Mannschaft, avec Freeze Corleone, Grégory Ohrel (aussi derrière le Ninho/Orelsan), a décidé d’employer une technique peu utilisée en vidéo : le split screen. Un choix plutôt judicieux quand on connaît les univers assez marqués mais bien différents des deux rappeurs du titre. Le travail à effectuer a d’ailleurs dû être deux fois plus long, et n’a pas été travaillé deux fois moins puisque les décors, lumières et couleurs sont savamment choisis et doser. Surtout, les choix des scènes, très souvent opposées donnent un impact vraiment plus grand à l’une comme l’autre à chaque fois. À noter que dans cette ambiance mafieuse, le clip de Soso Maness et SCH, les Derniers Marioles, (réalisé par Julio & Katim) est aussi de très très bonne facture.

LefaChloroquine (07/04) // Réal : Akim Laouar

Trois projets en un an. Les médias en ont peu parlé, mais Lefa a véritablement inondé les plateformes de streaming en 2021. Le premier disque, DMNR (qui aura droit à une sorte de réédition dans quelques jours), a été promu par un clip assez marquant. Et si vous suivez sa carrière, ou que vous avez lu le top clips de 2020, vous savez que Lefa ne lésine pas sur la qualité quand il s’agit de clips. Pour Chloroquine, il a fait appel à Akim Louar, qui a par exemple travaillé avec le groupe Kyo (pas Itachi). Et pour un morceau avec un titre si évocateur, quoi de mieux qu’un huis clos en extérieur ? Le tout avec un lot de personnages qui représentent chacun les pires clichés que l’on peut voir dans la société. Mais aussi, une représentation assez frontale des paroles de Lefa. Un récit avec comme conclusion que, si les hommes de pouvoirs viennent poser des problèmes, à la fin c’est le peuple qui sauve tout le monde. Le tout illustré par une caméra au plus près des personnages, et qui là aussi s’inspire des films catastrophes du genre.

Kore, Luv Resval, AlkpoteCélébration 2 (30/04) // Réal : Alexinho Mougeolle

Luv Resval, était particulièrement en forme cette année en ce qui concerne le niveau de ses clips. Il a mis la barre très haute, notamment en travaillant avec deux réalisateurs. D’abord Black Anouar pour Black Pearl, aux effets spéciaux impressionnants (c’est aussi lui qui a fait le très bon Astronaute de Youssoupha). Mais aussi Alexinho Mougeolle, qui lui, a fait Tout s’en va (ainsi que le Kore x Ninho). C’est aussi avec lui qu’il a collaboré pour le clip de Célébration 2. Et comme Alkpote aime aussi les beaux clips, la réunion des deux rappeurs ne pouvait être qu’explosive. Comme pour de nombreux clips cités plus haut, ce qui fait toute la réussite de celui-ci, c’est qu’il respecte énormément les codes cinématographiques de son genre. Et pour la fantasy, au delà des figurants, décors, et des costumes, ce sont les plans pendant la bataille que le réalisateur a particulièrement bien travaillé, au point qu’ils n’auraient aucun mal à se retrouver dans un véritable film de fantasy. Sans doute même que voir Luv Resval ou Alkpote incarner un rôle dans un long-métrage de ce genre paraîtrait maintenant plausible.

SONBESTTERRE NOIRE (10/06) BÉNI OU MAUDIT (22/06) FLASHBACK (18/08) // Réal : SwimTheDog

Depuis 2020, SONBEST fait partie des « rookies » sur qui de nombreux médias et auditeurs misent pour les prochains mois. En partie, grâce à une direction artistique particulièrement maîtrisée, aussi bien en ce qui concerne ses morceaux, que ses pochettes ou bien ses clips. Pour son EP ARCANE sorti le 18 juin, il a publié 3 clips autour de la même intro. Pour chacun des clips, les premières secondes nous présentent une femme qui tire les cartes avec un tarot de Marseille. Sortent alors La Mort, Le Magicien, et L’amoureux. Trois cartes, qui dans une certaine mesure, représentent chacun l’ambiance et le récit qui suit. Mais les significations des cartes peuvent changer en fonction des situations, alors chaque spectateur y verra sans doute sa propre représentation de ce tirage. Toujours est-il que le réalisateur a essayé au maximum de respecter ce changement pour chacun des morceaux, en y mettant toujours une esthétique forte.

BröMauvais rôle (18/06) // Réal : Jean-Charles Charavin

Si vous suivez la scène du rap féminin (bien que ce terme ne veuille pas dire grand-chose) vous avez sans doute déjà entendu Brö. En 2021, pour son deuxième EP, elle s’est dirigée vers une musique plus pop, mais terriblement efficace. Cependant, il reste quand même quelques morceaux à l’ambiance rap sur son disque, dont Mauvais rôle. Ce titre, elle l’a clippé avec Jean-Charles Charavin, déjà à l’image sur des sons du producteur de musique électronique NTO, plusieurs d’Hamza, et cette année aussi SDM ou encore le featuring entre Malik Djoudi et Lala &ce. Avec Brö, ils ont travaillé sur la représentation d’une lutte contre soi-même. À l’image de la musique, le clip est de plus en plus intense. Plus le rythme s’accélère, plus la chorégraphie, la violence, les spots et le montage s’accentuent.

Dj Abdel x Medi Meyz & Kofs CMBB (18/06) // Réal : Tom Bartowicz & Arthur Lemaître

Kofs était particulièrement présent ces dernières années dans le paysage rap, notamment à travers de nombreux featuring et sa participation dans les 13 et Classico Organisés. Habitué aux morceaux de l’été, ici il rappe sur une grosse boucle de piano, reprise du classique Belsunce Breakdown de Bouga. Et pour le clip, Kofs fait tout sauf se prendre au sérieux. Les situations sont toujours inattendues, avec des mouvements de caméra au rythme du flow du rappeur. Avec des effets particulièrement réussis, il s’incruste partout, et auprès de tout le monde, comme pour dire que, désormais, comme les autres rappeurs marseillais, il a intégré toutes les familles françaises. D’ailleurs, les placements de produits sont eux aussi habilement amenés, en particulier le premier pour Crazy Tiger. Encore une preuve qu’il est possible de faire un bon clip, même avec humour.

DinosSnitch (23/06) // Réal : Paul-Henry Thiard

N’en déplaise à ses détracteurs, Dinos a effectivement décidé de faire une réédition à son album Stamina. Mais même si les avis divergent en fonction des goûts de chacun, impossible de dire que ce n’était pas réussi. Et pour l’annoncer, il a osé clipper le morceau le moins accessible de la réédition : Snitch. Avec comme réalisateur, Paul-Henry Thiard, que vous avez pu voir derrière des titres de Frenetik ou Mister V. Rythme peu convenu et changeant, sons d’animaux sauvages, refrain à marteler un mot, Snitch est peu conventionnel. Alors le clip l’est tout autant, aussi bien dans le montage que les mouvements de caméra qui provoquent des transitions toutes les secondes et surtout qui suivent le rythme si particulier de la prod. Et malgré son rythme effréné, le clip arrive quand même à raconter une histoire.

DisizCasino (08/07) // Réal : Yagooz

Ça y est, après 4 ans d’attente, Disiz a annoncé la sortie d’un nouvel album, prévu pour le 18 mars. Pour des raisons personnelles et artistiques, il a pris son temps, et fait un virage assez pop. Le premier extrait du disque est sorti pendant l’été, et il est sublime. Il aurait d’ailleurs pu se retrouver dans le top morceaux du site, mais il fallait parler du clip qui l’accompagne. Pour Casino, Yagooz (MHD cette année, beaucoup de clips de Deen Burbigo) a su capturer des émotions. En particulier le dernier plan dont Disiz parle en interview. Mais surtout, le réalisateur a choisi de faire des plans « cinématographiques » (même si le terme ne veut pas dire grand chose), avec un grain prononcé, et avec un rythme assez lent, auquel on ne s’attend pas forcément pour un clip de rap. Impossible de ne pas être transporté dans cette comédie romantique, qui annonce sans aucun doute un grand album à venir.

Benjamin EppsGOOM (12/07) // Réal : Pablo Babinet

Si vous vous intéressez un peu à l’univers des clips de rap, notamment de ses dernières années, vous connaissez sans doute les monstres ADrien Lagier et OUsmane Ly. Ensemble, ils ont formé la boite de production ADEUS FILMS sur laquelle ils laissent de jeunes réalisateurs aux manettes de grosses productions. Ça a été le cas cette année pour 911 de Damso, mais aussi pour GOOM de Benjamin Epps. Et comme toujours avec cette équipe, impossible d’être déçu. Le grain particulier, l’ambiance générale des acteurs, leurs tenues et les décors. Des lieux qui rappellent de nombreux films, à commencer par le classique Ghost Dog qui a droit à son clin d’œil dès le départ. Et encore une fois, la marque de fabrique de chez ADEUS, un montage parfaitement synchronisé et en accord avec la musique. Bien important pour un banger tel que GOOM.

Sopico Slide (03/09) // Réal : Scotty Simper

Il l’avait annoncé en 2020 : Sopico ne compte plus laisser son public attendre trop longtemps entre deux sorties. Malgré tout, il lui a fallut plus d’un an pour revenir entre le dernier extrait de son EP Ëpisode 0 et le premier extrait de l’album Nuages. Mais ce retour a fait bouillonner tout le monde. D’abord, parce que le riff à la guitare et l’énergie qu’il transmet sont transcendants. Ensuite, parce que le clip est sans doute l’une des merveilles de l’année. En plus d’avoir tout réalisé sans trucage, le lieu choisi, l’ambiance, le thème, et surtout, le montage, participent énormément à la montée en puissance du morceau. D’ailleurs pour réaliser le clip, Sopico a fait appel à Scotty Simper, dont vous avez pu apprécier le travail sur le clip d’Angèle et Damso, ou le titre Ça va ensemble d’Alpha Wann. Et à la production, il s’agit de Dissidence, qui a aussi produit les excellents clips, cette année de Kyan Khojandi (J’te déteste (j’vous suporte pas)) et celui de DTF (Dans la savane). Malheureusement, le côté spectaculaire du titre comme du clip a contrasté énormément avec l’album Nuages, qui dénote énormément de ce premier extrait, et se rapproche plus de la chanson que du rap.

Le JuiiceJusqu’à la mort (17/09) // Réal : Bien Vu Productions

Après une grosse année 2020 marquée par deux projets et une lumière importante braquée sur elle, Le Juiice a ralenti sa cadence en 2021. Seuls quelques featurings et titres postés au cours de l’année lui auront permis de garder le rythme. En septembre elle sortait alors l’un des extraits du disque ICONIQUE (sorti depuis février). Et au micro comme à l’image, Le Juiice, se fait respecter. Qu’elle soit avec son gang ou seule avec son fusil, une fois devant la caméra elle s’impose. Pour accentuer ce côté marraine, la lumière et la colorimétrie ont été travaillées au maximum afin de la rendre elle et les membres de son groupe, menaçantes. Et à la réalisation, c’est Bien Vu Productions, qui ont travaillé aussi sur des clips de Koba LaD, l’excellent dernier de Frenetik, et aussi et surtout, Scottie Pippen de Sadek, qui mettait déjà en scène une figure solide en guise de personnage principal.

OdezenneMamour (23/09) // Réal : Vladimir Mavounia-Kouka

En une quinzaine d’années de carrière, le groupe Odezenne est passé d’un rap relativement classique à de nombreuses expérimentations électroniques et vocales. Après l’album Au Baccara en 2018 puis l’EP Pouchkine en 2019 le groupe a parsemé des inédits annonçant tranquillement un album finalement sorti début 2022. Parmi les titres distillés ici et là, Mamour, un condensé de nouvelles expérimentations notamment au niveau du traitement de la voix. Et pour l’accompagner, un clip en animation, réalisé par Vladimir Mavounia-Kouka, avec qui les membres ont l’habitude de collaborer. Et il n’y a qu’à regarder le résultat pour comprendre pourquoi ils font toujours appel à cet artiste, tant les couleurs, les détails, les transitions sont impressionnantes. Rares sont les clips d’animation aussi ambitieux et qui osent autant.

ZiakAkimbo (28/10) // Réal : Bleu Désert

L’année dernière, Bleu désert impressionnait déjà avec le clip de 123 Soleil, qui permettait pour la première fois à Ziak d’offrir à son public un visuel vidéo réussi. En 2021, le réalisateur a réitéré pour de nombreux clips de la sensation drill de l’année. Et c’est notamment celui d’Akimbo qui a propulsé Ziak à un nouveau niveau de notoriété et légitimité. Sorti quelques jours avant son album, le clip a enterré complètement les premières vidéos très amateures du rappeur. Désormais, il maîtrise parfaitement son image, et comme le montre la caméra, c’est lui qui tire toutes les ficelles de la violence qu’il veut propager. Mais si la qualité du clip est indéniable, il faut noter que Bleu désert était aussi derrière les excellents clips (sortis le même jour) de Kekra (Phénomène), et 7 Jaws & Vald (Jusqu’à la fin). Un réalisateur à suivre donc, tant toutes ses dernières propositions étaient réussies.

Jok’AirHenry & Karen feat LineMa (21/11) // Réal : Kevin Still

Pour son featuring avec LineMa, Jok’Air a demandé à son réalisateur une faveur que de nombreux autres rappeurs auraient sans doute voulu faire avant lui. Comme bon nombre de ses compères, c’est un grand amateur du cinéma de gangsters. Il s’est déjà pris de nombreuses fois pour les protagonistes de ses films préférés. Alors quoi de mieux que de se réapproprier ses classiques en les incarnant directement. Les fans de ce type de cinéma reconnaîtront directement le clin d’œil au plan-séquence du restaurant des Affranchis au début du clip, puis les plans suivants qui sont tous issus de chefs d’œuvres du genre. Le seul gros défaut du clip, c’est d’avoir choisi de faire parler les acteurs par-dessus la musique, là où leur jeu, muet, aurait amplement suffit.

Mentions spéciales (clips)

Après avoir visionné plus d’un millier de clips, il était très très compliqué de n’en retenir que 20. Alors en voici quinze autres qui auraient pu se retrouver dans ce top, et que vous devriez visionner si vous êtes friands de belles images.

A Little Rooster & WaltmannSubstrat (Réal : POLA : Paul gros et Lola Gantilon)
BRARDACA VA LE FAIRE (Réal : Simon Diebold & Gabriel Lenoble)
Dirty Zoo La Moula // J’irais vomir chez vous (Réal : Nicolas Vernet & David Cacciato)
Eden Dillingerexcuses (Réal : C14BONE)
Freeze CorleoneFreeze Raël (Réal : Nada Frikha)
GeorgioNoir Paradis (Réal : Sat GEVORKIAN & Guillaume DURAND)
Grems & SKORPION C2R2084 (Réal : ZENZEL)
Jazzy BazzZone 19 feat EDGE (Réal : Dijor Smith)
JewelPaw Patrol (Réal : Kidhao)
LaylowSPECIAL feat Fousheé & Nekfeu (Réal : Osman Mercan)
LonepsiJupiter & Tu n’es pas là (Réal : Lokmane)
VersoMal au coeur (Réal : Chloé François)
Youv DeeJ’rêve (Réal : Ashwin Cazal)
ZamdaneBoyka feat Dinos (Réal : Roxane Peyronnenc et Zamdane)
ZinéeMême pas mal (Réal : Yveline Ruaud)

  • Liqid - Supplément Fromage

  • Ol'Kainry - Harlem

  • Deadi - Banzai

  • Djadja & Dinaz - Ça va aller

  • Maj Trafyk - Chapelle Sixtine

  • Sauveur Eloheem - Diamant Noir

  • Onze - 11.2

  • NKP - Ozi

  • Dinos - 5711

  • TripleGo - Beldiya

  • Slimka - Headshot

  • Michel - Nekete

  • Hamza - Réel  feat Zed

  • Calamine - Mona Lise

  • JeanJass - Qu’est ce qui m’arrive

  • Sadek - Aller-Retour

  • SCH - Mannschaft  feat Freeze Corleone

  • Lefa - Chloroquine

  • Kore, Luv Resval, Alkpote - Célébration 2

  • SONBEST - TERRE NOIRE

  • Brö - Mauvais rôle

  • Dj Abdel x Medi Meyz x Kofs - CMBB

  • Dinos - Snitch

  • Disiz - Casino

  • Benjamin Epps - GOOM

  • Sopico - Slide

  • Le Juiice - Jusqu’à la mort

  • Odezenne - Mamour

  • Ziak - Akimbo

  • Jok’Air - Henry & Karen  feat LineMa

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